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«La fin des contes pour enfants» : la lumineuse Tania Kontoyanni explore la noirceur de l'âme humaine

«La fin des contes pour enfants» : la lumineuse Tania Kontoyanni explore la noirceur de l'âme humaine
Courtoisie

Quand il est question de la comédienne Tania Kontoyanni, on est loin de penser à une femme sombre, déshumanisée et dangereuse pour l’autre. C’est pourtant la nature profonde du personnage qu’elle interprète dans La fin des contes pour enfants, une pièce qui dissèque les relations mère-fille et les multiples obstacles à la communication.

«Le personnage de la mère est si loin de moi que cela m’a accrochée tout de suite, révèle l’actrice. J’ai l’impression d’être une femme très humaniste, altruiste et la plus généreuse possible, alors que Marie est une espèce de mante religieuse qui dévore son entourage. Elle est incapable de faire éclore le bonheur autour d’elle et on la sent toujours aux prises avec une espèce de cynisme et de fatalité.»

La pièce se concentre sur la relation entre une mère obnubilée par sa beauté et l’une de ses filles, qui ne brille pas et qu’elle ne comprend pas. «On fouille les blessures et les conséquences de leur non-relation, de leur incapacité à communiquer et du manque de figures de références dans notre vie.»

Au-delà des rapports mère-fille, le texte aborde de front les relations avec les hommes, la banalisation de la sexualité, la tentation du suicide et l’automutilation. La dramaturge Renée Beaulieue attaque plusieurs tabous avec le même réalisme brutal que dans le film Le Ring, qu’elle a scénarisé il y a quelques années. «La langue de la pièce est un peu plus littéraire que le film, mais ça reste un langage quotidien très cru qu’on utilise quand on n’est pas tout à fait dans la représentation de soi. On sent que Renée vient du cinéma. C’est très vrai.»

Présentée au Théâtre Outremont jusqu’au 28 février prochain, La fin des contes pour enfants avait été jouée à l’Espace Cercle Carré en 2012. Après chaque représentation, les membres de la distribution réalisaient à quel point l’histoire était percutante, grâce à leurs discussions avec le public. «Ce n’est pas un texte à message, puisqu’il nous laisse presque entièrement avec nos réflexions. Mais on se questionne franchement à savoir si on a encore accès à la profondeur d’une personne, si on est capable de voir de quoi est faite la vie intérieure de ceux qui se trouvent à nos côtés.»

La relation qui unit Marie et sa fille est à ce point distante, voire inexistante, que les deux comédiennes n’ont pratiquement aucun contact sur scène. Une réalité qu’est loin de partager la comédienne, elle-même mère d’un garçon et belle-mère des filles de son conjoint, Luck Mervil.

«Dans ma vie, j’ai découvert que la maternité ne venait pas seulement avec l’instinct de préserver son petit. C’est aussi avoir une compassion et un altruisme pour cet être humain, qui est détaché de soi dès sa mise au monde. C’est une façon de se mettre au service de cette vie qui veut pousser en essayant de l’outiller au maximum. Mais le personnage de Marie est dépourvu de cela.»

Ironiquement, cette femme en apparence si loin de Kontoyanni a fini par la confronter à une part d’elle-même qu’elle ne soupçonnait pas. «J’ai réalisé un jour que j’avais certains points communs avec elle. On a tous en nous un endroit où l’on est seul et où l’on n’inviterait personne. Il a fallu que je visite cet endroit-là, plein de zones d’ombres, pour bâtir mon personnage.»

N’hésitant pas à creuser l’imperfection humaine, la production offre aux spectateurs un accès direct à un univers extrêmement intime. «La mise en scène a quelque chose de cinématographique. Les gens vont probablement se sentir un peu voyeurs…»

La fin des contes pour enfants est présentée au Théâtre Outremont du 20 au 28 février 2014. Cliquez ici pour plus de détails

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