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Dear Criminals - Bulle artistique sans limite (ENTREVUE)

Dear Criminals - Bulle artistique sans limite (ENTREVUE)
Courtoisie

C'est dans un petit resto thaïlandais de Villeray que je me suis attablée avec les membres de Dear Criminals afin de jaser de leur deuxième EP, Crave. Souriants, un brin moqueurs, Frannie Holder, Vincent Legault et Charles Lavoie ne semblent pas trop stressés par le lancement, qui aura lieu le 24 avril au Cabaret du Mile End.

Il faut dire que Dear Criminals, c'est surtout un trip de création. De liberté aussi. C'est que les membres de ce groupe indépendant font tous partie d'une formation «principale» : Random Recipe pour Frannie et Vincent, b.e.t.a.l.o.v.e.r.s pour Charles. Et ça donne l'impression que le projet secondaire est devenu un espèce de refuge, une bulle artistique sans limite définie ou plan marketing trop léché. Le mot d'ordre? Pas de stress! C'est dans cette optique que le groupe s'est dirigé en studio pour enregistrer Crave seulement huit mois après la sortie de leur premier EP, Weapons.

«On n'était pas nécessairement prêts, mais on avait les squelettes des chansons, des bribes. Ça a vraiment été créé en studio. Je ne crois pas que personne savait comment ça allait tourner», explique Charles.

Beauté douce-amère

Malgré (ou peut-être grâce à) ce laisser-aller, Dear Criminals vise encore une fois dans le mille.

Le résultat? Un EP doux-amer réalisé par Philippe Brault et Mark Lawson, sombre et intimiste, plus électro cette fois que folk, qui aborde sans aucune pudeur des sentiments à vif, des blessures ouvertes à travers les arrangements très forts de Vincent et les voix toujours aussi envoûtantes et complémentaires de Frannie et Charles.

«Il y a une charge très émotive qui transparaît sur l'album. C'est ce dont je suis le plus fier, au-delà de la musique. À l'écoute, je ressens exactement ce que je voulais transmettre. Le mood est atteint», lance Charles. Et c'est quoi l'ambiance recherchée? «Ce n'est pas super joyeux!» avoue Vincent en riant. Frannie renchérit tout de suite : «Crave, c'est un désir super viscéral et physique. Une envie irrationnelle. Ça sonne comme une fin...» «C'est une proximité constante sans que le désir ne soit assouvi», précise Charles.

Mais attention: si Weapons abordait surtout l'amour sous (presque) toutes ses coutures, Crave va aussi voir ailleurs. Les textes de Frannie et Charles, touchants et même souvent troublants, n'hésitent pas à mettre en lumière des émotions parfois très primaires, qui se tiennent loin de la rationalisation.

«On parle de maladie, de ce qui touche nos proches», explique Frannie. «En vieillissant et en commençant à avoir des enfants, on se rend de plus en plus compte que la fin n'est plus si loin. Et il y a une beauté dans cette réalisation: qu'un être humain passe nécessairement par-là», ajoute Vincent.

Touche de légèreté

Même si les sujets abordés dans ce deuxième effort frôlent la lourdeur par leur bagage très émotif, le groupe est parvenu à créer un EP qui respire la légèreté, et même, la paix.

« Cette petite touche, je crois que c'est l'acceptation. On n'est pas en train de s'ouvrir les veines. C'est la vie et c'est tout. » souligne Frannie. « Ça aurait pu être facile de tomber dans le gros mélo... Mais on voulait trouver un bon équilibre. » insiste Vincent, qui s'est davantage impliqué par rapport à la composition de Crave. Et ça peut se sentir en spectacle: autant l'album peut donner lieu à une écoute très introspective, qui porte à l'identification et à la réflexion, le public a plutôt tendance à se dandiner lorsque Dear Criminals est sur scène. «On est surpris, mais contents. C'est toujours plus agréable quand les gens ne sons pas collés à leur chaise, qu'ils s'amusent!» s'exclame Charles.

«Il faut aussi dire que même si la musique qu'on offre est super authentique et intense, on ne peut s'empêcher de déconner et d'avoir du fun sur scène», explique Frannie. Et décidément, les fans de la formation sont enthousiastes et très fidèles : «On s'est fait connaître par bouche-à-oreille, par des amis d'amis, qui en ont parlé autour d'eux... Ça a créé une belle résonance», poursuit la chanteuse.

En plus du lancement du 24 avril au Cabaret du Mile End, le trio se prépare fébrilement à sa participation au OFFTA, festival d'arts vivants qui aura lieu du 27 mai au 1er juin. Invité à ouvrir les festivités le 27 mai au Monument National, Dear Criminals se joindra à l'actrice et cinéaste Monia Chokri (Les Amours imaginaires) à l'occasion du premier MIXOFF. Au programme? Une rencontre artistique qui donnera lieu à une « foire agricole ». Intriguant, n'est-ce pas? «Et extrêmement casse-gueule!» lance en riant Frannie.

«Ça va être très, très, drôle de créer ça et la rencontre avec Monia est très agréable. Aussi, ça va peut-être nous permettre d'ouvrir des portes ailleurs qu'en musique. On est très intéressés à participer à des projets en théâtre, cinéma ou autres. » Une belle ouverture qui risque de donner lieu à des créations assez incontournables merci!

Crave est disponible depuis le 22 avril.

Lancement : 24 avril en formule 5 à 7 au Cabaret du Mile End.

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