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Janette Bertrand dévoile son mémoire sur la charte de la laïcité

Janette Bertrand dévoile son mémoire sur la charte de la laïcité

Janette Bertrand souhaitait profiter de son passage devant la commission parlementaire sur la charte de la laïcité pour inviter les partis de l'Assemblée nationale à adopter rapidement les dispositions qui font consensus.

Le mouvement des Janette a dévoilé lundi le mémoire que la grande dame de la télévision souhaitait présenter devant la commission parlementaire sur le projet de loi 60. L'audition a été annulée en raison du déclenchement des élections provinciales.

Dans son mémoire, Janette Bertrand offre son appui sans détour au projet de loi. Elle invite l'Assemblée nationale à «adopter de façon impérative tous les articles de la loi couvrant la fonction publique et toutes les personnes qui œuvrent auprès des enfants et des jeunes du primaire et du secondaire».

Janette Bertrand demande aussi que la neutralité religieuse et l'égalité homme-femme soient respectées dans tous les organismes et institutions financés par l'État.

Quant au crucifix, il devrait «rejoindre les objets patrimoniaux», plaide Janette Bertrand, en évoquant la neutralité de l'État.

Le mouvement des Janette est né à la suite de la publication en octobre dernier par Janette Bertrand d'une lettre ouverte appelant à protéger les acquis de l'égalité homme-femme. En plus de son auteure, elle était signée d'une vingtaine de personnalités féminines.

Bien qu'il soit signé «Le mouvement des Janette», le mémoire été rédigé par Janette Bertrand et n'est pas officiellement endossé par les signataires de la lettre ouverte. Il représente toutefois «l'esprit des Janette», explique une des membres du mouvement.

Éviter un retour en arrière

Janette Bertrand a choisi de publier son mémoire pour éviter qu'il tombe aux oubliettes si le gouvernement Marois est défait aux prochaines élections. Elle affirme toutefois que son mouvement est apolitique et qu'elle ne prévoit pas participer à des événements du PQ, ni organiser des manifestations comme celle de l'automne dernier.

Pour Janette Bertrand, la charte de la laïcité pourrait contrer une «monté des religions» qui lui rappellent l'hégémonie de l'Église catholique dans son enfance. «Je ne peux pas croire qu'on va encore laisser les hommes et les femmes être séparés par les religions, dit-elle en entrevue. Je me suis battue toute ma vie pour obtenir l'égalité homme-femme pour mes filles. Je ne veux pas qu'aujourd'hui mes petites-filles croient que c'est mal d'être une femme.»

Elle donne en exemple la photo de gardienne portant le niqab qui a circulé sur les médias sociaux l'automne dernier. «Que va dire la mère si l'enfant lui demande pourquoi elle, elle ne porte pas ça? Ou pourquoi l'éducatrice arrête de parler quand son mari rentre dans la pièce?»

Le port du voile signifie-t-il automatiquement un recul de l'égalité homme-femme? «Le voile, ce n'est pas un chapeau, dit Janette Bertrand. C'est le symbole d'une religion qui dit que le désir des hommes est si énorme qu'ils vont leur sauter dessus. Voyons donc, ils ne leurs saute même pas dessus alors qu'elles ont la poitrine ouverte.»

«[Les femmes voilées] sont le porte-étendard d'une religion qui lapide les femmes», ajoute-t-elle.

Celle qui a consacré sa vie à la cause féministe ne craint que employés se sentent obligés de démissionner devant l'obligation de retirer les signes ostentatoires. «Si on veut être pompier, il faut porter le costume, dit-elle. Elles ont le choix. Mais je souhaite qu'il y ait le moins de personnes possible qui perdent leur job.»

Elle croit même que la charte pourrait aider des femmes forcées de porte le voile. «Comme ça leur mari ne pourra pas les chicaner de l'enlever, dit Janette Bertrand. Aussi, ce sera plus facile pour l'employeur, qui ne se fera pas accusé de xénophobie.»

«Dans une certaine mesure, je ne suis pas sûre si on ne les libère pas.»

Quelques passages du mémoire

Dans son mémoire, Janette Bertrand affirme: «Aucune religion ne fait avancer l’égalité entre les femmes et les hommes. Les lois le font : droit de vote, droit à l’éducation, l’égalité durant le mariage pour les femmes dans le Code civil, droit d’accès à la contraception, équité salariale... Ce sont donc les représentants élus par la population qui font avancer les droits des femmes et les porte-parole des religions qui les font reculer en reléguant les femmes uniquement à leur rôle de procréatrice».

Après avoir relevé les pratiques inégalitaires au sein de l'Église catholique (dont le refus du droit à l'avortement), Janette Bertrand rappelle les sévices commis au nom des autres religions. «Les autres religions vont plus loin encore. La femme est au service de l’homme, sa propriété. Pensons aux 130 millions de femmes dans le monde qui sont excisées, donc privées de plaisir sexuel, à celles qui sont battues, lapidées, répudiées, brulées à l’acide par leurs maris, leurs pères ou leurs frères parce qu’elles auraient été déclarées par eux insoumises. Faut-il rappeler ici l’affaire Chafia?»

Janette Bertrand conclut son exposé en invitant le gouvernement à encadrer clairement les accommodements raisonnables. «Pour avoir la paix ou pour être gentils nous accommodons individuellement les nouveaux arrivants, écrit-elle. Mais nous ne sommes pas idiots quand même. Nous voulons bien ouvrir nos cœurs et nos portes aux nouveaux résidents, mais nous demandons en retour qu’ils respectent nos modes de vie et nos lois. Nous ne nous ferons pas respecter par des accommodements, des gentillesses, mais par des lois avec des balises claires.»

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