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Les caresses, prélude de l'érotisme

Pourquoi votre couple a besoin de caresses
GL

Il ne sait pas se servir d'un ordinateur, n'a pas pratiqué les sites de rencontres ou la pornographie en ligne... Pourtant cet homme de 81 ans connait bien son sujet: l'amour, ou plutôt... faire l'amour. Depuis plus de trente ans, le docteur Leleu sensibilise les Français à l’érotisme.

"Aujourd'hui on ne se caresse plus, il n'y a plus d'érotisme. Dans notre société, dictée par la pornographie, les célibataires ou les couples ne prennent plus le temps de séduire et de se faire plaisir", déplore-t-il.

Vieillot? Un tantinet, mais il assume. Sexologue et thérapeute de couple, Gérard Leleu nous a expliqué à l'occasion de la sortie de son nouveau livre Les plus belles caresses d'amour, l'importance psychique et physique des caresses pour l'être humain.

Et s'il a choisi le mois de la Saint-Valentin pour publier son dernier ouvrage, ce n'est pas, dit-il, par stratégie. Non, ce dernier parle plutôt d'un "message destiné aux couples", façon de remettre le couvert. Car ces caresses, il les évoquait en effet déjà en 1983 dans son Traité des caresses. Depuis, il n'en démord pas. Face à tous les risques qui pèsent sur le couple, les caresses seraient plus que jamais nécessaire.

"Limiter la relation "charnelle" entre la femme et l'homme à la jonction des organes sexuels, c'est perdre la plus grande partie du bonheur qu'elle est susceptible de nous offrir. En revanche, étendre cet échange au-delà des quelques centimètres carrés des sexes à toute la surface de la peau, c'est découvrir un bonheur sans limites: c'est le but des caresses". Ainsi débute ce trentième ouvrage de celui qui est souvent qualifié de "sexologue le plus populaire de France".

Les caresses, ou l'anti-pornographie

De quoi répondre à l'évolution des pratiques sexuelles et de ses représentations qui ont marqué ces trente dernières années.

"En 1983, on a était encore dans la révolution sexuelle. Le sexe, c'était l’exploit, la découverte des positions, les performances. Mais en réalité, ce n'était pas le cas. Les femmes qui venaient me consulter étaient tristes. Si elles me parlaient beaucoup de sexe, elles disaient aussi ne pas se sentir assez aimées" se souvient le sexologue.

Depuis, ça ne s'arrange pas. "Aujourd'hui, je vois des gamins de 14 ans en consultation qui me demande comment ils doivent faire pour 'prendre' une fille. Par derrière ou par devant?", remarque-t-il.

En cause, selon lui? La pornographie, qui se seraient substituée pour certains jeunes à une véritable éducation sexuelle. "Il y a finalement peu de communication autour de l'acte sexuel en lui-même, par conséquent les jeunes prennent exemple sur ce qu'ils voient" continue Gérard Leleu.

Éloge de la lenteur

La solution: Les caresses. "Il faut essayer la caresse"s'exclame le sexologue. Il y a une surface exploitable incroyable. Plus de 18 000 cm² de peau et qui contient plus de 1.5 millions de micro-capteurs sensibles: chaud, froid, plaisir, douleur. En se caressant on produit de l'ocytocine (l’hormone de l'attachement), qui est très bonne pour la santé et lutte contre: la dépression, la solitude, le manque d'amour, la maladie...

Prélude à l'érotisme, les caresses exigent au contraire de prendre du temps, d'y aller par petite touche. En ce sens, elles seraient l'antithèse des relations sexuelles minutées que nous proposent le cinéma et la réponse à une autre tendance, corollaire à la pornographie qui feraient de la femme davantage un objet, qu'un sujet.

Or caresser, c'est d'abord considérer. "Les caresses, c’est ce qui montre à notre partenaire qu’il ou elle n’est pas un objet sexuel, que ce n’est pas son sexe qui est visé mais que c’est son être tout entier qui est considéré. La caresse, c’est ce qui élève l’autre au statut de sujet : qui a un cœur, une sensibilité, des rêves, des espoirs, des blessures…" explique le docteur Leleu, comme une évidence.

Faire durer

Ce serait même le meilleur moyen d'entretenir son couple. Montrer tous les jours à sa moitié qu'on l'aime, à travers des gestes et des petites attentions, et pour lui essentiel afin d'apporter équilibre et stabilité à une relation amoureuse. Stress? Vie professionnelle qui déborde sur la vie privée? Pour Gérard Leleu, "il suffit de trouver le temps, et de se garder des moments à deux".

Enfin, ne pas oublier la caresse gratuite, sans raison, celle qui contrôle "l'amour égoïste". Ou penser en priorité à la réaction et au plaisir de l'autre plutôt qu'au sien. Le préalable pour faire revenir le romantisme et l'érotisme dans un couple qui vit en fonction d'une routine? Sans doute, à condition que l'autre ne nous oublie pas non plus.

"Aujourd'hui cette célébration de l'amour a perdu de son importance. Elle ne signifie plus la même chose. Cette fête est devenue purement commerciale. On s'offre l'éternel cravate et l'éternel bijou, mais on ne concrétise plus l'amour. Pourquoi ne pas la mettre un dimanche déjà, les couples auront plus de temps pour s'occuper l'un de l'autre et auront moins la tête prise par leur travail" explique-t-il en souriant. Mais le sexologue ne désespère pas, "l'érotisme sera de nouveau présent dans la chambre à coucher dans quelques années. Quand les gens auront compris l'importance du toucher, les choses rentreront dans l'ordre naturellement."

La petite histoire de la Saint-Valentin racontée par le docteur Leleu:

En l'An 470 l'évêque Valentin donne l'autorisation aux chrétien(ne)s d'épouser des païen(ne)s (chose qui n'était pas toléré par l'église avant). Au XIIe siècle, la journée de la Saint-Valentin se traduit par la décoration de la ville ou du village, des chants,

des danses et des mimes dans la rue, qui célébraient la beauté de la femme et son pouvoir érotique.

Les femmes mariées pouvaient choisir, exceptionnellement pour la journée, un "Valentin" – où on leur affectait un amoureux d’un jour, un célibataire. La femme pouvait, le temps d'une journée, prendre sa revanche. La liberté se limitait à danser avec lui, ce qui constituait une transgression à l'époque car une épouse n’avait le droit de danser qu’avec son époux. C’était un renversement temporaire de l’autorité maritale qui compensait l’ennui du mariage patriarcal (les maris toujours nettement plus vieux et leurs étaient imposés).

Mais au XVIIIe siècle l’Église n’accepta plus l’aspect érotique qu’avait pris cette fête, ni les adultères qu’elle entraînait.

Alors pourquoi ne pas essayer de se caresser pour la Saint-Valentin. Découvrez 6 endroits de votre corps à caresser pour faire "frissonner d'amour" votre partenaire:

La bouche

6 endroits du corps à caresser

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