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«22 Câline de blues»: Mario Saint-Amand, au-delà de Gerry (VIDÉO)

«22 Câline de blues»: Mario Saint-Amand, au-delà de Gerry (VIDÉO)

C’est Mario Saint-Amand le chanteur, et non pas le comédien, qui sillonne actuellement les scènes de la province avec son 22 Câlines de blues, un spectacle dans lequel il revisite les plus grands succès de Gerry Boulet et d’Offenbach en nous racontant l’histoire derrière chacune des chansons, l’inspiration qui a guidé leurs créateurs.

Celui qui a prêté ses traits à Gerry dans le film du même titre, en 2011, n’emprunte pas les intonations de la légende décédée pour ce tour de chant, mais met plutôt de l’avant sa propre voix, reconnaissable entre mille. Il nous offre aussi quelques morceaux de son répertoire personnel et, encore là, il nous explique la genèse de ces écrits.

Cet enrobage est-il réellement nécessaire? La question se pose. Pas que le concept soit inintéressant; au contraire, Saint-Amand semble vouer un immense respect aux plumes qui ont alimenté le parcours de Gerry Boulet et d’Offenbach. Et le récit de la naissance de certaines de ces pièces qui ont traversé le temps est intéressant à découvrir. Mais le public qui remplissait le Théâtre St-Denis, à l’occasion de la première montréalaise du 22 Câline de blues, mardi soir, semblait avoir davantage envie de s’éclater, de crier, de chanter et de danser sur ces airs mythiques. Les applaudissements qui se sont élevés sur les Ayoye, Chu un rockeur, Seulement qu’une aventure et Pour une dernière fois en faisaient foi. Quand Mario a tendu son micro et a laissé la foule entonner un segment des Yeux du cœur – bouleversante même sans vis-à-vis féminin -, le parterre a poussé la note avec émotion, sans se faire prier. «Vous chantez ben!», a acquiescé l’hôte, ravi de voir les spectateurs embarquer dans sa belle folie. Pendant Toujours vivant, le party s’est littéralement emparé d’une salle qui n’attendait que le signal pour se lever et se déhancher. Peu après, à la toute fin, La voix que j’ai, redécouverte par plusieurs il y a deux semaines à La voix, a injecté une atmosphère presque solennelle, empreinte de sincérité.

Certes, les gens étaient attentifs aux hommages de Mario aux Pierre Huet, Breen Leboeuf, Michel Rivard, Jean Houde et autres Denise Boucher qui ont façonné l’univers d’Offenbach, mais on sentait que la musique aurait pu prendre toute la place. Ou, à tout le moins, plus de place.

Du blues, moins de rock

Mario Saint-Amand s’approprie les morceaux de Gerry et d’Offenbach en leur insufflant de puissantes doses de blues, en les étirant et en les polissant, langoureusement, presque suavement par moments, davantage qu’en les rockant. Le résultat est parfois heureux, parfois moins. Par exemple, on a bien aimé sa relecture de Mes blues passent pu dans porte et sa finale plaintive, presque geinte. L’homme se fait assez confiance pour livrer les vers à sa façon, sans complexe, inversant les «immoral» et «illégal» du premier couplet et transformant complètement certains rythmes d’origine. Une audace plaisante à entendre. Son Câline de blues, au rappel, se voulait frénétique. Aux côtés d’un Mario qui hurlait presque certains passages, la violoniste Marie-Soleil Bélanger jouait comme si sa vie en dépendait.

En revanche, on a un peu perdu – et regretté – l’essence rock d’Angela, et sa version empressée d’Un beau grand bateau ne nous permettait pas de déguster pleinement ce magnifique texte. Heureusement, l’interprète y est allé un peu plus mollo sur le refrain. On salue son cran d’avoir su modifier les airs pour bien se les mettre en bouche mais, dans certains cas, l’exercice est poussé un peu trop loin.

Peut-être reste-t-il seulement à Mario à trouver le juste équilibre entre ses accents de blues, à mieux définir son terrain de jeu. Mais ce n’est pas un gros handicap; visiblement, l’artiste maîtrise bien son matériel, et sa passion est communicative. Et son intensité, à elle seule, déplacerait des montagnes. D’ailleurs, le chanteur a paru égaré ici et là - même assagi, Mario Saint-Amand demeure Mario Saint-Amand! -, mais ce trouble était tellement typique du personnage qu’il faisait simplement rigoler. «On t’aime, Mario!», se sont d’ailleurs exclamé quelques irréductibles à deux ou trois reprises.

Mario Saint-Amand a profité de sa rentrée montréalaise pour lancer l’album 22 Câline de blues, sur lequel se trouvent toutes les chansons du spectacle. Pour connaitre toutes les dates de la tournée, on consulte le www.mariosaintamand.com.

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