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«All Things Pass» de Pascale Picard: retour aux sources

«All Things Pass» de Pascale Picard: retour aux sources
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Sortie un peu de nulle part, Pascale Picard proposait en 2007 son premier album de musique pop-rock spontanée Me Myself & Us, qui se vendra à 300 000 exemplaires. Ce qui n’est pas rien. Après une collaboration semi-décevante avec le label Universal France pour le second opus A Letter to No One (2011), l’énergique chanteuse de Québec propose aujourd’hui un nouvel album anglophone intitulé All Things Pass. Quelques heures avant le lancement montréalais au cabaret La Tulipe, Le Huffington Post Québec en a profité pour la rencontrer.

À quoi réfère le titre All Things Pass?

Disons que c’est métaphorique. À l’origine, c’était le titre d’une chanson qui n’a pas été retenue au final pour une question artistique. C’est un titre qui s’applique à bien des moments dans la vie. Inconsciemment, il y a peut-être un lien avec mon propre parcours. J’avais vécu pas mal d’insécurité durant la production de A Letter to No One.

Quelle était l’origine de cette insécurité?

C’était fort probablement lié au fait que c’était un deuxième album. C’est une réaction causée par le succès du premier disque. Le fait de savoir que tu vas être entendue, c’est différent. Personne n’avait d’attentes élevées à la sortie de Me Myself & Us. Après 300 000 copies vendues (Québec et Europe), j’étais consciente que les gens allaient écouter et porter un jugement sur mon travail. J’avais l’impression d’avoir moins de liberté. Avec la signature de Universal France, il faut dire que les gens interféraient plus dans la démarche [créatrice] du second album. Je faisais quand même ce que je voulais, mais il a fallu que je lutte davantage pour faire passer mes idées.

Est-ce que cette aventure avec Universal s’est avérée décevante?

Oui. Mais, je ne veux pas tout mettre sur le dos de Universal France. Je dois me responsabiliser aussi. Je me suis mis trop de pression. Je trouvais que Me, Myself & Us n’était pas assez bien joué. Je voulais faire quelque chose de plus propre, de plus léché, de parfait. Dans le fond, je me suis dénaturée. En plus, Universal voulait que je reproduise en quelque sorte le succès du single Gate 22. Une idée que je refusais. Le piège est toujours grand de se plagier soi-même. La base du conflit était là. Finalement, il n’est jamais sorti en France… seulement au Québec. A Letter to No One s’est quand même écoulé à 30 000 exemplaires, mais c’était, dans les circonstances, une déception.

Est-ce que tu as consciemment fait, pour All Things Pass, un retour aux sources?

C’est difficile à dire. Possible. Je ne suis pas capable de dire s’il sonne vraiment comme Me, Myself & Us. J’ai l’impression qu’un album est toujours une photo de la période dans laquelle je suis. Mais on retrouve dans les deux, je pense, une énergie authentique. Cela dit, à 31 ans, c’est différent. Au début, il y avait l’aspect nouveauté. Le buzz. Cette fois-ci, je ne pourrai pas répéter l’effet de surprise. Pour All Things Pass, j’ai vraiment essayé d’écouter mon instinct. J’ai une relative expérience maintenant. Je me fais plus confiance. Et les gars du groupe aussi (le bassiste Philippe Morissette, le batteur Marc Chartrain et le guitariste Louis Fernandez). Même chose pour Stéphane Rancourt [revenu dans le décor après quelques années d’absence], qui a travaillé à la coréalisation.

Concrètement, cette confiance signifie quoi sur All Things Pass?

J’ai toujours aimé jammer et gratter des instruments autres que la guitare. Mais avant, je n’osais pas mettre ça sur disque. En préproduction en octobre 2012, les gars m’incitaient à jouer davantage. Stéphane était convaincu que je devais revenir au centre du projet. Bref, j’ai exploré de nouveaux instruments comme le piano et les synthétiseurs. Certaines lignes de piano sur l’album sont entre autres issues de moments où j’étais complètement décontractée, où je ne sentais aucune pression. Il me disait de m’amuser, de me laisser aller… Je ne savais pas que ça pourrait finir sur le disque [comme sur la dynamique chanson Runaway].

Même approche en studio?

Absolument. Durant les deux semaines d’enregistrement au studio Wild [un second studio, PikaBear, a été utilisé] j’étais vraiment confortable. L’approche très live m’a permis d’être moi-même. Le résultat est plus simple, plus vrai, plus spontané […] Avec du recul, je pense que j’étais un peu perdue comme artiste et comme être humain pendant la période de A Letter to No One.

All Things Pass a été mixé en Californie par Sheldon Gomberg (Jackson Browne, Ben Harper, K.D. Lang, She & Him). De l’avis de la chanteuse, il est responsable de cette touche «West Coast» que l’on ressent sur le disque.

Sous la jeune étiquette montréalaise Simone Records, l’album est disponible dès maintenant.

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