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Couillard rendra publics les avis juridiques sur la Charte une fois au pouvoir

Couillard rendra publics les avis juridiques sur la Charte une fois au pouvoir

LOUISEVILLE, Qc - Un référendum sur la souveraineté mettrait en péril la gestion de l'offre si chère aux producteurs de lait québécois, a soutenu Philippe Couillard, vendredi.

Le chef libéral a profité de son passage dans la circonscription mauricienne de Maskinongé _ qui compte de nombreux agriculteurs _ pour agiter de nouveau le spectre d'un référendum sur la souveraineté advenant l'élection du Parti québécois le 7 avril.

Devant plus d'une centaine de militants, M. Couillard a allégué qu'un référendum mettrait à risque le mécanisme pancanadien de gestion de l'offre qui garantit des revenus aux producteurs laitiers du Québec.

«Comment ça va marcher la gestion de l'offre avec un référendum? On produit 40 pour cent du lait au Canada et on en consomme (au Québec) 23 à 24 pour cent. Pas de Canada, pas de gestion de l'offre», a-t-il affirmé, sans expliquer davantage ses propos.

Plus tôt dans la journée, M. Couillard a dirigé ses tirs sur la charte des valeurs et a promis de rendre publics, s'il est porté au pouvoir, les avis juridiques que le ministère de la Justice a en main sur le projet.

Il a pris cet engagement alors qu'il faisait campagne dans la circonscription de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, où tente de se faire élire le baron des médias Pierre Karl Péladeau pour le Parti québécois.

«En toute transparence, effectivement, lorsqu'on arrivera au gouvernement, si les Québécois nous font confiance, ces avis seront publiés», a-t-il déclaré en point de presse au 31e jour de la campagne électorale.

M. Couillard s'est défendu de vouloir créer un précédent qui engagerait un éventuel gouvernement libéral à dévoiler de façon plus ou moins systématique les avis juridiques sur ses projets de loi. Selon lui, le cas de la charte est tout à fait inédit.

«Je ne me souviens pas d'une mesure aussi discriminatoire adoptée au Québec dans les récentes décennies», a-t-il justifié, précisant que les avis sur la charte seront publiés «s'ils existent».

Généralement, le ministère de la Justice est appelé à produire des avis juridiques pour s'assurer que les projets de loi que s'apprête à présenter le gouvernement passent le test des tribunaux.

Le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, refuse de publier l'opinion des juristes sur la charte parce que l'État, répète-t-il, ne révèle jamais la teneur des avis juridiques qui lui sont confiés. Il a même toujours refusé de confirmer qu'il avait en main de tels documents. Cependant, il n'a eu cesse de marteler ces derniers mois qu'il avait «confiance» quant aux assises juridiques du projet de charte.

Opposé à l'interdiction du port des signes religieux chez les employés de l'État, le Parti libéral du Québec prétend de son côté que le projet de loi 60 qui institue la charte viole les droits garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.

Les experts consultés par le PLQ et les conclusions du comité interne du parti présidé par le député Gilles Ouimet _ ancien bâtonnier du Québec _ en arrivent au même constat, a fait valoir M. Couillard, en point de presse.

«Les gens qu'on a consultés dans le milieu juridique nous disent que lorsqu'on veut supprimer des libertés, il faut que ça s'appuie sur un enjeu réel, mesurable, important et il faut que le remède soit proportionnel au problème réel. La réponse à toutes ces questions a montré que, pour ces gens et pour notre groupe, le comité présidé par M. Ouimet, c'était totalement disproportionné», a-t-il dit.

Il y a quelques jours, la chef péquiste Pauline Marois a évoqué le recours à la clause dérogatoire, une mesure prévue à la Constitution, pour mettre la charte à l'abri d'éventuelles contestations judiciaires. Plusieurs y ont vu l'admission que la charte projetée par le gouvernement péquiste brime les droits fondamentaux.

En plus de publier l'avis des juristes, le PLQ s'engage, s'il revient à la barre du gouvernement, à présenter un projet de loi pour affirmer la neutralité de l'État et baliser les accommodements religieux. La pièce législative comportera aussi l'obligation d'offrir et de recevoir des services publics «à visage découvert». Cette disposition vise à écarter les burqa, niqab et autre voile intégral de la sphère des services publics.

Les Femen s'invitent dans la campagne libérale

En après-midi, deux jeunes femmes du mouvement Femen sont venues exhiber leurs seins nus devant le chef libéral qui s'adressait aux médias dans un parc de la circonscription montréalaise de Crémazie.

Les deux manifestantes à la poitrine bariolée de slogans sont parvenues à s'approcher à quelques mètres de M. Couillard. Pendant quelques secondes, elles ont scandé: «Abus du PLQ! Je me souviens plus!» avant d'être maîtrisées par les policiers et expulsées du parc.

«La liberté d'expression a parfois des conséquences inattendues», a noté le chef des troupes libérales, sourire en coin, peu après l'incident.

Entouré de candidats et d'un groupe de jeunes, M. Couillard a lancé un appel à la jeunesse québécoise, opposant «l'exclusion» qu'il associe au Parti québécois aux valeurs d'inclusion et d'«ouverture sur le monde» qu'incarne, selon lui, le PLQ.

«Je pense qu'il y a un tournant qui est en train de se produire dans la politique au Québec, on le sent très bien. La jeunesse du Québec se sent plus près de ces valeurs-là que celles qui vont plutôt vers la méfiance, le repli et l'exclusion comme on a vu dans les derniers mois», a-t-il dit.

En plein blitz de fin de campagne, la caravane libérale a terminé la journée en Montérégie. D'ici dimanche, M. Couillard visitera le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, la Côte-Nord, l'Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

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