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«14-18 : La Grande Guerre des Canadiens»: la Première Guerre mondiale racontée par Claude Legault

«14-18 : La Grande Guerre des Canadiens» : la Première Guerre mondiale racontée par Claude Legault
Courtoisie ICI Radio-Canada

Parce qu’on a longtemps eu le nez collé sur la Seconde Guerre mondiale, plus récente, et qu’on se souvient peu des 66 000 Canadiens morts au front entre 1914 et 1918, ICI Radio-Canada Première honore son devoir de mémoire en présentant 14-18 : La Grande Guerre des Canadiens, une série documentaire en cinq épisodes commémorant le 100e anniversaire de la Première Guerre mondiale. Claude Legault assure la narration de cet ambitieux collage, truffé de contenu inédit.

L’image du «nez collé» sur le conflit de 1939-1945 est de Lynda Baril, réalisatrice de La Grande Guerre des Canadiens. Selon elle, la guerre de 1914-1918, longtemps appelée la Grande Guerre (jusqu’à ce qu’éclate la Deuxième, en fait) a été complètement occultée du souvenir collectif des Canadiens français.

«Nous, les francophones du pays, on a très peu raconté notre guerre, a-t-elle expliqué. On l’a toujours vue à travers les yeux des Français et des Canadiens anglais, à travers leurs films, leurs documentaires, leurs romans. Je pense que c’est important de la raconter, de notre point de vue, à nous. C’est une guerre qui est méconnue.»

«C’a été un événement fondamental dans l’histoire du 20e siècle, tant au plan international que canadien et québécois. Ç’a été la guerre la plus meurtrière, qui a eu le plus de conséquences dans nos vies. Ce sont 35 000 Canadiens français qui s’étaient enrôlés et les estimations varient entre 60 000 et 66 000 morts, mais le Ministère des Anciens Combattants indique 66 000. Et ce, sur une population, à l’époque, de huit millions d’habitants.»

Toucher le cœur

Lynda Baril a passé trois mois à fouiller dans les archives d’ICI Radio-Canada pour y trouver du matériel pertinent à inclure dans la série. «Un luxe», a-t-elle précisé, vantant au passage la qualité des trésors cachés dans les voûtes de l’institution du boulevard René-Lévesque. Elle a aussi déniché de petites perles auprès de plusieurs historiens, dont Michel Litalien, qui a publié l’ouvrage Écrire sa guerre, lequel donne la parole à d’anciens combattants. Un appel à tous effectué sur toutes les plateformes de la société d’État, l’an dernier, a achevé son travail de recherche. L’important, pour elle, avec ce projet radiophonique, était «d’incarner» la Première Guerre, de lui donner vie à travers des témoignages de militaires et de civils, des extraits de correspondance, des entrevues. Jean Lapointe y relate notamment l’expérience de son père, le lieutenant Joseph-Arthur Lapointe qui, revenu sain et sauf du front, a appris que cinq de ses frères et sœurs avaient été emportés par la grippe espagnole. Un autre descendant, Jean-Claude Giguère, y parle de son père, un prisonnier de guerre, qui a fait toute sa vie des cauchemars en allemand.

Tous les écrits provenant de sources disparues ou décédées sont lus par des gens qui ne sont pas comédiens, dans un souci de vérité. Seuls les propos de marraines de guerre sont interprétés par l’actrice Émilie Bibeau.

«Puisque ça fait 100 ans, c’était un gros défi, et c’est un sujet rébarbatif pour beaucoup de monde, a reconnu Lynda Baril. Je voulais toucher le cœur pour arriver à livrer un contenu extrêmement important. C’est pour cette raison que je tenais à ajouter le plus de témoignages possibles, des archives sonores, des lettres, et à tendre le micro aux enfants de ceux qui ont vécu cette guerre et à des spécialistes du sujet.»

Pour «toucher le cœur», Lynda Baril a abordé la Première Guerre sous différents angles, en s’éloignant par moments du «boum-boum, du front et des batailles», comme elle le souligne elle-même.

«Parce qu’on se lasse, de ça. Plus de la moitié de la série se déroule ici. On traite de l’épidémie de grippe espagnole qui a tué presque autant de monde que la guerre en quelques mois, de la crise de la conscription, de l’enrôlement des hommes, de l’effort de guerre des femmes, qui se sont mises à travailler dans des usines, des bureaux, des banques. Les femmes ont fait des millions d’heures de bénévolat, et elles ont même changé leur façon de cuisiner. Elles cuisinaient moins de porc et de bœuf, pour pouvoir en envoyer aux soldats et aux civils en Europe, elles mangeaient plus de poisson et de légumes… On s’intéresse donc aux conséquences multiples, aux traces que ç’a pu laisser, de même qu’à tout l’impact économique, social, humain et politique qu’a eu la Première Guerre. Ça s’écoute plus facilement quand on a des témoignages de gens à qui on peut s’identifier.»

«Mon but, c’était de faire entendre la voix des Canadiens français et de leur donner un visage», a conclu Lynda Baril.

La voix de Claude Legault

Une autre façon d’intéresser le grand public à 14-18: La Grande Guerre des Canadiens était d’en confier la narration à un comédien populaire et apprécié de tous…. trophées Artis à l’appui. Lynda Baril connaissait la passion de Claude Legault pour la Première et la Deuxième Guerre mondiale et lui a proposé de se joindre à cette aventure, qui a nécessité 5 ou 6 «très grosses journées» d’enregistrement, dixit l’acteur. Pour bien s’imprégner de l’atmosphère du projet, celui-ci s’est créé un petit «bunker» dans le studio, auquel il a voulu insuffler une «ambiance 11 novembre», avec lumières tamisées. Il s’est entouré de photos et de cartes géographiques de l’Europe et, devant lui, un petit soldat de plomb faisait office de porte-bonheur.

Claude Legault a commencé très jeune à se captiver pour l’histoire, grâce à un oncle du Nouveau-Brunswick qui avait combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale et qui lui racontait ses souvenirs. En vieillissant, Claude n’a jamais cessé de lire des livres et de voir des films sur le sujet, et il a même collectionné pendant longtemps des statues de soldats miniatures, jusqu’à en accumuler près de 6000.

«Mais, quand tu veux te trouver une blonde, tu caches ça, parce que ce n’est pas sexy», a-t-il rigolé.

Sur une note plus sérieuse, Claude Legault s’est dit heureux de pouvoir revisiter ce pan crucial de notre passé.

«Ç’a été une guerre abominable, a-t-il insisté. Beaucoup de vies ont été perdues, c’est une guerre qui a fait tomber des empires. En fait, c’était une guerre d’empires. Mais ç’a façonné le monde dans lequel on vit… »

La série 14-18: La Grande Guerre des Canadiens est disponible dès aujourd’hui pour écoute intégrale au www.ici.radio-canada.ca/1418, et les épisodes seront diffusés à ICI Radio-Canada Première, le dimanche, du 11 mai au 8 juin, à 16h. Sur le web, une imposante galerie photos et des informations complémentaires viennent en enrichir le contenu.

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