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Ukraine: quand les pro-russes recrutent leurs troupes sur Internet

Ukraine: les pro-russes recrutent leurs troupes sur Internet

La tension entre l'Ukraine et la Russie continue de monter. Dimanche 13 avril, la réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU s'est transformée en dialogue de sourds après que le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a lancé une "opération antiterroriste" dans l'Est du pays. Son objectif? Répondre aux prises de bâtiments officiels par les séparatistes pro-russes, qui se multiplient depuis la semaine dernière.

Le régime ukrainien a accusé à plusieurs reprises la Russie de soutenir et encourager les miliciens et civils pro-russes, parlant même d'"agression" orchestrée par Moscou, mais le Kremlin a démenti et demandé à Kiev d'arrêter de mener "la guerre contre son propre peuple". Ce lundi, Vladimir Poutine a même affirmé avoir reçu "de nombreux" appels à l'aide venus des régions russophones. Dans ce contexte, The Daily Beastrapporte l'existence d'un site russe qui propose un mode d'emploi pour les séparatistes en herbe: se faire passer pour des touristes et ainsi tromper la vigilance des soldats ukrainiens.

Eviter de porter un t-shirt camouflage et un couteau

Avec son imagerie destinée aux "aventuriers nostalgiques de l'URSS", comme les appelle The Daily Beast, ce site baptisé "Printemps russe" (Русская весна en version originale) relate la situation en Ukraine à travers une orientation pro-Kremlin. Surtout, il fournit aux internautes un certain nombre de conseils et d'avertissements pour jouer au touriste idéal et éviter d'être arrêté à la frontière russo-ukrainienne. Printemps russe rappelle notamment que les soldats ukrainiens sont par principe loyaux à Kiev, et qu'ils peuvent refuser l'entrée à quiconque possède un passeport russe, "sans aucune raison".

"Porter un t-shirt camouflage, une bombe lacrymogène et un couteau suffit à vous faire renvoyer en Russie", explique le site, qui précise que "si vous avez besoin de ces choses, il vaut mieux les acheter dans un magasin ukrainien: les prix n'y sont pas plus élevés qu'en Russie". On apprend également qu'avoir les cheveux rasés, des tatouages militaires, un "physique athlétique" ou encore le nez cassé (signe que l'on pratique les arts martiaux) n'est pas spécialement indiqué.

Enfin, Printemps russe met en garde contre les messages hostiles au régime ukrainien que les touristes-rebelles auraient pu publier sur les réseaux sociaux, ainsi que les photographies d'événements patriotiques russes qui pourraient traîner sur leur téléphone portable. Sachez aussi qu'il vaut mieux éviter d'envoyer des sms du type "tous au front, gloire à la Russie!": cela serait plutôt mal vu.

C'est déjà la guerre sur les réseaux sociaux

Si l'expression "printemps russe" fait évidemment référence aux printemps arabes, le choix du nom de domaine du site est lui aussi particulièrement instructif. En effet, il ne se termine pas par l'extension traditionnelle en .ru, celle de la Russie, mais en .su. Cette dernière correspond en fait au domaine attribué à l'URSS en 1990, un an avant sa disparition. S'il est toujours utilisé par un certain nombre d'entreprises et d'organisations, on se doute que les administrateurs du site Printemps russe ne l'ont pas choisi au hasard.

Sur Facebook, la page du Printemps russe compte quelque 5 700 "fans". Dans les commentaires, la plupart d'entre eux s'en prennent aux occidentaux, ainsi qu'au régime ukrainien et à ses forces armées, qu'ils accusent d'être une junte, des "putschistes" voire de "nazis" à la solde des Américains et de l'Union européenne. Sur Twitter, le hashtag #RussianSpring renvoie quant à lui à des dizaines de résultats. La majorité sont des tweets qui condamnent le régime "fasciste" ukrainien, se réjouissent des prises de bâtiments par le "peuple" ou appellent à poursuivre la mobilisation.

"Les fascistes de Kiev promettent un bain de sang pour les manifestants pro-référendum de l'Est"

Par ailleurs, The Daily Beast rapporte un échange assez révélateur entre un journaliste russe de Radio Moskva et un commandant rebelle basé à Donetsk. Quand le journaliste a demandé à l'homme s'il était originaire de la ville, ce dernier lui a répondu qu'il venait de Iefremov, dans la région de Toula (dans l'ouest de la Russie, ndlr)", ajoutant qu'il était là "pour aider fraternellement des gens qui défendent leurs libertés". De quoi relativiser un peu plus les démentis de Vladimir Poutine.

  • Nouvelles prises de bâtiments publics dans l'Est

Depuis le samedi 12 avril, une nouvelle série d'assauts de bâtiments publics a eu lieu, certains menés par des manifestants, d'autre par des groupes armés non-identifiés mais bien équipés et organisés.Samedi, un groupe armé a pris successivement le contrôle du siège de la police locale, du siège du SBU et de l'administration municipale de Slaviansk, tandis qu'à Kramatorsk, un groupe d'hommes armés s'emparait du siège de la police et de l'administration municipale. Dimanche, des manifestants ont pris les administrations municipales de Marioupol, Khartsisk et Enakievo et lundi, d'autres insurgés ont pris d'assaut et occupé les sièges de la police et de la municipalité de Horlivka.

  • "Appels à l'aide" des insurgés à la Russie

Des centaines de manifestants pro-russes ont attaqué et pris lundi les sièges de la police et de la municipalité à Gorlivka, localité de 250 000 habitants dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie. A Slaviansk, ville symbole des dernières tensions où des groupes armés pro-russes se sont emparés samedi des bâtiments de la police et des services de sécurité, la situation était fermement sous le contrôle des insurgés. L'un de leurs chefs, Viatcheslav Ponomarev, en a appelé directement au président russe Vladimir Poutine, qui a massé jusqu'à 40 000 soldats à la frontière, selon l'Otan, et a promis de défendre "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS. "Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass (est de l'Ukraine). Nous demandons au président Poutine de nous aider," a-t-il lancé.

  • "Nombreux signes" d'un soutien russe aux séparatistes

"Il y a de nombreux signes que dans l'est de l'Ukraine des groupes armés actifs reçoivent le soutien de la Russie", a assuré lundi la porte-parole adjointe du gouvernement allemand Christiane Wirtz. "Quand on voit le comportement, les uniformes et les armes portées par quelques-uns de ces groupes, il ne peut pas vraiment s'agir de groupes de défense de citoyens qui se sont autocréés", a ajouté la porte-parole, au cours d'une conférence de presse régulière. En présence du Premier ministre français, Manuel Valls, Sigmar Gabriel a estimé que l'accalmie née de la fin des troubles entre opposition et pouvoir en Ukraine avait laissé place à la "confrontation militaire en cours" et montré que "la Russie était apparemment prête à laisser ses chars franchir les frontières européennes". De son côté, Manuel Valls a appelé au "dialogue" et au "respect des règles internationales" dans le dossier ukrainien.

  • Possible sommet européen pour durcir les sanctions

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pourraient se réunir la semaine prochaine pour durcir les sanctions contre la Russie si la situation en Ukraine s'aggravait après la réunion prévue jeudi à Genève, a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. "Si c'est nécessaire, il peut y avoir la semaine prochaine une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement au niveau de l'Europe, qui pourra prendre de nouvelles sanctions", a déclaré Laurent Fabius, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg. L'UE a aussi décidé d'élargir la liste des personnalités russes et ukrainiennes pro-russes sous le coup de sanctions, a annoncé la chef de la diplomatie Catherine Ashton. Le nombre et les noms des personnes visées seront définis par le service diplomatique européen, qui a déjà placé sur cette liste 33 personnalités, dont des proches du président russe Vladimir Poutine.

  • Poutine à Obama: les accusations d'ingérence "infondées"

Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé lundi comme des "spéculations basées sur des informations infondées" les accusations d'ingérence de Moscou dans l'est de l'Ukraine, lors d'un entretien téléphonique avec Barack Obama, a annoncé le Kremlin. "En réponse aux préoccupations exprimées par le président américain concernant une prétendue ingérence russe dans le sud-est de l'Ukraine, le président russe a observé que de telles spéculations étaient basées sur des informations infondées", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

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