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Fonds secret de la SQ : des dépenses n'ayant aucun lien avec des enquêtes ont été effectuées

Fonds secret de la SQ : des dépenses n'ayant aucun lien avec des enquêtes ont été effectuées
PC

Alors que quatre hauts gradés de la Sûreté du Québec (SQ) sont accusés de vol pour avoir utilisé de façon illégitime la caisse secrète de la SQ, Radio-Canada a appris que ce fonds spécial a servi à plusieurs dépenses qui n'étaient pas nécessairement en lien avec des enquêtes.

Un texte de Christian Latreille

Notre enquête révèle que cette caisse de 25 millions de dollars a permis de faire beaucoup de dépenses au cours des 20 dernières années, à l'abri du regard du public.

Selon nos sources, des dizaines de milliers de dollars ont été dépensés pour aménager la sécurité de la résidence de fonction de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau, à Québec.

La location d'un logement dans le voisinage pour surveiller la maison, la rénovation du garage, où les policiers de la SQ se sont installés, les systèmes d'alarme et les heures supplémentaires des agents ont été payés par la caisse secrète.

Le fonds secret a également servi, à la fin des années 1990, à couvrir tous les frais pour la vente de la maison et le déménagement d'un haut gradé de la SQ, dont le nouveau voisin était membre du crime organisé.

C'est aussi avec cette caisse que la SQ a payé son premier véhicule blindé au coût de 300 000 $, après la crise amérindienne.

Selon nos informations, des centaines d'heures supplémentaires, effectuées, entre autres, lors d'enquêtes contre les motards, ont été payées aux policiers à même la caisse spéciale.

Une flotte de plus de 200 voitures destinées aux enquêteurs et des centaines d'ordinateurs portables ont aussi été facturés au fonds secret.

Pas de vérification

Cette caisse n'a pas été vérifiée par le vérificateur général depuis au moins 15 ans.

Selon Yves Gendron, professeur d'administration à l'Université Laval, le vérificateur général du Québec doit mieux surveiller l'administration de cette caisse secrète.

« Pour que les gens aient de tout temps une épée de Damoclès sur leur épaule et se disent : ''il faut qu'on fasse attention avec ce que l'on fait avec ce fonds-là, parce qu'on est sujet aux vérifications du VG qui peut se pointer n'importe quand'' », explique M. Gendron.

Marie-France Lebouc, spécialiste en éthique de l'administration, également à l'Université Laval, est du même avis que son collègue.

« On peut comprendre que c'est parfaitement légitime d'autoriser un corps policier à fonctionner de cette façon pour obtenir des résultats. En revanche, les règles doivent être respectées », estime-t-elle.

Si la SQ a dérogé aux dépenses permises à la caisse secrète, elle aurait dû obtenir l'autorisation du Conseil du Trésor. La SQ refuse pour l'instant de faire des commentaires.

L'ex-directeur général de la SQ, Richard Deschênes, ainsi que les hauts gradés Steven Chabot, Jean Audette et Alfred Tremblay sont accusés de vol, de fraude et d'abus de confiance pour avoir utilisé la caisse secrète dans le but, entre autres, de se verser des indemnités de départ. Ils doivent subir leur enquête préliminaire au mois d'avril.

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