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«Rhymes for Young Ghouls», la revanche d'une guerrière autochtone

«Rhymes for Young Ghouls», la revanche d'une guerrière autochtone
Les Films Séville

Pour son premier film, Rhymes for Young Ghouls, Jeff Barnaby n’est pas passé par quatre chemins. Drogues, alcool, meurtres, prostitution et suicides composent un récit ancré dans une réserve amérindienne alors en plein chaos. Rencontre.

«Je n’ai pas fait ce film pour me donner bonne conscience, déclare tout de go le réalisateur en entrevue. De toute façon, depuis les années 60, les autochtones ont été mis à toutes les sauces : du méchant sauvage au galop sur son cheval au vieux fumeur de calumet qui parle aux arbres.»

Barnaby, réalisateur, poète, peintre et musicien, est un Micmac du Québec. Avant de venir s’établir à Montréal, il a grandi dans la réserve Listuguj en Gaspésie. Ses souvenirs d’enfance demeurent terribles et résultent comme il tient à le rappeler d’un génocide culturel plusieurs fois centenaire. «J’ai été témoin de toutes ces blessures. Mon film réunit la violence et la tristesse qui existent toujours dans les réserves.»

Rhymes for Young Ghouls (primé à Tribeca) est également un ovni qui part dans tous les sens. Un patchwork pop-culture halluciné et hallucinant dans lequel Blancs et Autochtones se détestent. Drame social burlesque ou surréaliste, le long métrage va jusqu’à prendre des allures de science-fiction où se mêlent fantômes et zombies. «Ça reste du cinéma. Je veux amener le spectateur ailleurs qu’il ne se dise en aucun cas qu’il est devant la réalité.»

Même si le film tourné à Kahnawake se déroule dans une réserve micmaque fictive prénommée Red Crow, les clins d’œil historiques suintent de tous bords. On est en 1976, sous le joug de la Loi sur les Indiens.

«C’est l’époque où les autorités séparent les enfants de leur famille afin d’aller les assimiler dans des conditions inhumaines. Alia, le personnage principal du film a vécu la mort de son petit frère et de ses parents. Pourtant, elle refuse d’aller au pensionnat. Elle va tout faire pour y arriver, même si pour vaincre, elle devra passer par la vengeance.»

S’il a regroupé tant de haine sur sa pellicule, c’est d’abord pour en extirper une lumière qui prend les traits d’Alia. Jouée par l’excellente Kawennahere Devery Jacobs, cette adolescente au caractère bien trempé, vendeuse de pot à ses heures, représente l’héroïne par excellence. «Sans jamais renoncer, elle survit. Elle symbolise la force des Premières nations.»

Barnaby l’avoue, son long métrage, c’est d’abord la volonté de redonner à son peuple une certaine fierté. «Après avoir vu le film, une jeune autochtone est venue me voir pour me remercier d’avoir réussi à montrer des Amérindiens sans ce sentiment de honte ou de culpabilité. Alors, rien que pour cela, je suis content de l’avoir réaliser.»

Rhymes for Young Ghouls (Rimes pour revenants) – Les Films Séville – Drame – 85 minutes – Sortie en salles le 28 février 2014 – Canada, Québec.

Rimes pour revenants

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