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Arrêter de manger ses émotions, c'est possible! Entrevue avec la nutritionniste Guylaine Guevremont

Arrêter de manger ses émotions, c'est possible! (ENTREVUE)
Beautiful young women are eating spaghetti in spicy
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Beautiful young women are eating spaghetti in spicy

Après Mangez! et Manger, un jeu d'enfants, la nutritionniste Guylaine Guevremont propose un troisième bouquin: Manger ses émotions: Pourquoi on succombe; comment on s'en sort (Transcontinental, 2014, 208 p., 24,95$), dans lequel elle propose une approche saine, posée et moins chargée émotivement de l'alimentation. Bref, un livre pour quiconque s'est déjà lancé dans un régime (une industrie nord-américaine qui vaudra 140 milliards de dollars US par 2017!), qui ne sait pas comment manger à sa faim, manger sans culpabilité, arrêter quand on n'a plus faim... bref, pour presque tout le monde!

Manger ses émotions, c'est quoi, l'idée?

Drôle d'expression que celle de «manger ses émotions». En fait, en mangeant lorsqu'on n'a pas faim, explique Mme Guevremont, on tente d'anesthésier nos émotions pour ne pas les ressentir. «Manger ses émotions, c'est manger sans faim, explique la nutritionniste. Puisque le système digestif est un important siège des émotions, ça peut être facile de confondre la faim et des émotions. Les émotions s'expriment par des sensations physiques dans notre ventre (tensions, sensation de vide) que l'on confond avec la faim. Ainsi, on mange sans faim et on ne ressent pas de satiété, ce qui fait qu'on mange souvent beaucoup plus ou plus souvent qu'on n'aurait voulu.»

Or, que tant de gens aient du mal à bien identifier leurs signaux de faim et de satiété, cela ne surprend guère Guylaine Guevremont. Elle écrit: «Le fait de s'alimenter constitue un besoin naturel et intuitif: on mange quand on a faim et on arrête, une fois repu. Force est de constater que, pour les Occidentaux, l'alimentation est rarement intuitive. Environ 80 % des Américains n'écoutent pas leurs signaux de faim et de satiété. Quand on a été habitué à des restrictions alimentaires, ou quand on a contrôlé ses apports alimentaires des années durant, revenir à une alimentation intuitive équivaut à une absence de contrôle ressentie comme un dérapage, une compulsion ou un échec.»

La difficile vie après-régime

Les régimes, en général, ne fonctionnent pas, aime rappeler Mme Guevremont: «On sait que si on fait un régime, il y a 95% des chances qu'on ait repris tout le poids perdu au bout de 5 ans. Pour 60% des gens, le poids repris sera supérieur au poids perdu. Alors, c'est un peu de la pensée magique quand les gens se disent qu'ils n'ont tout simplement pas encore trouvé le bon régime ou qu'ils feront partie des 5% de chanceux pour qui cela fonctionnera!»

Mais, si on peut peut-être finir par accepter que les régimes ne fonctionnent pas, la voie du milieu, celle de s'écouter, de se faire confiance et de faire confiance à son corps n'est pas forcément confortable. «C'est vrai que si on arrête les régimes, on s'ouvre au regard des autres. Et il y aura une période d'adaptation. Je suis consciente que mon message ne sera jamais aussi populaire que celui qui dit: mangez ceci et vous perdrez 10 livres en deux semaines! Mais on peut se libérer de cette prison psychologique, on peut travailler à augmenter son estime de soi. Ce n'est pas rapide ou magique, mais ça vaut la peine.»

Des pistes de solution

Apprendre qu'une émotion, c'est fait pour être vécu. «Une émotion, ça dure de 15 secondes à une heure, explique la nutritionniste. Ça nous indique quelque chose. Mais on a souvent tellement peur de la vivre, qu'elle nous anéantisse. Je compare apprivoiser ses émotions à apprendre à surfer. L'émotion, c'est comme la vague. On peut la prendre une à la fois et se poser la question: "Est-ce que je suis capable de la prendre?" On choisit ainsi de vivre l'émotion plutôt que de l'anesthésier avec des aliments. Pour ce faire, on peut choisir d'attendre un moment entre la décision de manger et de mettre un aliment dans sa bouche. Un peu comme si on testait la vague pour savoir si on est capable de la surfer.»

S'entourer d'alliés dans notre quête d'une saine relation avec l'alimentation. «Il y a une vraie pression sociale pour être mince et la voie acceptée, c'est celle de suivre des régimes, explique Mme Guevremont. Ainsi, lorsqu'on choisit la nouvelle voie, celle de s'écouter, on gagne à avoir l'appui de nos proches pour y arriver. Si notre conjoint dit: "Tu manges trop de biscuits!", on peut lui dire que ces paroles ne sont pas aidantes et qu'il pourrait les remplacer par: "Sens-tu que tu as faim? Ressens-tu une émotion particulière?"»

Manger en pleine connaissance de cause. Tout le dernier chapitre du livre Manger ses émotions est dédié à des exercices pratiques visant à apprendre à manger en pleine conscience, c'est-à-dire en vivant réellement le moment présent, en revenant au ressenti du corps pour peu à peu se défaire de l'emprise de l'émotion lié aux aliments. Cela passe par les cinq sens et par une «reconnexion» à notre corps pour se réapproprier les signes de la faim et de la satiété... et de ses émotions. «On se coupe de la connaissance de nous-même quand on se coupe de nos émotions», conclut Guylaine Guevremont.

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