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Tragédie de Lac-Mégantic: comparution des accusés mardi après-midi

Lac-Mégantic: comparution des accusés mardi
LAC-MEGANTIC, CANADA - JULY 14: Patricia Landry gets her first view of the 'red zone' crash site, on July 14, 2013 in Lac-Megantic, Quebec, Canada. A train derailed and exploded into a massive fire that flattened dozens of buildings in the town's historic district, leaving 60 people dead or missing in the early morning hours of July 6. (Photo by Ian Willms/Getty Images)
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LAC-MEGANTIC, CANADA - JULY 14: Patricia Landry gets her first view of the 'red zone' crash site, on July 14, 2013 in Lac-Megantic, Quebec, Canada. A train derailed and exploded into a massive fire that flattened dozens of buildings in the town's historic district, leaving 60 people dead or missing in the early morning hours of July 6. (Photo by Ian Willms/Getty Images)

Le conducteur du train qui a déraillé et explosé au centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet dernier a comparu cet après-midi. Deux autres employés de la Montréal Maine and Atlantic (MMA), ainsi que la compagnie elle-même, font aussi face à 47 chefs d'accusation de négligence criminelle ayant causé la mort.

Les trois accusés ont été remis en liberté moyennant plusieurs conditions, a précisé le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), René Verret, lors d'un point de presse à Lac-Mégantic.

Le conducteur Thomas Harding, Jean Demaître, qui était directeur de l'exploitation à la MMA, et le contrôleur ferroviaire Richard Labrie ont été arrêtés lundi. Ils ont passé la nuit en prison en prévision de leur comparution.

Les trois hommes sont passibles d'une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité. La compagnie, quant à elle, pourrait écoper d'une forte amende.

L'acte de dénonciation, qui fait plusieurs pages, détaille l'accusation de négligence criminelle pour chacune des 47 victimes « soit par les omissions ou en raison des actions posées lors de la supervision, l'exploitation, l'opération ou la sécurisation du train de pétrole numéro 2 ».

L'avocat du conducteur du train, Me Thomas Walsh, affirme que les derniers mois ont été très difficiles pour son client. « Si on fait complètement abstraction de la responsabilité légale, il ressent beaucoup la responsabilité morale pour ne pas avoir fait quelques choses de plus. C'est une question qui revient chez les gens qui ont vécu un accident : "qu'est-ce que j'aurais pu faire?". Et non pas : "qu'est-ce que j'aurais du faire" », a-t-il dit en entrevue à ICI RDI, mardi matin.

Me Walsh dénonce également la manière avec laquelle M. Harding a été arrêté. « C'est tenter de tuer une mouche avec un canon. Ce n'était pas nécessaire. J'imagine qu'on voulait avoir le plus de drame et d'impact médiatique possible. On a envoyé non seulement l'escouade tactique, mais on a aussi utilisé une sirène à haut volume. Et tout le monde a été mis à terre, son fils inclus. »

Les dirigeants de la MMA épargnés?

Pendant ce temps, les dirigeants de la MMA ne sont pas inquiétés, déplorent certains.

« Personne n'inquiète le président d'une compagnie qui a fait des économies sur le dos de la sécurité. Personne n'inquiète le fédéral qui a déréglementé l'industrie et rendu une telle tragédie possible. Mais les travailleurs, eux, on les jette en pâture au public », a dénoncé mardi le directeur québécois des Métallos, Daniel Roy, par voie de communiqué.

L'avocat Thomas Walsh croit lui aussi que les dirigeants de la MMA ont leur part de responsabilité. « Avec les connaissances que j'ai du dossier, je pense que les patrons, qui laissaient passer beaucoup de choses avec Transports Canada, ont une part substantielle de blâme. Pourtant, on les a ignorés au moment de déposer les accusations. », dit-il.

Le ministre fédéral Christian Paradis, qui était de passage à Lac-Mégantic mardi pour le lancement officiel de la reconstruction du Musi-Café, s'est montré satisfait que des accusations soient finalement portées dans le dossier. « Qu'il y ait 3, 4, 100 personnes de reconnues coupables, ça ne ramènera jamais les proches qui ont disparu, mais c'est important que les procédures suivent leurs cours pour démontrer aux gens que quand des gens enfreignent la loi, on va au fond des choses et qu'ils sont tenus responsables. »

De son côté, le propriétaire du Musi-Café, où se trouvait la majorité des victimes, préfère regarder vers l'avenir, même s'il estime que les mises en accusation sont une étape nécessaire. « C'est une bonne chose que ça se fasse et qu'on avance, dit Yannick Gagné. Mais moi je me concentre sur les annonces pour la reconstruction du nouveau Musi-Café. C'est ce qui est plus important pour moi. »

Interrogée sur le sujet lundi soir, la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, n'a pas voulu trop s'avancer sur la suite des choses. « Dans toutes tragédies, la nôtre comme les autres, ce qu'on souhaite, souvent, pour faire notre deuil, c'est de connaître les coupables, a-t-elle dit. Alors maintenant, les accusations qui sont portées, c'est une chose. Est-ce qu'ils seront reconnus coupables? Ça, c'est un autre élément. »

Les accusations sont déposées alors que la Ville de Lac-Mégantic négocie en ce moment avec Fortress Investment, qui a racheté les actifs de la MMA, pour que les trains transportant des matières dangereuses puissent à nouveau circuler au centre-ville. La signature d'une entente entre les deux parties, qui devait se faire au conseil de ville de lundi soir, a été reportée.

Lundi, un rapport du ministère de l'Environnement est venu détailler l'impact de l'accident sur la rivière Chaudière. La qualité de l'eau et les espèces animales ne seraient pas menacées, mais la teneur en hydrocarbures des sédiments de la rivière, près du lac Mégantic, soulève des inquiétudes.

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