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Claude Dubois au Théâtre Corona : le jeune premier (CRITIQUE)

Claude Dubois au Théâtre Corona : le jeune premier (CRITIQUE)
Agence QMI

«Il a le rhume aujourd’hui», avait averti l’attachée de presse de Claude Dubois avant le spectacle, comme pour excuser d’avance son protégé, au cas où la voix ne serait pas au sommet de sa forme. L’homme a lui-même paré à toute éventualité en informant les spectateurs de son état en début de piste. «Salut le monde! J’ai la grippe, mais je vais essayer que ça paraisse pas», a-t-il salué, sur le ton de son habituelle et sympathique nonchalance.

L’enthousiasme ambiant allait-il faiblir en raison de cet aveu? Que non. Il a presque redoublé, tant l’assistance semblait impatiente de renouer avec ce Dubois qui vieillit sans vieillir et qui s’éclipse et réapparait au gré de ses envies, sans que sa popularité n’en soit affectée le moins du monde.

Claude Dubois en spectacle, c’est généralement un succès. Claude Dubois en spectacle dans la foulée de la tournée qui suit le lancement d’un premier album de matériel original en 10 ans, c’est purement incontournable. Six mois après la sortie de Clone, sa dernière galette, l’auteur-compositeur s’amenait au Théâtre Corona Virgin Mobile, samedi, pour sa rentrée montréalaise, à la façon d’un jeune premier fringant dont on viendrait de découvrir la plume et le charisme. Les diplômés de Star Académie et de La voix peuvent intégrer le marché les uns après les autres, les étoiles éphémères de YouTube peuvent briller pour une période quasi prédéterminée au firmament des one hit wonders, Claude Dubois, lui, a un bassin de fidèles qui, justement, lui demeurera toujours fidèle.

Mais il faut dire que l’incorrigible séducteur sait y faire. Il connait ses admirateurs et sait comment les rendre heureux. Même si on a fait grand cas des nouvelles pièces qui composent Clone, Dubois n’a offert que trois de celles-ci samedi, soit La La La L’amour, Voir plus loin et Arrache frisson. Cette dernière a d’ailleurs retenu l’attention grâce à la spectaculaire envolée vocale de l’interprète sur le refrain. Le reste? Que des gros tubes, des classiques, des indémodables que la foule a entonnés en chœur et avec cœur. Et aussi, ici et là, des chansons d’hier qui ne tournent plus sur les ondes commerciales, mais qui demeurent des jalons forts de la carrière du monstre sacré.

Papa et fiston

Debout derrière son micro, ses sempiternels chandail, pantalon et veston noirs au corps, son unique sourire amusé aux lèvres, sa voix toujours en puissance, Claude Dubois n’a pas besoin de plus pour faire vibrer une salle. Un pianiste, deux guitaristes et tout au plus quelques fantaisies d’éclairage suffisent à mettre l’artiste en valeur. L’essentiel de la prestation est fait de simplicité et d’émotion. Et les gens se laissent envoûter et sautent dans la fête à pieds joints. Le Canadien de Montréal se fait lessiver au même moment par les Bruins de Boston? Qu’à cela ne tienne, quand le grand Dubois nous offre L’infidèle sur un plateau d’argent, en blaguant qui plus est sur son «nouveau statut» de célibataire. L’immortel titre s’est mérité une enviable ovation…et on n’en était qu’au troisième morceau. Juste avant, Le Labrador avait ouvert la soirée sur une note de presque recueillement, et Artiste, introduite sur un jeu d’effets sonores, de rythmes électroniques, et précédée d’un petit coup de tonnerre, avait fait frapper des mains le parterre dans une parfaite unisson.

C’était là le prélude à une prestation sans grande surprise, sans déclaration-choc, mais pleine de bons moments : une version joyeusement interminable de Tu peux pas, le refrain accrocheur de Mangeur d’étoiles, le regard attendri du chanteur quand le public s’est époumoné à sa place sur Femme de rêve, la vague d’approbation aux premières mesures de Si Dieu existe (et le tonnerre d’applaudissements et de sifflements qui a suivi), la douce chorale qui s’est élevée sur le couplet du Blues du businessman et l’appréciation sentie sur la mythique ligne «J’aurais voulu être un artiiiiste!», la très, très chaleureuse acclamation que Dubois a reçu à la fin de son tour de chant, le rappel inattendu porté par Ma petite vie et Bébé jajou la toune… L’hôte s’est aussi laissé aller à quelques commentaires, dont un très rigolo sur les «hosties de bébelles techniques», alors qu’il s’empêtrait dans les fils qui s’étendaient par terre, et un autre, taquin, sur les températures qui ont glacé le Québec cet hiver et ce printemps. «Vous avez eu l’hiver le pire, non? OK, je vais me taire!», a badiné celui qui passe les saisons froides en Guadeloupe. Juste avant l’entracte, il a osé un «petit bout politique», comme il l’a dit lui-même, en comparant le Québec aux peuples hébreux qui ont longtemps cherché un lieu, une nation. «Peu importe nos opinions politiques, on a tous le goût de continuer à parler français », a-t-il avancé prudemment.

La cerise sur ce gâteau qui a paru rassasier tout le monde s’appelait Matisse. Le garçon de trois ans de Claude Dubois a rejoint son célèbre papa sur scène pour fredonner avec lui Besoin pour vivre et, surtout, pousser les «yeah, yeah, yeah» et les «ou-oh-ou-oh-ou-oh» d’usage de l’air. Battant des bras, tapant des mains, tournant sur lui-même, le garçonnet a évidemment fait fondre les cœurs. Quoi de plus charmant pour quitter le public sur une douce image? Quand on dit que Claude Dubois sait comment plaire…

La tournée de Claude Dubois se poursuivra jusqu’au printemps 2015. Consultez le site d’evenko (www.evenko.ca) ou le site officiel de Claude Dubois (www.claudedubois.ca) pour connaître toutes les dates.

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