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Compressions à Radio-Canada: Hubert Lacroix dit que le diffuseur public en fera moins

Radio-Canada devra «en faire moins», dit Hubert Lacroix
CP

OTTAWA - Avec toutes les compressions que Radio-Canada/CBC a dû faire, son président-directeur général, Hubert Lacroix, se dit dans l'impossibilité de respecter entièrement les priorités du diffuseur public et admet qu'à l'avenir il devra «en faire moins».

M. Lacroix a tenu ces propos jeudi à Ottawa, alors qu'il comparaissait devant un comité parlementaire pour discuter de la programmation depuis les dernières coupes budgétaires.

Les compressions cette année se sont élevées à 130 millions $ et se traduisent notamment par l'élimination de 657 postes à temps plein, a relevé M. Lacroix.

Les coupes annoncées le 10 avril permettront d'équilibrer le budget cette année, a noté le président-directeur général, mais elles ne sont pas suffisantes.

«Nous ne pouvons pas être dans une position où nous devons continuellement réduire la taille du radiodiffuseur public tous les deux ans pour équilibrer nos budgets annuels», prévient-il.

Le diffuseur public reçoit un budget du gouvernement fédéral et engrange aussi des revenus publicitaires, dont l'assiette diminue de plus en plus, explique Hubert Lacroix. Radio-Canada/CBC a aussi souffert de la perte des sommes d'argent anciennement fournies par le Fonds pour l'amélioration de la production locale — maintenant aboli par le CRTC. Ottawa a aussi sabré dans le budget de Radio-Canada /CBC en 2009 et plus récemment avec son budget fédéral 2012 qui imposait des compressions de 115 millions $ sur trois ans.

M. Lacroix a expliqué que la programmation offerte aux Canadiens sera réduite en conséquence: des émissions de nouvelles et d'affaires publiques locales seront remplacées par des émissions régionales, par exemple. D'autres ont été entièrement éliminées.

Les priorités de la stratégie 2015 étaient la programmation canadienne, les services aux régions et l'investissement dans les plateformes numériques.

En comité, M. Lacroix a admis que son équipe et lui-même n'ont pas été capables de les protéger complètement.

«Les chiffres étaient trop élevés et notre marge de manoeuvre trop mince par rapport aux compressions que nous avons dû faire depuis 2009», a-t-il résumé.

«Actuellement, avec les coupures, on réduit grandement la programmation qu'on offre aux Canadiens», a dit M. Lacroix, le visage rouge, lors de son témoignage.

Radio-Canada/CBC a amorcé son prochain plan stratégique pour 2015-2020. Plus de détails seront fournis cet été, mais d'autres choix difficiles se pointent à l'horizon, a dit M. Lacroix.

«Chose certaine, nous devrons en faire moins».

«En 2020, nous devrons être une organisation de média publique plus petite et plus ciblée, plus souple et capable de s'ajuster au changement dans les habitudes de consommation des médias par les Canadiens».

Cette dernière déclaration a fait bondir le député néo-démocrate Yvon Godin qui siège au comité des Langues officielles qui accueillait M. Lacroix. M. Godin a dit y voir une forme de fatalisme.

«Ce n'est pas du fatalisme. C'est une réalisation», a répondu M. Lacroix.

M. Godin se demande sérieusement comment le président-directeur général peut affirmer être en mesure de remplir son mandat avec tout cet argent en moins.

Il aurait aimé le voir plus revendicateur devant le comité parlementaire et le gouvernement, surtout pour protéger l'offre de services aux francophones vivant en situation minoritaire.

Mais il convient que M. Lacroix se retient fort probablement pour ne pas indisposer le gouvernement «qui n'est pas un ami de Radio-Canada».

Mercredi, questionnée aux Communes par le député libéral Stéphane Dion sur les coupes, la ministre du Patrimoine canadien, Shelly Glover, a répondu que le gouvernement n'était pas responsable des compressions, qu'il s'agissait plutôt d'une décision de Radio-Canada/CBC.

«Ce sont des coupes faites par Radio-Canada qui n'ont rien à voir avec des actions gouvernementales. Nous demandons à Radio-Canada de continuer avec leur mandat sous la Loi sur la radiodiffusion et de produire des programmes que tous les Canadiens veulent regarder et écouter, en français et en anglais», a-t-elle lancé.

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