Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Commission Charbonneau: Chevrette nie l'ensemble des allégations portées contre lui par Gilles Cloutier

Commission Charbonneau: Chevrette nie tout
CEIC

Guy Chevrette a rejeté avec vigueur les allégations de Gilles Cloutier, qui l'a accusé devant la commission Charbonneau, en mai 2013, d'avoir bénéficié d'un pot-de-vin en échange de son appui présumé à la firme Roche dans le dossier du chemin du Nordet au début 2000.

Un texte de Bernard Leduc

« Je n'ai jamais demandé de l'argent à qui que ce soit ni allé chercher de l'argent. Je n'ai jamais touché de l'argent de qui que ce soit et Roche ne m'a jamais offert quoi que ce soit », a affirmé l'ex-ministre des Transports.

Il soutient n'avoir en outre jamais rencontré M. Cloutier ni lui avoir parlé en lien avec ce contrat pour la construction d'un lien routier entre St-Donat et Lac Supérieur.

Par conséquent, a-t-il ajouté, jamais son ami Gilles Beaulieu n'a servi d'intermédiaire dans une transaction occulte alléguée de 100 000 $, comme l'a aussi soutenu M. Cloutier : « et Gilles Beaulieu ne m'a jamais dit : ''donne ce contrat-là à Roche'' ».

Et jamais, encore, n'a t-il laissé entendre à M. Cloutier qu'il souhaitait, dans le cadre de cette magouille alléguée par l'ancien vice-président au développement des affaires de Roche, que le contrat pour faire la route du Nordet soit attribué à Asphalte Desjardins, entreprise où oeuvrait son ami Jacques Desjardins.

« Je n'ai jamais rencontré M. Cloutier sur le projet St-Donat. Je ne lui ai pas parlé. » — Guy Chevrette, 9 mai 2014, commission Charbonneau

M. Chevrette soutient avoir croisé Gilles Cloutier pour la première fois de sa vie avril 2001, et encore par hasard, lors de la grande fête de Roche au Stade olympique. « Je le connaissais à peine, Madame », a soutenu l'ex-ministre qui, voilant mal sa colère et son mépris, l'a comparé à un « genre de mouche pas africaine ».

L'ex-ministre des Transports a ajouté pouvoir produire deux déclarations d'employés de son bureau de comté disant que Gilles Cloutier n'est jamais venu à son bureau.

L'ancien ministre des Transports péquiste a toujours nié les allégations de magouilles faites devant la commission par Gilles Cloutier, qu'il avait déjà qualifiées de « totalement fausses et diffamatoires ».

Gilles Beaulieu avait aussi répliqué par le passé aux allégations de M. Cloutier : « Je trouve cela complètement ridicule, c'est aberrant ».

Cloutier contre Chevrette

L'ex-vice-président au développement des affaires de la firme Roche avait soutenu en mai 2013 que le ministre Guy Chevrette lui avait dit qu'il « aimerait ça » que le contrat de construction pour le projet du chemin du Nordet soit accordé à Asphalte Desjardins.

Selon Gilles Cloutier, Roche a effectivement manœuvré de manière à ce qu'une filiale d'Asphalte Desjardins, JL Campeau, obtienne le contrat pour cette route de 30 kilomètres.

L'affaire aurait été réglée lors d'une rencontre organisée le 12 septembre 2001 entre Yves Lortie de la firme Roche - qui avait obtenu le contrat des plans et devis pour la route - et Guy Desjardins, directeur général de J.L.Campeau.

Une fois le contrat signé, Gilles Cloutier dit avoir remis une somme de 25 000 $ à un « grand ami » de Guy Chevrette, Gilles Beaulieu. Il croit que l'argent a servi à payer un voyage que M. Chevrette, Gilles Beaulieu et leurs épouses respectives ont fait par la suite.

Selon M. Cloutier, il avait été convenu qu'une somme de 100 000 $ serait versée à M. Beaulieu, mais il n'a pu dire si ce fut le cas.

M. Cloutier n'a jamais précisé quel rôle Gilles Beaulieu jouait auprès de Guy Chevrette. Il a cependant assuré n'avoir jamais parlé d'argent avec l'ex-ministre péquiste.

Gilles Cloutier s'était par ailleurs vanté d'avoir convaincu Guy Chevrette de confier le projet à la MRC de la Matawinie, plutôt qu'à St-Donat qui en était à l'origine, et suggéré du même souffle que l'appel d'offres pour les plans et devis soit évalué alors par un comité de sélection composé des maires des municipalités longeant ce nouveau tronçon.

Ce comité, dont M. Cloutier s'est vanté devant la commission d'avoir eu la plupart des membres dans sa poche, a accordé le contrat à Roche.

M. Chevrette soutient de son côté qu'il n'avait jamais rencontré Gilles Cloutier, ni quiconque de la firme Roche, avant de finalement confier le projet à la MRC de Matawinie en janvier 2001, en raison de ses doutes sur la capacité de St-Donat de le mener à bien en raison de divisions au conseil municipal.

Il nie donc du même souffle avoir parlé avec ce dernier pour lui annoncer que le dossier y était transféré.

M. Chevrette soutient qu'il ne s'est sinon aucunement mêlé de la sélection des membres du comité ou encore de ses débats. Il soutient que si, comme le soutient M. Cloutier, Roche a été privilégiée en raison des liens qu'il avait tissés avec les maires y siégeant, il n'en savait rien : « Moi, j'ai cru à la bonne foi de tout le monde ».

Devant la commission, l'ex-directeur territorial du MTQ pour la région Laurentides-Lanaudière, Mario Turcotte, avait défendu le travail du comité sur lequel il avait siégé et soutenu que le choix de Roche était avisé. Mario Turcotte a d'ailleurs vanté l'intégrité de M. Chevrette.

M. Chevrette nie par ailleurs avoir eu en 2000 des rencontres avec une série de personnes liées à Génivar avant cette période qui souhaitaient que la firme, proche de St-Donat, obtienne le contrat. Mais il reconnaît qu'il y avait des rumeurs de magouilles à St-Donat.

Un projet pertinent sur le plan économique, soutient Chevrette

Guy Chevrette a défendu avec vigueur sa décision de lancer le chantier de la route du Nordet. Il soutient que la route était justifiée puisqu'il s'agissait de favoriser le développement touristique de la région.

M. Chevrette soutient d'ailleurs que la décision a été prise après avoir consulté, en 2000, les différents acteurs de la région dans le cadre de l'élaboration du plan de Transports du MTQ. La municipalité de St-Donat, mobilisée derrière le projet, devait à l'origine le gérer.

« Je réitère : c'était un outil de développement économique, le tourisme est indispensable dans la région. » — Guy Chevrette

L'ex-ministre est surpris que Mario Turcotte, ait dit devant la commission qu'il n'était pas en faveur de ce projet, puisqu'il a approuvé le rapport issu des consultations qu'il a lui-même d'ailleurs menées.

M. Chevrette a souligné que le financement ne s'est pas fait en catimini, mais par un décret du Conseil des ministres pour une subvention de 15, 5 millions $ du ministère des Finances pour le projet.

Et cette subvention, a-t-il insisté, a été gérée de façon « clean » par le MTQ : « Tout a été fait dans les normes ».

Enseignant de formation, syndicaliste de conviction, Guy Chevrette a eu une longue carrière politique. Élu député de Joliette en 1976, il en sera le député jusqu'à son départ de la vie politique en janvier 2002. Il occupera différents ministères sous René Lévesque puis sous Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry, dont celui de ministre des Transports de décembre 1998 à janvier 2002.

À son départ de la politique, il forme un groupe-conseil avec son ex-chef de cabinet. Puis, de 2005 à 2010, il sera PDG du conseil de l'industrie forestière.

INOLTRE SU HUFFPOST

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.