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Isabelle Boulay : les yeux dans les yeux avec Serge Reggiani

Isabelle Boulay : les yeux dans les yeux avec Serge Reggiani
Nelson Simoneau

Le titre de son nouvel album sonne comme une belle confession. Intitulé Merci Serge Reggiani, la chanteuse Isabelle Boulay y exprime, à travers 14 morceaux choisis, toute sa gratitude envers Reggiani, monument de la chanson française disparu il y a bientôt 10 ans. Entrevue.

On rencontre l’artiste dans la chambre cossue d’un hôtel du centre-ville de Montréal. Sur la table, son album hommage à Reggiani qu’elle observera souvent durant l’entrevue. Mais l’idée de faire ce disque, la chanteuse avoue ne pas l’avoir préméditée. «Je travaillais sur un album de chansons originales quand plusieurs événements sont venus me rappeler les liens forts qui m’unissent à cet homme, raconte-t-elle. Je crois que le temps était venu d’interpréter ses chansons à nouveau.»

Car Isabelle Boulay a déjà chanté du Reggiani, très tôt même. «J’ai commencé à 19 ans et n’avais pas nécessairement l’âge requis, lance-t-elle en riant. Maintenant, à 42 ans, je pense avoir la maturité nécessaire afin de m’approprier son répertoire. Je n’ai d’ailleurs rien modifié. Les textes ou les mélodies, l’album garde l’emprunte de son interprète. Je chante au masculin, cela ne me dérange pas. J'ai toujours eu l'habitude d’être entourée d’hommes. J’en ai vu souffrir de leur amour.»

Pour elle, Reggiani — acteur devenu chanteur sur le tard — est tout simplement un continent. Avec Édit Piaf, il fait partie des grands modèles. «Je l’ai découvert à 16 ans chez un ami qui m’avait invité à écouter de la chanson française. À un moment donné, j’entends plusieurs morceaux comme Le pont Mirabeau, Le vieux couple ou Ma fille. J’étais bouleversée. À partir de là, sa voix ne m’a plus jamais quittée.»

Classiques et textes rares

Les classiques Ma fille et Le vieux couple, on les retrouve sur le disque, mais pas Le pont Mirabeau, absent de la sélection. «L’album contient des versions emblématiques comme Il suffirait de presque rien, Le petit garçon ou Les mensonges d’un père à son fils. Toutefois, je ne voulais pas non plus tomber dans l’exercice de style en proposant des morceaux évidents. L’important, c’est aussi de faire découvrir des textes plus rares qui célèbrent la vie.»

Entourée de ses deux réalisateurs, Benjamin Biolay, son complice de toujours, et Philippe B, la chanteuse revisite une partie de l’œuvre de Reggiani. «On n’a pas voulu puiser dans son répertoire à caractère politique. Je n’ai pas vécu Mai 68 ou l’après-guerre. Cela aurait manqué de crédibilité. On a préféré puiser dans le côté plus charnel de ses chansons afin de donner à cet album un caractère sensuel.»

Sensuel, mais également intime. Si la première chanson du disque est Ma solitude, ce n’est pas un hasard. «J’ai vécu dans ma vie personnelle un grand moment de solitude. Un passage à vide dans lequel je cherchais une sorte de remède. Et puis, cette chanson m’est revenue comme un tourne-disque qui jouait en moi. Chaque fois que je l’entends, elle me mène vers la joie. Reggiani a toujours eu un grand pouvoir. Comme Piaf, ses chansons sont des baumes au cœur.»

Les deux artistes ne se sont rencontrés qu’une seule fois. C’était en 2003, le producteur de spectacles Gilbert Coullier lui propose alors de faire un duo avec lui au Palais des congrès à Paris. «Je suis allée répéter chez lui. Un moment inoubliable. Il avait le regard tendre et exigeant. Avec cet album, j’ai voulu retrouver ce regard qu’il m’avait laissé en souvenir.»

Reggiani lui offrira également une rose dessinée de sa main que l’on retrouve sur la pochette du disque. «Serge représente la fureur de vivre et la recherche de la beauté dans toutes les choses. Des choses qui font qu’on se tient debout en tant qu’être humain. Il y avait beaucoup de tendresse chez cet homme. Prenez par exemple la chanson Si tu me payes un verre qui parle de la reconnaissance de l’autre, du respect de sa vulnérabilité, sans jugement. C’est magnifique!»

Merci Serge Reggiani – Isabelle Boulay – Sortie le 19 mai 2014 – www.isabelleboulay.com.

01 – Ma solitude

02 – Ma fille

03 – Il suffirait de presque rien

04 – Le vieux couple

05 – De quelles Amériques

06 – Si tu me payes un verre

07 – Ma liberté

08 – L’absence

09 – Les mensonges d’un père à son fils

10 – L’Italien

11 – Le petit garçon

12 – T’as l’air d’une chanson

13 – Les amours sans importance

14 – Le déjeuner de soleil

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