Elle est l’une des nouvelles venues à surveiller sur la planète humoristique québécoise. L’avez-vous déjà aperçue quelque part? Son visage métissé vous dit quelque chose? Si vous n’éprouvez qu’une vague impression de déjà-vu, c’est probablement que vous n’avez jamais regardé ni entendu ce petit bout de femme se démener sur les planches ou derrière un micro. Parce que, si c’était le cas, vous vous en souviendriez assurément!
Quand vous la croisez, Mariana Mazza plante son regard foncé et fonceur dans le vôtre et vous déroule son franc-parler sans fausse timidité. Sa voix un brin masculine semble nous crier «Tassez-vous de là!», même si ses lèvres esquissent autre chose. À 22 ans, la jeune femme en impose. Comparez-la à une boule d’énergie, à un bulldozer sur deux pattes, à une tornade, à une bombe sur le point d’exploser, l’image serait sans doute trop faible pour bien illustrer l’énergie de cette autodidacte née au Québec, d’une mère libanaise et d’un père uruguayen, qui a aussi du sang italien et brésilien dans les veines.
Issue de «l’école de la rue», comme elle le dit elle-même, et non de l’École nationale de l’humour, Mazza a d’abord roulé sa bosse comme animatrice dans des stations de télévision régionales. En 2011, elle travaillait comme artiste de rue au Festival Juste pour rire et c’est ainsi que le goût de la blague s’est imposé à elle. Elle a ensuite fait trempette au Couscous Comedy Show, au Comédie Club du Grand Rire de Québec, au Zoofest et dans plusieurs bars de la province. L’an dernier, elle se hissait au rang de finaliste à l’émission-concours En route vers mon premier gala Juste pour rire, où elle s’est finalement inclinée devant sa collègue Virginie Fortin, vue à SNL Québec. Celle-ci est-elle pour autant devenue une ennemie? Au contraire. Les deux complices s’épaulent depuis leurs débuts et elles s’apprêtent à partir en tournée ensemble, dans un spectacle conjoint simplement intitulé Mazza/Fortin. Une façon comme une autre de tirer leur épingle du jeu dans un marché déjà surpeuplé d’humoristes. La première montréalaise a lieu ce soir, au Théâtre St-Denis. Puis, les deux comparses s’arrêteront un peu partout au Québec.
«Le 26 août prochain, ça fera trois ans que je fais de l’humour, explique Mariana. J’ai commencé dans les bars, j’ai commencé à jouer, j’ai eu la piqûre, j’ai eu l’aide d’amis comme Adib Alkhalidey, qui m’ont aidée à me faire une base, et je suis partie comme ça. C’est tout! Et avec Virginie, c’a été pareil. On s’est connues à Juste pour rire, on s’est dit qu’on faisait de l’humour toutes les deux et on s’est lancées en même temps.»
Dans Mazza/Fortin, Mariana et Virginie se divisent le temps et l’espace en une partie de 30 minutes chacune et offrent aussi des saynètes en duo. Un procédé efficace pour faire découvrir au public leur univers respectif. Toutes deux versent dans le stand up, mais amènent leur propre couleur.
«Moi, c’est de l’anecdote, précise Mariana Mazza. Je crie, je parle fort, je me vide les tripes! La scène, c’est très thérapeutique, pour moi. Au lieu de dépenser de l’argent en allant voir un psychologue, j’en fais dépenser aux autres pour qu’ils viennent me voir!»
Une belle route
Autre joli «accident de parcours» qui pourrait s’avérer bienfaisant pour elle : Mariana Mazza se retrouve en nomination dans la catégorie Découverte de l’année au prochain Gala les Olivier, qui se tiendra le 11 mai prochain, et pourrait ainsi arracher la statuette à ses camarades Korine Côté, Olivier Martineau, Phil Roy et Simon Leblanc. À la conférence de presse du dévoilement des finalistes, le 1er avril dernier, la jeune adulte détonnait joyeusement du lot avec sa chemise aux imprimés de Bart Simpson, autre preuve qu’elle ne craint pas du tout que les regards se posent sur elle et qu’elle cherche plutôt à se démarquer, à sa manière bien à elle.
«D’être en nomination, ça provoque beaucoup de choses dans ma tête, se réjouit-elle. Je suis heureuse, et je suis surtout heureuse d’être nommée avec des collègues qui ont tous été une inspiration pour moi. C’est génial de voir qu’on aboutit tous quelque part. La relève est là et elle s’en vient!»
«Avant même de faire de l’humour, je m’étais souvent dit qu’un jour, je gagnerais un Olivier, rêvasse Mariana en guise de conclusion. Je savais inconsciemment que j’allais me retrouver là à un moment donné. Et je fais ma place peu à peu. La route est belle, la route est nice. Parfois, il neige… mais j’ai de bons pneus d’hiver! De temps en temps, c’est un peu plus plate, et je m’arrête sur l’accotement… Mais je ne reste jamais là longtemps!»
La tournée Mazza/Fortin débute ce jeudi, 1er mai, au Théâtre St-Denis, puis Mariana Mazza et Virginie Fortin iront à Québec, Magog, Saguenay, Victoriaville, Brossard et Cowansville, et reviendront dans la métropole à la fin novembre prochain. On visite le www.groupe-entourage.com pour connaître toutes les dates. Mariana assure aussi la première partie du spectacle Sagesse reportée, de Peter Macleod, et fera de même avec les prochaines représentations de Messmer à Paris.
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