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Symphonie mironnienne pour les 12 hommes rapaillés (VIDÉO)

12 hommes rapaillés en symphonie (VIDÉO)
François Nadeau

MONTRÉAL - Gaston Miron symphonique, vraiment? Pourquoi en rajouter à ces deux albums des Douze hommes rapaillés, projets fédérateurs qui ont galvanisé autant les artistes que le public québécois autour de l’œuvre de l’un des plus grands poètes de l’histoire du Canada? Les coréalisateurs et directeurs artistiques Louis-Jean Cormier et Martin Léon eux-mêmes se sont posé la question avant de finalement se lancer, dans l’ambitieuse aventure de La symphonie rapaillée, toujours insufflée des écrits du poète. Rencontre.

Ce n’est pas difficile à croire: la création d’un univers musical à partir de la poésie de Miron fut jadis un beau défi, relevé avec brio par Cormier, bien entendu, mais aussi par Gilles Bélanger, alors instigateur du projet et responsable de la musique, et par les artistes impliqués, dont Jim Corcoran, Michel Rivard, Richard Séguin, Yann Perreau, Pierre Flynn, Vincent Vallières. En ce qui concerne une symphonie, la proposition s’avérait encore plus audacieuse.

«Je pensais qu’on avait fait le tour, affirme d’entrée de jeu Louis-Jean Cormier, lors du lancement de l’album La symphonie rapaillée qui avait lieu à la Place des Arts, mardi soir. Plusieurs des 12 hommes rapaillés partageaient la même impression. Puis, un moment donné, nous nous sommes mis à réfléchir à l’importance de replonger dans une épopée mironienne symphonique.»

«Le fait de penser à la grandeur des deux œuvres de Gilles Bélanger (les volumes 1 et 2 se sont écoulés à plus de 70 000 exemplaires) nous a fait admettre que nous passerions probablement à côté de quelque chose d’important pour nous, mais surtout pour la mémoire collective du Québec. Nous nous sommes dits que le public des 12 hommes rapaillés pourrait vraiment apprécier ce geste. La grande réticence que j’avais, comme Martin Léon, c’était de faire de la pop symphonique, car la symphonie peut être autant un instrument grandiose qu’une couche de fromage de trop sur une pizza toute garnie.»

L’essentiel

Selon Louis-Jean Cormier, l’équipe a tout fait pour ne pas tomber dans le «Cheez Whiz» et pour démystifier le paradoxe du mariage pop/symphonie. C’est ici que le savoir-faire orchestral de Martin Léon a été particulièrement mis en valeur, sans oublier le génie de l’arrangeur et chef d’orchestre Blair Thomson, qui a guidé les 24 musiciens et les 12 chanteurs vers une réinterprétation symphonique des morceaux des disques Douze hommes rapaillés, volumes 1 et 2.

«C’est Gilles qui m’a approché, explique Blair Thomson. J’ai accepté rapidement. Je connaissais déjà les deux albums précédents. Je voyais le potentiel orchestral. Ensuite, nous avons proposé ce projet à Alain Simard (président de la maison de disque Spectra Musique), qui a suggéré un enregistrement studio. C’était un moment charnière, car malgré l’idée des concerts à l’OSM, je pensais que nous devions d’abord nous consacrer à un disque. Après, Louis-Jean et moi nous sommes entendus pour faire à la fois une relecture vocale et musicale de l’œuvre. C’était crucial. La contrainte d’un nombre restreint de musiciens a finalement engendré beaucoup de liberté. On a plongé dans Miron comme jamais!»

Aux dires de Cormier, Blair a fait sonner 24 musiciens comme s’ils étaient 118: «Le fait d’utiliser ce nombre de musiciens nous a aidés, Martin et moi, dans notre démarche anti-Cheez-Whiz. Nous voulions nous rapprocher des marching bands ou des trucs un peu à la Sufjan Stevens. Nous pensions aussi à ces orchestres contemporains qui ne comptent jamais 90 musiciens. Finalement, nous sommes très contents du résultat, qui a été remis il y deux semaines.»

Une voix, un instrument

Tout l’album a été enregistré en deux sessions, en février: les instruments au studio Piccolo et les voix au studio de Martin Léon, situés à Montréal.

«Je n’ai jamais aimé le mixage des albums symphoniques que j’ai entendus, indique Martin Léon. La voix est toujours devant et les instruments derrière. Je voulais qu’elle devienne comme un instrument. Pas trop de musiciens, non plus. Pour le reste, c’était un privilège de travailler avec les merveilleux arrangements de Blair Thomson. Cet album-là, c’est d’abord la vision de Blair sur des chansons de Bélanger/Miron. Mon défi était de rendre ça cohérent et l’fun. Quand j’ai entendu les arrangements, je me suis dit que les gars allaient chanter différemment, avec une disposition intérieure autre, de manière scénique, classique.»

«Gaston Miron aura été un incontournable au Québec, ajoute-t-il. Je n’aime pas toutes les formes de poésies, pas plus que tous les instruments de musique. Certaines sont trop hermétiques, trop cérébrales. Dans la poésie de Miron, je vois des images, je sens des odeurs. Je me sens un homme aussi.»

Pour permettre au public de saisir toute la grandeur de ce nouvel album, la bande des rapaillés convie les Montréalais à se présenter à la Maison symphonique, les 7 et 8 mai, où les 12 chanteurs rapaillés et les musiciens de l’OSM célèbreront à leur manière l’âme du poète Gaston Miron, décédé à Montréal en 1996.

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