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L'ovni de la Berlinale, entrevue avec Michel Houellebecq

L'ovni de la Berlinale, entrevue avec Michel Houellebecq
Ismaël Houdassine

Berlin – Étrange film que cet Enlèvement de Michel Houellebecq, un docu-fiction réalisé par Guillaume Nicloux et qui retourne sur la fameuse semaine de septembre 2011 où l’écrivain français en pleine promotion d’un de ses romans avait soudainement disparu des écrans radars ne donnant plus aucune de ses nouvelles. Présentée à la Berlinale dans la section Forum, l’œuvre aussi drôle que pittoresque permet à l’enfant terrible de la littérature française de jouer son propre rôle dans une mise au point savoureuse. Rencontre.

Deux événements aux antipodes l’un de l’autre ont lieu à la Potsdamer Platz presque au même moment. Évidemment, toutes les têtes sont tournées sur la conférence de presse ultra-hollywoodienne de The Monuments Men signé George Clooney. De son côté, l’auteur de La Carte et le Territoire — lauréat en 2010 du prix Goncourt — accorde discrètement ses entrevues dans les locaux désertés au 6e étage du Filmhaus Arsenal.

Loin du glamour et du tapis rouge, L’enlèvement de Michel Houellebecq vaut à lui seul franchement le détour. Et puis, avec un titre pareil, plus aucun doute n’est permis. Alors qu’il retourne bien tranquillement chez lui, l’écrivain est kidnappé par des malfrats pour être ensuite séquestré quelque part dans la campagne, entouré de ses ravisseurs et des parents de l’un d’entre eux.

«N’exagérons rien, déclare Houellebecq. Je n’ai pas trop été maltraité. Même si depuis, je suis assez content d’en être sorti. Disons que ce qui est le plus troublant, c’est que ma vie ordinaire n’est pas plus intéressante».

Mais on n’en saura pas davantage sur les fameux ravisseurs. «Je ne sais pas qui ils sont, rétorque-t-il le petit sourire au coin des lèvres. En tout cas, une chose est certaine, François Hollande n’aurait jamais payé la rançon. Son gouvernement aurait d’ailleurs été content de mon enlèvement. Peut-être Frédéric Mitterrand l’aurait payé, mais je me fais sans doute des illusions».

Au fait, combien vaut-il Houellebecq? «Oh, vous savez, pas grand-chose… Probablement moins cher qu’un joueur de football. De toute façon qu’importe le prix, ça n’en vaudrait vraiment pas le coup d’acquitter la somme».

En ce qui concerne un véritable kidnapping, l’écrivain admet qu’il en a un jour sérieusement pensé lors d’un voyage au Mexique. «Arrivé là-bas, je me suis demandé qui pourrait avoir l’idée de m’enlever. C’est très courant dans ce pays. Il suffit d’être un peu connu. Je me suis aussi interrogé sur celui qui aurait pu payer. Je pense que mon éditeur aurait été le seul à le faire. Ah oui! et aussi Frédéric Mitterrand comme je l’ai déjà dit».

L’Enlèvement de Michel Houellebecq raconte sur le mode faux canular les circonstances d’un enlèvement imaginé par le réalisateur Nicloux. Pourtant, dans les faits, l’écrivain ne s’est jamais rendu compte de son absence. «Il ne s’est rien produit durant cette semaine de septembre 2011, rappelle-t-il. Je n’ai pas réalisé ce qui s’est passé. Ma connexion internet est tombée en panne, alors je n’ai pas pu réserver mon billet d’avion ni confirmer les rendez-vous. J’ai appris seulement plus tard la panique des médias quant à mon absence».

Quand Houellebecq incarne Houellebecq

Houellebecq acteur? Pourquoi pas puisqu’il a déjà porté la casquette d’un chef de police dans la télésérie L'Affaire Gordji, programmé sur la chaine Canal +. S’il a accepté à nouveau l’expérience, c’est d’abord pour la nouveauté. «Je n’avais jamais fait cela avant. Par contre, j’ai hésité avant de dire oui, car ça représente une certaine responsabilité. Je me disais que cela coûte de l’argent. Si je suis nul comment vont-ils faire? D’abord, ce n’est pas vrai qu’on peut tout couper au montage».

Entre l’angoisse de décevoir et l’envie de s’amuser, Houellebecq s’est finalement jeté dans l’aventure. «Le jeu d’acteur ne me rappelle rien de ce que j’ai l’habitude de faire. C’est très curieux et bizarre comme expérience qui pourrait se rapprocher un petit peu de l’hypnose».

Interpréter son propre rôle n’y change rien. «Me mettre dans ma peau ou celle d’un autre, c’est un peu pareil. Il n’y a pas de différence. Tout va de l’improvisation. On ne sait jamais trop ce que je vais dire. C’est surprenant. Bon, s’il le fallait, je serais capable d’apprendre un texte. Mais comme j’aurai tendance à le réécrire, je pourrai par conséquent devenir très pénible».

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