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Le Palais Garnier et le Ballet de l'Opéra de Paris vus de l'intérieur

Le Palais Garnier et le Ballet de l'Opéra de Paris vus de l'intérieur
Courtoisie / Jean-Pierre Delagarde

En marge de la conférence de presse annonçant la visite historique du Ballet national de l’Opéra de Paris à Montréal à l’automne 2014, les médias ont eu accès à une visite exclusive de l’Opéra Garnier. Le Huffington Post Québec a également réalisé une entrevue avec Hervé Courtain, premier danseur aux Grands Ballets canadiens de Montréal, qui a dansé pendant 12 ans pour la célèbre compagnie parisienne.

Longtemps appelé « Opéra de Paris », jusqu’à l’ouverture de l’Opéra de Bastille en 1989, le monument historique est aujourd’hui connu sous le nom de son architecte, Charles Garnier. À l’époque où Napoléon voulait souligner son pouvoir en faisant construire un nouvel opéra, le jeune architecte, pratiquement inconnu du milieu, a gagné l’un des premiers concours d’architecture publics de l’époque.

Bien que la construction de l’Opéra Garnier ait débuté en 1861, il a fallu près de quinze pour finaliser le tout, en raison d’un incendie et de perturbations sociopolitiques, qui ont interrompu les travaux. L’inauguration officielle a eu lieu le 5 janvier 1875.

Chaque année, plus de 700 000 personnes visitent le Palais Garnier et des centaines de soirées mondaines sont organisées dans les Espaces publics près de la grande salle.

Le théâtre

Théâtre à l’italienne doté de 2041 places, dont 1500 sont jugées intéressantes pour la vue, la salle de type Napoléon 3 est surplombée d’un immense lustre fait de cristal de bohème et de bronze, lourd de sept tonnes.

Au plafond, on retrouve une fresque aux couleurs vives qui détonne avec le reste du décor classique. Peinte par un étudiant sous les ordres de Chagal, l’œuvre est une commande du ministre des Affaires culturelles de l’époque, André Malraux.

«Lors d’un spectacle de musique auquel il accordait bien peu d’intérêt, Malraux a levé le nez au plafond et pris un instant pour observer la peinture qui s’y trouvait à l’époque, explique Gilles Djeraouane, l’intendant du Palais. Comme il l’a trouvait horrible, il a demandé à Chagal, qu’il a croisé à l’entracte, d’en produire une autre.»

Autre élément intéressant: la scène possède une inclinaison de 5 %, ce qui offre une meilleure perspective aux spectateurs dans la salle. Le Ballet de l’Opéra de Paris transporte d’ailleurs la scène partout où il va, afin que ses danseurs travaillent dans les conditions auxquelles ils sont habitués.

Foyer de la danse

Tout près de la scène, nous entrons dans le Foyer de la danse, où étaient jadis reçus quelques mécènes avant les représentations. On y retrouve une corniche avec une porte qui donne sur l’étage des danseuses. Très mal payées à l’époque, celles-ci choisissaient de là-haut le mécène de leur choix, avec qui elles arrondissaient leurs fins de mois.

Répétitions

Après avoir gravi quelques escaliers, nous pénétrons dans une salle de répétitions, située au-dessus du plafond du théâtre. Lors de notre visite, une quarantaine de danseurs répétaient Don Quichotte, à quelques jours d’une tournée au Japon.

Pendant que nous observons la maîtrise technique ahurissante des danseurs, et leur comportement passablement dissipé et bavard, il est impossible de ne pas être frappé par l’uniformité des danseurs. Les hommes ont presque tous la même coupe de cheveux et l’ensemble des danseurs présents était d’origine caucasienne, à l’exception d’une Asiatique.

Ateliers de costumes et de décors

Réputés pour leur collaboration avec de grands couturiers, tels Yves Saint-Laurent, Christian Lacroix, Marc Jacobs, Kenzo et Adeline André, les ateliers de costumes créent ou reprennent entre 2500 et 3000 costumes par année, afin de vêtir les 154 danseurs du BOP et les 130 étudiants de l’école de danse. Pratiquement tous les éléments des productions sont faits sur place et à la main: costumes, chapeaux, bijoux, décors, etc.

Pour la production de Paquita, qui sera jouée à Montréal l’automne prochain, 355 costumes traverseront l’Atlantique.

Un ancien du BOP aux Grands Ballets

Né à Versailles, en France, Hervé Courtain a dansé pendant 12 ans pour le Ballet de l’Opéra national de Paris, avant de tenter sa chance en Amérique: d’abord à Boston pendant un an, puis aux Grands Ballets canadiens de Montréal, où il danse depuis 2004.

Avant de faire sa place dans la prestigieuse compagnie française, il a fait ses classes pendant cinq ans à l’école du BOP. Ses objectifs professionnels étaient d’ailleurs très clairs dès un très jeune âge.«Lorsque tu es a l’École de danse de l’Opéra, en tant qu’enfant, on te conditionne à viser la compagnie. Toute ton attention et tes rêves sont tournés vers ça. Il y a peu de place pour une ouverture sur le reste des compagnies dans le monde.»

Il faut dire que le Ballet national de l’Opéra de Paris a de quoi combler plus d’un danseur. «On y travaille avec des gens qu’on connait depuis l’enfance. Nos liens sont forts et parfois chaotiques comme dans une famille. J’ai eu la chance d’y être apprécié et d’atteindre le rang de sujet à l’âge de 23 ans, ce qui m’a permis d’avoir des rôles de solistes, de corps de ballet et parfois des rôles d’étoiles.»

Chaque année, un concours annuel est organisé afin de combler les sections qui demandent de nouveaux visages. «On doit danser devant jury deux solos du répertoire de l’opéra, un imposé et un libre. Le titre d’étoile est accessible sur nominationseulement.»

Lors de la saison 2001-2002, le Français a pris une année sabbatique, durant laquelle il a tenté l’expérience au Boston Ballet, en tant que soliste. Deux ans plus tard, il a quitté le Ballet de l’Opéra de Parisdéfinitivement, au profit des Grands Ballets canadiens de Montréal.

«Après quelques années en tant que sujet au BOP, je sentais que je ne gravirais plus d’échelons. Je voulais continuer d’évoluer et ne pas avoir toujours les mêmes rôles. Je savais que même si la direction m’aimait et me donnait des responsabilités, il y avait des rôles auxquels je n’aurais jamais eu accès. Quand j’ai auditionné pour les GBCM, j’ai tout de suite été soliste, puis premier soliste l’année suivante, ce qui me donne accès aux rôles principaux.»

Bien qu’une feuille de route comme la sienne puisse susciter l’admiration, Hervé Courtain affirme que la réputation du BOP provoque également de la peur chez certains. « Les gens pensent souvent que les danseurs s’y comportent comme des divas, mais c’est en fait plutôt rare. C’est un métier qui demande de l’humilité, car tu es tout le temps remis en question pour ta technique et ta performance artistique. Tous les ans, de jeunes danseurs rentrent dans la compagnie, alors on peut très vite t’oublier.»

EN IMAGES:

Ballet de l'Opéra de Paris

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