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«Fuck» : on en sait plus sur l'origine du gros mot anglais le plus célèbre

«Fuck» : on en sait plus sur l'origine du gros mot anglais le plus célèbre

hold that thoughtexhibition in dekokelders " data-caption="Fuck you alex farrar & justin goskerhold that thoughtexhibition in dekokelders " data-credit="Gerard Stolk vers le Mardi gras/Flickr">

C'est sans conteste l'un des mots les plus sales de la langue anglaise. L'un des plus utilisés aussi. En témoigne le dernier opus de Martin Scorsese, Le Loup de Wall Street dans lequel il ne revient pas moins de 569 fois. C'est que ce "four letter word" comme l'ont pudiquement baptisé les anglo-saxons n'est pas qu'un mot, c'est une passion. Et quand une nouvelle trace de son utilisation surgit des tréfonds de l'histoire, le web s'enflamme.

La preuve, il y a quelques jours lorsqu'un étudiant britannique à l'université d'Oxford a publié la photo d'un manuscrit du XVIe siècle. En dessous d'un paragraphe en caractères gothiques furent rajoutés à la main les caractères suivants: "O D f***** abbot", abbot signifiant abbé, ce qui pourrait se traduire par "put**n d'abbé", bien que cela soit sujet à débat (nous y reviendrons).

Selon l'étudiant, cette inscription datant de 1528 serait la première occurrence du mot à quatre lettres. De quoi s'attirer l'attention des sentinelles de la langue anglaise qui n'ont pas manqué de rectifier le tir.

Le site io9 rappelle que, techniquement, le mot est apparu au moins deux fois entre 1500 et 1528. Une première dans le vers suivant où le terme était une fois de plus utilisé pour qualifier... des moines.

"Non sunt in coeli, quia gxddbov xxkxzt pg ifmk" peut-on ainsi lire. Et si vous ne voyez pas le mot en question, c'est normal, son caractère subversif en aurait interdit la rédaction telle quelle. Ici, le vilain mot se cache derrière le terme "gxddbov" lequel décodé donne "fuccant".

Une seconde fois dans un poème écossais de 1513, cette fois-ci en pleines lettres puisque l'on peut lire "fukkit".

Les auteurs du blog So Long As It's Words vont plus loin (en arrière) puisqu'ils ont relevé des occurrences avant le XVIe siècle.

Ainsi, en l'an de grâce 1286, l'un des palefreniers du roi Edouard 1er se vu surnommé Fuckebegger dans un manuscrit.

Un document de l'année suivante indique que la forêt de Sherwood abrite le lieu-dit Ric Wyndfuk.

Un autre, de 1290, évoque un certain "Simon Fukkebotere", dont le patronyme évoque du beurre. Inutile de se demander ce que ledit Simon faisait avec du beurre, puisque la racine "fuk" aurait ici un autre sens.

Une origine germanique

D'après la linguiste Jesse Sheidlower, auteur d'un ouvrage et éditrice du Oxford English Dictionnary qui fait référence, le terme aurait véritablement intégré la langue anglaise au XVe siècle.

Sa racine serait germanique et proviendrait du Frison, du Hollandais ou de l'Allemand ancien, et signifierait originellement frapper, ce qui laisse à penser que Simon Fukkebotere versait davantage dans l'industrie laitière (lui ou l'un de ses ancêtres devait battre du beurre) que dans celle du sexe.

Mais qu'en est-il de notre "f***in abbot"? Interrogée par iO9, la linguiste Melissa Mohr est partagée:

"Difficile de dire si 'f***in' signifie ici 'faire l'amour', comme pour dire 'ce type fait trop l'amour pour quelqu'un qui est censé être célibataire', ou s'il est utilisé comme amplificateur (en ce sens, cela se traduirait par: put***n d'abbé, ndlr) pour exprimer son désarroi. Si c'est le cas, cette référence antidate le premier usage connu du mot de cette manière de trois siècle. Les deux options sont possible, l'abbé en question, John Burton, était un homme dont la morale monastique était douteuse".

Quoi qu'il en soit, la communauté de passionnés du mot à quatre lettres a désormais une certitude, non, il ne dérive pas du privilège accordé par le roi aux couples désirant procréer. Selon un vieille légende, lorsque les relations sexuelles étaient interdites dans l'Angleterre du XVe siècle, les couples qui voulaient avoir un enfant devaient en faire la demande et afficher le texte les y autorisant sur leur porte. "Fornication under consentment of the King" (fornication avec le consentement du roi) aurait-on pu y lire. Mais comme c'est un peu long, les quatre lettres aurait fait l'affaire. Hypothèse qui n'a pas résisté aux assauts des étymologistes tout en continuant de charmer la croyance populaire...

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