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Quelle est votre valeur sur les réseaux sociaux ?

Combien valez-vous sur les réseaux sociaux ?
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Avez-vous une idée de votre valeur sur les réseaux sociaux ? À combien estimez-vous votre compte Facebook ? C'est la question qu'on peut se poser après les sommes vertigineuses engagées par les géants du Web. Le rachat du service de messagerie WhatsApp par Facebook: 16 milliards de dollars. Son concurrent Viber qui tombe dans l'escarcelle du Japonais Rakuten: 900 millions de dollars...

Des chiffres qui donnent le tournis, à tel point qu'on se demande si ces acquisitions ne sont pas surestimées par rapport à leur valeur réelle. WhatsApp dispose de 450 millions d'utilisateurs à travers le monde. Si l'on fait un simple calcul, cela reviendrait à dire que chaque compte de la messagerie est valorisé à 35,5 dollars, pour un service quasi-gratuit. En 2012, l'acquisition d'Instagram avait coûté à Facebook 200 dollars par utilisateur... De quoi se dire que vos photos, bien qu'extrêmement retouchées par les filtres du logiciel, avaient une belle valeur sur le marché de l'art.

Découvrez désormais à combien le rapport utilisateur/prix est évalué sur les principaux réseaux.

Avec WhatsApp, Facebook va gagner dans l'opération une grande masse de données sur les usages des consommateurs dans le monde. Des informations qui ont elles aussi de la valeur, relève IHS Technology. La forte présence de WhatsApp sur des marchés émergents clés, comme le Brésil et l'Inde, fourniront à Facebook des informations sur des pays où il n'avait pas développé de monétisation. Pour les analystes de Cantor Fitzgerald, "la valorisation semble raisonnable sur la base du prix par utilisateur".

Les chiffres cités ci-dessus ne sont évidemment que des moyennes. Difficile de mettre sur le même plan un Européen au pouvoir d'achat conséquent et un habitant d'un pays émergent. Le premier est une cible publicitaire déjà mature, tandis que le second est un e-consommateur balbutiant. Ce qui démontre que les investissements consentis sont des paris sur l'avenir.

Chaque réseau social a aussi ses caractéristiques. Un Facebook récolte un maximum d'informations globales, tandis que Twitter dispose de données plus fines sur les tendances de ses membres. WhatsApp permet quant à lui d'associer le numéro de téléphone à une personne. Sur Instagram, l'arrivée récente de la vidéo permettra développer des publicités quasi-personnalisées à ses utilisateurs. Et ce n'est que le début...

Comment nos données sont exploitées

Facebook et les autres utilisent nos données pour nous vendre de la publicité. Le premier réseau social du monde a accès à une grande partie de nos historiques de navigation et les utilise pour nous "profiler" afin de mieux cibler les publicités. Cette information est obtenue grâce à l’icône Facebook qui apparaît sur la plupart des sites web. Lorsqu’un utilisateur se connecte sur un site, par exemple Le HuffPost, qui contient l’icône Facebook, il envoie son "cookie" à Facebook. Facebook sait alors que l’utilisateur a visité le site HuffingtonPost.fr. Il peut ensuite lui proposer des encarts ciblés sur une personne qui consulte l'actualité. Il peut aussi lui proposer de "liker" une page en rapport.

Ce bouton "Like" permet aux marques de récupérer, à leur tour, des informations sur vous. Selon une étude d'Eventbrite publiée en 2011, un "like" rapporterait 1,34 dollar. Un tweet sur un événement payant rapporterait quant à lui 0,80 dollar. Sans le savoir, vous rapportez de l'argent à vos réseaux préférés. Sachez donc une chose: si vous utilisez gratuitement un service sur Internet, alors c'est vous qui êtes le produit.

Cette poursuite à la recherche des données privées constitue la nouvelle bataille commerciale. Les marques sont ainsi prêtes à tout pour disposer de vos caractéristiques, humeurs, motivations, afin de vous proposer le meilleur produit qui soit. Et ces montagnes d'informations valent de l'or, car une fois déposées sur Internet elles peuvent être vendues. Mais pas seulement par qui vous croyez.

Facebook ou Twitter ne sont que la face émergée

Il y a les grands groupes qui s'imposent à tout le monde, comme Facebook ou Twitter, mais aussi des sociétés moins connues. Ces dernières s'appellent des "data brokers", ou "courtiers en données". Grâce à de puissants algorithmes ils chassent les moindres données privées sur Internet et les reconstituent dans un ensemble cohérent. Une fois organisé, l'ensemble permet de dresser un profil d'utilisateur, qu'il est possible de voir évoluer en fonction de vos mises à jour laissées sur Internet.

Ces courtiers d'un nouveau genre sont déjà une bonne centaine aux Etats-Unis. Avec un leader, Acxiom, une entreprise inconnue du grand public installée au Texas. Malgré son relatif anonymat et son nom bizarre, Acxiom exploiteraient les données de 700 millions de personnes. Et ça rapporte: le groupe générerait un chiffre d'affaire de 1,1 milliard de dollars. Mais comment monétise-t-il votre vie? C'est simple, chaque événement a un prix.

Le trio âge-sexe-adresse constitue une base dans ce milieu, évaluée à 0,007 dollar. C'est peu, mais les prix montent vite. Si vous laissez des messages sur Facebook évoquant un prochain mariage, votre cote grimpe à 0,107 dollar. Vous prenez la photo d'une échographie sur Instagram (sous-entendu vous allez avoir un enfant), votre prix atteint 0,187 dollar. Si vous faites des recherches sur Google en rapport avec une maladie du coeur, vous grimpez à 0,447 dollar. Si vous cherchez à faire du sport pour maigrir, vous êtes évalué à 0,552 dollar

Au final, chaque somme est faible. Mais à l'arrivée le montant est colossal si on le multiplie par des milliards d'internautes. On estime à 315 milliards de dollars les données des Européens, avec un objectif fixé à 945 milliards de dollars d'ici 2020. Et tout ça, sans que vous touchiez le moindre centime...

Se réapproprier nos données privées

Certains internautes se sont élevés contre ces pratiques. Federico Zannier, un étudiant italien vivant à New-York, a tiré la sonnette d'alarme avec une démarche hors-norme: vendre ses données, soit sa vie privée en ligne, au plus offrant. Sur le site de financement participatif Kickstarter, le jeune homme propose ainsi à de parfaits inconnus d'acquérir une partie de sa vie sur le web. Objectif: alerter les internautes sur le nombre de données qu'ils cèdent sans se poser de questions aux géants du net.

En présentation, il précise avoir enregistré toute son activité en ligne depuis février: les pages visitées, les déplacements de sa souris, les touches de son clavier enfoncées, des photos de sa webcam, des captures d'écrans, mais aussi la géolocalisation de ses déplacements. Il a réussi à vendre ses données pour 2733 dollars, avec au passage une belle publicité pour son initiative.

Mais en attendant la révolte citoyenne, les start-up spécialisées dans la gestion des données personnelles prospèrent. Leurs analyses deviennent une science, et leurs domaines d'application de plus en plus nombreux. Les compagnes électorales sont désormais dopées au Big Data. Le premier à avoir utilisé cette nouvelle arme, c'est Barack Obama pour sa réélection en 2012. Il a notamment utilisé des données pour débusquer les électeurs indécis qu'il pouvait encore convaincre. François Hollande aussi a utilisé cette méthode.

Aux Etats-Unis, les banques utilisent aussi les données pour rattraper des clients mécontents. Le banquier peut accéder à vos données publiées sur les réseaux sociaux et constater les griefs sur l'établissement. Il peut ainsi vous proposer une offre exceptionnelle afin de garder les clients rentables dans ses rangs. Et ce n'est que le début...

Alors, vous trouvez toujours que ces start-up rachetées des milliards de dollars sont surévaluées?

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