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32e Rendez-vous du cinéma québécois : Antoine Bertrand, porteur de bonnes nouvelles?

32e Rendez-vous du cinéma québécois : Antoine Bertrand, porteur de bonnes nouvelles?
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Les Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ) s’ouvrent aujourd’hui. Antoine Bertrand, étoile du box-office 2013 grâce à son interprétation de l’homme fort Louis Cyr, dans Louis Cyr : l’homme le plus fort du monde, est porte-parole du festival, pendant lequel seront projetés plus de 300 films.

Et l’homme prend son mandat très à cœur. Lors du dévoilement de la programmation de cette 32e édition des RVCQ, Antoine, fidèle à lui-même, a poussé quelques blagues. Il a exprimé sa fierté d’être l’ambassadeur d’un événement promouvant le septième art d’ici, qu’il affectionne énormément.

Mais il s’est aussi montré un peu sévère, déplorant haut et fort les maigres parts de marché de 5,6% générées par les films québécois aux guichets en 2013. Il a ni plus ni moins sonné l’alarme, sans complaisance, et on aurait pu entendre une mouche voler dans le public pendant son petit discours.

«Si j’avais rapporté un bulletin de 5,6% à mon père, j’aurais mangé un coup de pied au cul, a-t-il martelé lorsqu’il a pris la parole devant une salle bondée de la Grande Bibliothèque. C’est le temps de se donner ce coup de pied au cul. On n’a plus le choix de se poser la question : qu’est-ce qui ne marche pas?»

Quelques minutes plus tard, en entrevue avec le Huffington Post Québec, le comédien a poussé la réflexion un peu plus loin, en soulignant que ces chiffres inquiétants ne peuvent être redevables qu’au grand public. Selon lui, c’est toute l’industrie cinématographique de la Belle Province qui est responsable de cette dérive.

«Quand un couple se sépare, c’est rare que c’est seulement la faute du gars ou de la fille, a-t-il illustré. C’est peut-être seulement que l’un n’a pas fait attention à l’autre, et vice-versa. Nous, on veut provoquer un rendez-vous, pour que les gens retombent en amour avec le cinéma québécois. La seule façon d’y arriver, c’est de consommer des films d’ici. Et en consommer, pas seulement par charité, mais parce qu’on en a envie. C’est un défi qu’on a, sans aucun doute, le talent de relever. Mais il faut aussi s’examiner le nombril et se demander ce qu’on a fait de pas correct.»

Bouche à oreille

Antoine Bertrand connait bien les rouages du milieu du cinéma et sait qu’on ne peut attendre des résultats mirobolants de tous les titres qui prennent l’affiche au cours d’une année, pour des raisons financières, de marketing, de diffusion, etc. Mais quand de gros canons dotés d’importants budgets et reposant sur une distribution de vedettes populaires ne parviennent pas à intéresser la population, il fronce les sourcils.

«Il y a des œuvres envers lesquelles on n’a aucune attente, a-t-il fait valoir. Quand un film sort dans sept salles, il ne peut pas se battre. Il faut donner la plus grande diffusion possible à notre cinéma. Mais quand nos blockbusters ne font pas mouche, là, c’est dur. C’est comme si on jouait au théâtre et, qu’un soir, il n’y avait que cinq personnes dans la salle. Ces cinq spectateurs, tu ne peux pas ne pas les conquérir. Parce que, si tu les perds, le bouche à oreille s’arrête là et, les soirs suivants, tu vas avoir quatre, trois, deux, un, puis plus aucun spectateur dans la salle.»

«En ce moment, on est en mode où, notre 5,6%, il faut qu’il aime tout ce qu’il va voir. À chaque fois que quelqu’un se déplace pour voir un film québécois, il faut lui donner envie d’aller en voir d’autres. Quand des blockbusters manquent la cible, c’est dommageable pour tout le monde, parce que ces films coûtent cher à produire. Ça met les gens en rogne, parce que c’est de l’argent qui vient d’eux. S’ils ne se sentent pas concernés par quelque chose qu’ils ont payé, ça nuit à tout le monde!»

En somme, aux yeux d’Antoine Bertrand, il est temps d’arrêter de chercher des excuses et de mettre la faute sur le dos des autres.

«Ce ne sont pas seulement des courants qui vont au gré du temps, et on est capables d’influencer les courants, a-t-il avancé. Ça passe par plusieurs choses, comme prendre le temps de développer les projets et les scénarios. Même si c’est plus long. Parce que ça fait de meilleures histoires. J’ai une théorie : peut-être que je me trompe, mais les bonnes histoires trouvent leur monde. Parfois, il faut leur donner un petit coup de main. Mais de blâmer le public qui n’est pas là, à mon avis, c’est la pire erreur qu’on peut faire.»

Immense honneur

Ceci dit, Antoine Bertrand aura quand même le cœur à la fête pendant les 10 jours que dureront les Rendez-vous du cinéma québécois. Parce qu’il caressait le rêve de jouer à l’écran depuis très longtemps, parce que ce métier le passionne depuis toujours, d’être associé à ce carrefour où on célèbre le talent d’ici, il estime que c’est un grand honneur.

«À la première édition de la Soirée des Jutra, en 1999, j’étais bouche-trou, s’est remémoré l’acteur. C'est-à-dire que j’allais m’asseoir dans la salle pour occuper les sièges des gagnants partis chercher leur prix. 15 ans plus tard, je me retrouve porte-parole du plus gros festival de films québécois. En plus, le film auquel j’ai participé a cartonné et ramassé plein de nominations (NDLR : Louis Cyr : l’homme le plus fort du monde a récolté 11 nominations en vue du prochain gala des Jutra). Ça me tient beaucoup à cœur et ça vient meubler mon émotion.»

Et quel a été son long-métrage québécois favori des derniers mois?

«J’ai un gros faible pour Le démantèlement, qui est un film magnifique.»

Les RVCQ en bref

La 32e édition des Rendez-vous du cinéma québécois s’étalera du 20 février au 1er mars et permettra aux cinéphiles de visionner 320 films, dont 97 primeurs, 40 longs-métrages de fiction, 69 documentaires, 113 courts-métrages de fiction, 41 films d’art et d’expérimentation, 19 films d’animation et 37 films étudiants. Les projections ont lieu à la Cinémathèque québécoise, au Cineplex Odeon Quartier Latin, à la Grande Bibliothèque, au pavillon Judith-Jasmin Annexe (ancien cinéma ONF) et au Cinéma Impérial. Une sélection d’œuvres est également disponible à la télévision et sur le web.

Plusieurs événements, dont plusieurs sont gratuits, comme des tables rondes, des Nuits Blanches, des remises de prix, des hommages et autres, se greffent à la proposition des RVCQ, qui offrent ainsi un panorama des plus variés.

C’est la première du film Miraculum, de Podz, dans le cadre des Soirées Tapis bleu, qui lancera les RVCQ, ce soir. Parmi les autres primeurs à signaler pendant le festival, mentionnons 3 histoires d’Indiens, de Robert Morin, Que ta joie demeure, de Denis Côté, L’ange gardien, de Jean-Sébastien Lord, et Bunker, de Patrick Boivin et Olivier Roberge.

On consulte toute la programmation au www.rvcq.com. En 2013, environ 70 000 personnes avaient pris part aux Rendez-vous du cinéma québécois.

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