La police turque a arrêté 24 personnes, dont des dirigeants de la compagnie exploitant la mine de charbon de Soma, dans le cadre de l'enquête ouverte sur l'accident qui a fait 301 morts cette semaine, rapportent dimanche des médias turcs.
Les dirigeants, soupçonnés de négligence, auraient été interrogés au tribunal de Soma, mais on ignore s'ils seront accusés.
L'exploitant Soma Kömür Isletmeleri, accusé d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, nie avec force toute négligence. Le directeur général de la compagnie, Akin Celik, fait partie des cinq suspects que les procureurs ont envoyé devant un tribunal, demandant leur arrestation.
Les opérations de secours se sont achevées samedi avec la remontée en surface des corps des deux derniers mineurs qui étaient encore portés disparus depuis mardi. Près de 500 mineurs ont réussi à s'échapper vivant des décombres et de l'incendie.
La mine s'est effondrée en milieu d'après-midi, mardi dernier, alors que deux équipes de travail se relayaient. Un incendie aurait projeté du monoxyde de carbone dans les galleries, provoquant une explosion. L'hypothèse d'un bris d'une unité de distribution électrique comme cause de l'explosion a été avancée, mais l'enquête suit son cours.
Un rapport d'expertise préliminaire sur l'accident, obtenu par le journal Milliyet, a mis en exergue plusieurs graves manquements aux mesures de sécurité, dont un manque de détecteurs de monoxyde de carbone.
La compagnie a soutenu que la mine respectait des normes élevées en matière de sécurité, soulignant que 50 détecteurs de monoxyde et de dioxyde de carbone avaient été installés dans les tunnels et que tous les employés disposaient d'un masque à gaz.
Au-delà du drame humain, l'accident survenu mardi a provoqué un mouvement de colère contre la compagnie minière mais aussi contre le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.
Des employés ont dénoncé la négligence des superviseurs de l'entreprise, qui n'auraient pas pris la peine de signaler aux mineurs que les niveaux de méthane dans l'air des galleries étaient supérieurs au seuil critique, ouvrant la porte à l'explosion meurtrière. Ces allégations n'ont pas encore été prouvées.
La compagnie minière jurait ne rien avoir à se reprocher, tout comme le gouvernement qui assurait que les installations minières étaient inspectées tous les six mois.
Le bilan total de 301 morts fait de cette tragédie la pire catastrophe industrielle à survenir en Turquie.
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