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L'emploi et l'identité provoquent des flammèches entre les chefs

L'emploi et l'identité provoquent des flammèches entre les chefs
PC

L'économie et les questions identitaires ont animé le premier débat des chefs de la campagne électorale au Québec, jeudi soir. Les statistiques sur l'emploi et les divergences d'opinions sur la charte de la laïcité proposée par le Parti québécois ont entraîné les échanges les plus vifs entre Pauline Marois, Philippe Couillard, François Legault et Françoise David.

LES FAITS SAILLANTS

1- Guerre de chiffres sur l'emploi

Les chefs se sont livrés à une guerre de chiffres sur les emplois créés ou perdus durant le mandat du Parti québécois.

Pauline Marois affirme qu'il s'est créé 48 000 emplois en 2013, presque tous à temps plein, citant les données de l'Institut de la statistique du Québec. Le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, a rétorqué que la méthode choisie par la chef péquiste « cache la perte d'emplois et la paralysie en 2013. Les Québécois savent qu'il ne se crée plus d'emplois au Québec. »

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a renchéri, disant que le gouvernement péquiste n'avait créé aucun emploi à temps plein depuis son arrivée au pouvoir. Selon Mme Marois, les données qu'elle cite reflètent la réalité. Elle s'est aussi félicitée que le taux de chômage du Québec soit désormais comparable à celui de l'Ontario.

La co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a tenté de tirer son épingle du jeu en disant : « Vous êtes tous d'accord dans le fond. Il s'est créé des emplois, mais c'est insatisfaisant. Mais on n'a pas suffisamment stimulé l'économie. Nous voulons le faire par le transport en commun, des emplois dans les services, l'économie sociale, la culture », a-t-elle dit.

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2- La cimenterie de Port-Daniel-Gascons

La filière éolienne, les tarifs d'Hydro-Québec et le projet de cimenterie de Port-Daniel (un investissement de 450 millions de dollars de Québec) ont aussi été abordés. À ce sujet, François Legault a accusé Philippe Couillard d'être aussi « interventionniste » que le PQ, puisque les libéraux sont d'accord avec ce projet de cimenterie.

M. Couillard a répondu qu'il fallait poursuivre ce projet « parce que je veux des jobs pour les Gaspésiens. J'appuie ce projet et je crois que la majorité des Québécois l'appuient aussi », a-t-il répliqué.

3- L'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti

Françoise David a critiqué le projet péquiste d'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti. Selon elle, il s'agit d'une entreprise qui sera très polluante. Elle a demandé pourquoi le gouvernement ne miserait pas plutôt sur le transport en commun. Pour sa part, Philippe Couillard a dit que le Parti québécois faisait preuve d'« amateurisme et d'électoralisme » dans le dossier d'Anticosti. Selon lui, l'entreprise est trop risquée. « Vous voulez jouer à la loterie » avec l'argent des contribuables, a-t-il lancé à Pauline Marois.

La chef du PQ a répliqué en soutenant que le Québec en bénéficiera sur le plan des emplois et des revenus. De plus, ce pétrole sera exploité de façon responsable et sera transporté de façon sécuritaire, selon elle. Il s'agit d'un investissement rentable, a-t-elle affirmé, accusant du même souffle les libéraux de vouloir ajouter 15 milliards de dollars à la dette sur 10 ans en investissant dans les infrastructures.

4- Référendum ou pas?

François Legault a insisté pour que Pauline Marois dise clairement si elle tiendrait un référendum sur la souveraineté du Québec dans un prochain mandat.

« Il n'y en aura pas de référendum, tant que les Québécois ne seront pas prêts. Nous ne le ferons pas en cachette ou en pleine nuit », a répondu Mme Marois. « Pas comme dans la nuit des longs couteaux où on a adopté une Constitution contre [le Québec], et que M. Couillard voudrait signer », a-t-elle poursuivi, en visant le chef libéral. « Non, c'est une élection pour choisir un gouvernement ». Elle a répété qu'elle déposerait un livre blanc sur l'avenir du Québec.

Philippe Couillard a quant à lui rappelé que le référendum était le programme de Mme Marois et qu'il voulait défendre les intérêts du Québec, en travaillant d'abord à assurer la prospérité et la création d'emplois.

Sur la question nationale, Françoise David a demandé à M. Legault pourquoi il ne voulait pas épouser la cause souverainiste, « un beau projet de valeurs communes », selon elle. Le chef de la CAQ a dit que les deux tiers des Québécois ne voulaient pas de référendum. « Ce n'est pas le bon moment. On en a pour au moins 10 ans pour rétablir [une bonne situation économique] », affirme-t-il.

Mme Marois s'est par ailleurs dite prête à accueillir Mme David au sein de sa formation, puisqu'elle est souverainiste. Françoise David a rétorqué que l'idée de souveraineté n'appartient pas à un seul parti.