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Commission printemps 2012: Serge Ménard accuse ses détracteurs de démolir son rapport sans l'avoir lu

Serge Ménard fustige ses détracteurs
Agence QMI

MONTRÉAL - Le président de la Commission spéciale d'examen sur les événements du printemps 2012 (CSEEP), Serge Ménard, a beau déplorer l'accueil «ingrat» réservé à son rapport et accuser ses détracteurs de l'avoir démoli de façon prématurée, rien n'y fait: la ministre de la Sécurité publique persiste à parler d'un document «politique».

L'ex-ministre péquiste juge que le rapport qu'il a coécrit avec le juge à la retraite Bernard Grenier et l'ancienne leader syndicale Claudette Carbonneau est «équilibré» et formule le souhait que les personnes concernées finiront par le lire attentivement plutôt que de simplement prendre connaissance de ses recommandations.

Il s'est montré particulièrement virulent à l'endroit du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, qui a effectué une sortie en règle contre les conclusions du volumineux rapport quelques heures à peine après la parution de celui-ci.

«Francoeur, franchement, comme crédibilité, ça ne vaut pas cher, a-t-il martelé, mercredi. Il dit que je veux que tous les policiers aient un dictaphone sur eux. C'est pas vrai. Heille, chose, le dictaphone, c'est sur les tireurs seulement. Les tireurs, à Victoriaville, il y en avait cinq sur 500 policiers!»

L'ancien titulaire du ministère de la Sécurité publique sous Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry dit avoir accepté le mandat qui lui a été confié car il jugeait avoir toutes les compétences nécessaires pour le faire. Il se désole aujourd'hui de voir son travail aussi sévèrement critiqué.

«Coudonc, comme ministre de la Sécurité publique, j'ai fait bien des choses. Entre autres, je suis allé à Oka, j'ai créé (l'escouade) Carcajou, puis on a réussi à casser les motards criminels, et j'étais responsable de la sécurité au Sommet des Amériques (de Québec, en 2001)», a-t-il rappelé.

C'est le gouvernement péquiste minoritaire de Pauline Marois qui a nommé M. Ménard à la présidence de la CSEEP. Le principal intéressé était fort conscient qu'il aurait peut-être à remettre son rapport à un gouvernement dirigé par une autre formation politique.

Mais il espérait que la joute politique n'irait pas aussi loin. Selon lui, l'actuelle ministre libérale de la Sécurité publique, Lise Thériault, n'a pas étudié le document avec suffisamment de circonspection et agit de façon déraisonnable.

Mme Thériault a démoli le rapport dans les heures ayant suivi sa publication. Serge Ménard, qui espère la voir changer sa position, se défend de blâmer le gouvernement libéral de Jean Charest, qui était au pouvoir pendant la crise étudiante.

«Le gouvernement prend ça de façon critique parce que je dis qu'on aurait dû utiliser la médiation. On me demandait: 'Est-ce que la crise aurait pu être évitée?'. Oui. La médiation aurait pu régler le conflit», a-t-il martelé.

Il assure en outre ne pas avoir été trop complaisant envers les étudiants et encore moins d'avoir pris leur parti.

«Toutes les manifestations organisées par les organisations étudiantes, il n'y a pas eu de problème. Et on les montre en exemple. Pourquoi? Parce qu'ils contactaient les policiers avant, ils s'entendaient avec eux sur un trajet. On dit que c'est ce qu'il faut faire», a-t-il fait valoir.

Les choses ont tourné au vinaigre lorsque sont arrivés le projet de loi 78 et les règlements municipaux sur l'interdiction du port de masque et l'obligation de fournir un itinéraire avant toute manifestation, selon M. Ménard.

«On a imposé un tel fardeau. (...) Personne de raisonnable ne peut assumer une responsabilité semblable, alors les organisations se sont retirées. Qu'est-ce qui les a remplacées? Les manifestations spontanées convoquées par les réseaux sociaux. Et ça, c'est perméable aux infiltrations comme c'est pas possible», a exposé M. Ménard.

Et si c'était à refaire, l'ex-ministre n'hésiterait pas à accepter de nouveau un tel mandat. Il estime qu'il en allait de la santé démocratique de remettre en question les décisions gouvernementales et les actions policières, en partant de la formation collégiale des agents jusqu'à leur façon d'intervenir dans des situations de crise.

De fait, il croit que le document constitue un outil dont les gouvernements, les forces policières et tous les acteurs de la société civile pourront se servir comme mode d'emploi pour éviter l'éclatement de crises comme celle que le Québec a vécue il y a maintenant deux ans.

La sortie de Serge Ménard ne semble pas avoir ému la ministre Thériault outre mesure.

À ses yeux, il est clair que le président de la CSEEP «a eu une commande politique» et que ce «rapport politique» a répondu «à la commande du précédent gouvernement».

Dénonçant le manque de nuance du rapport d'environ 450 pages, elle a ajouté: «Quand on n'a pas regardé l'implication des syndicats, qu'il n'y a pas de recommandation, presque, qui les touche, je peux dire que c'est un rapport politique».

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