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Enlevé en Syrie, Carl Campeau raconte sa captivité et son évasion

Enlevé en Syrie, Carl Campeau raconte sa captivité et son évasion
Getty

Carl Campeau a su qu'il était dans une situation dramatique lorsque l'un des hommes armés qui le retenaient en otage lui a posé une question surprenante : « Bachar Al-Assad ou Oussama ben Laden? » Une question pour savoir s'il appuyait le régime syrien ou Al-Qaïda.

Jusqu'à ce moment, l'avocat originaire de Montréal à l'emploi des Nations unies croyait que ses ravisseurs allaient le libérer en acceptant l'argent et la voiture qu'il leur avait offerts. Mais Carl Campeau a réalisé qu'il s'était fait enlever par des combattants liés à Al-Qaïda. Il ne serait donc pas si facile de se tirer de cette situation.

Lors d'une entrevue accordée à Radio-Canada à Vienne, où il vit, Carl Campeau a raconté son calvaire et comment il a réussi à échapper aux griffes de ses ravisseurs.

Il a été enlevé en février 2013, alors qu'il se dirigeait vers la capitale Damas. L'avocat revenait de la frontière israélo-syrienne, où il travaillait pour la force des Nations unies chargée de veiller au respect du cessez-le-feu sur le plateau du Golan.

Sur la route, il a croisé un petit groupe armé, dont les membres qui l'ont arrêté étaient extrêmement nerveux. « Ils savaient que j'étais un employé de l'ONU. Ils avaient attrapé un gros poisson », raconte-t-il. Le Canadien a ensuite été transporté dans une villa près de la route principale. Lors des premières semaines de sa captivité, il était enfermé dans une pièce sans lumière. « C'était un sentiment terrible », se rappelle-t-il.

Ses ravisseurs lui ont dit que la participation du Canada en Afghanistan faisait de lui une cible. « Pour eux, nous sommes en haut de leur liste d'ennemis. Cela faisait de moi un prisonnier de guerre, pas seulement un otage. »

Peu avant son évasion, Carl Campeau a accepté de se convertir à l'islam comme le demandaient ses raviseurs. « Ils ont réagi extrêmement bien, puisqu'à partir de ce moment, ils m'ont dit : "Maintenant tu es un frère. On ne peut plus te tuer". » Sa vie en captivité s'est alors grandement améliorée. Ses kidnappeurs lui permettaient de sortir à l'extérieur et de prier avec eux cinq fois par jour.

C'est en octobre 2013, après huit mois de captivité, qu'il a réussi à s'échapper. Un matin, M. Campeau a découvert que la porte de la pièce où il était enfermé n'était pas verrouillée. Il est sorti et constaté qu'il était seul. Les armes de ses raviseurs étaient là, sans surveillance, en ce début de la fête Aïd al-Fitr qui marque la fin du Ramandan.

Le Montréalais d'origine a alors enfilé un foulard rouge porté par de nombreux locaux dans cette région et s'est sauvé. Il a entrepris une dangereuse marche dans les champs et les canaux d'irrigation, jusqu'à ce qu'il trouve l'armée syrienne, trois heures plus tard. Après avoir été interrogé par des militaires, il a été transporté au ministère des Affaires étrangères du pays.

Carl Campeau insiste pour dire que les Nations unies n'ont payé aucune rançon. « Je suis venu à ma propre rescousse. Je suis fier de ça. »

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