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La fusillade de l'Assemblée nationale vue de l'intérieur

La fusillade de l'Assemblée nationale vue de l'intérieur

Il y a trente ans aujourd'hui, le caporal Denis Lortie faisait irruption à l'Assemblée nationale tirant plusieurs rafales de mitraillette qui feront trois morts et treize blessés. L'histoire qui a fait le tour du monde est restée gravée dans la mémoire de ceux qui ont vu les événements de près.

Yves Gadoury, aujourd'hui à la retraite de son travail au Directeur général des élections, se souvient de l'homme armé qui a surgi le 8 mai 1984 dans l'antichambre du Salon bleu où il se trouvait. Ce jour-là, l'équipe du Directeur général des élections est sur place pour participer à une commission parlementaire.

« C'est là qu'est arrivé Lortie à la porte, comme ça et il dépose son sac et sort sa mitraillette. Je voyais mes collègues de travail qui paniquaient et qui allaient se cacher, qui se sauvaient et quand j'ai vu qu'il chargeait son arme et commençait à tirer, mon réflexe a été de monter sur la chaise et me mettre à crier au lieu d'aller me protéger », se rappelle avec précision M. Gadoury.

« C'est une de mes collègues qui m'a repris par le bras, m'a ramené en dessous d'une table et pendant ce temps, les balles fusaient. Je me demande encore comment ça se fait que je n'ai pas été touché. »

Dans la pièce, deux de ses collègues sont grièvement blessés. La peur s'installe alors que Lortie continue son chemin vers le Salon bleu.

« La plus grosse peur que j'ai eue, c'était une fois rendu sous la table, je me disais : on va nous prendre en otage, on va revenir nous tuer. Pendant trois quarts d'heure de temps, personne n'osait bouger, n'osait faire quoi que ce soit parce qu'on l'entendait dans l'autre pièce d'à côté ».

Dans le Salon bleu, Denis Lortie essaie de démolir par de multiples rafales de mitraillette la caméra télécommandée qui sert à enregistrer les débats. Les employés sur place qui s'affairent à préparer la salle pour la commission parlementaire tentent de se cacher entre les pupitres des députés.

Les événements se bousculent et c'est finalement le sergent d'armes René Jalbert, un ancien militaire, qui après quatre heures de négociations, amène le tireur à se rendre.

Fil des événements

L'Assemblée nationale doit se rappeler

Richard Thibault, qui occupait la fonction d'animateur des débats à l'Assemblée nationale au moment de la fusillade, dirige depuis 20 ans une entreprise spécialisée en gestion de crise. Il se souvient du chaos à l'Assemblée nationale qui n'était pas préparée à un tel événement.

« J'ai réalisé cette journée-là que quand on n'est pas prêt à gérer une crise, ce n'est pas quand on a les deux pieds dedans qu'il est temps de commencer à s'organiser, il est trop tard. [...] Aujourd'hui, je fais un peu campagne pour que l'Assemblée nationale n'oublie pas cette journée-là. Il y a trois personnes qui sont mortes, trois personnes dont la vie a été fauchée. »

Richard Thibault déplore d'ailleurs qu'aucune plaque commémorative ne figure sur un mur de l'hôtel du Parlement pour rappeler le décès de ces personnes et cet événement important de l'histoire parlementaire canadienne.

Toutefois, en après-midi mercredi, le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a annoncé la production d'une plaque en mémoire des victimes pour commémmorer le 30e anniversaire de la fusillade.

La plaque commémorative sera installée dans l'hôtel du Parlement et la date du dévoilement sera annoncée ultérieurement.

Camille Lepage, Georges Boyer deux messagers de l'Assemblée naitonale et Roger Lefrançois du DGE sont disparus lors de la journée funeste du 8 mai 1984.

D'autres membres de l'équipe du DGE, une préposée à l'accueil, des techniciens, un contremaître et un visiteur avaient aussi été blessés dans l'événement

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