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« Les problèmes de Couillard commencent », dit Fatima Houda-Pepin

« Les problèmes de Couillard commencent », dit Fatima Houda-Pepin
PC

La députée de La Pinière, Fatima Houda-Pepin, ne digère pas que le Parti libéral ne lui ait « pas donné d'autre choix » que de quitter la formation, si elle tenait à défendre une interdiction partielle du port de signes religieux dans la fonction publique.

Elle dénonce l'impossibilité de tenir une discussion au sein du caucus sur un enjeu aussi important, et croit que le leadership du chef libéral, Philippe Couillard, s'en trouvera affaiblie.

En entrevue à l'émission radiophonique C'est pas trop tôt! de Radio-Canada, elle a dénoncé les pressions au sein du caucus pour qu'elle se conforme à la ligne de parti.

« Je n'ai pas [eu] d'autre choix [après que] M. Couillard m'a donné l'ultimatum. Tu te rallies. Tu adoptes la position qu'il va annoncer aujourd'hui, qui est une position alambiquée à souhait. M. Couillard pense qu'il va régler les problèmes avec cette position, ses problèmes commencent. Hier [mardi] je lui ai dit, et j'ai dit à mes collègues : ''cette position qui va être annoncée aujourd'hui, c'est la meilleure recette pour la perte de la prochaine élection''. »

Lundi, à l'issue du caucus libéral qui devait se pencher sur l'adoption d'une position commune sur le port des signes religieux par les employés de l'État, Mme Houda-Pepin a dû quitter le caucus, parce que le parti ne lui donnait plus « la liberté d'action » pour continuer sa lutte contre l'intégrisme religieux, selon ses termes.

La députée a dénoncé l'impossibilité de débattre de ces idées au sein du caucus.

« Philippe Couillard a annoncé à l'automne sa position "over my dead body". Moi je ne l'ai pas vue venir, je l'ai lue sur mon iPad. Mon parti est rendu là, quelle incohérence! »

— Fatima Houda-Pepin

« J'ai beaucoup de respect pour [M. Couillard], c'est un homme intelligent, d'une grande envergure. Mais c'est devenu un pattern, le fait d'éviter de débattre des idées [au sein du parti]. Ça nous laisse entre les mains des gens des relations publiques. »

« Je reçois des appels et des courriels de libéraux qui disent : ''on ne peut pas croire que M. Couillard ne vous ait pas laissé le choix de rester au PLQ'' », ajoute celle qui dit avoir toujours été loyale au parti.

La députée de confession musulmane affirme qu'elle siégera désormais comme « députée libérale indépendante », et qu'elle continuera de consulter les gens autour d'elle, pour éventuellement « annoncer [ses] couleurs ».

« Elle a décidé de quitter », dit Couillard

De son côté, le chef libéral, en entrevue à Radio-Canada, soutient que la députée avait pris seule sa décision.

« Au sein du caucus, tous ont exprimé leur amitié [envers Mme Houda-Pepin], nous avons pris en compte ses idées dans la lutte contre l'intégrisme. Mais après les discussions et les débats, personne dans un groupe n'est plus grand que le groupe », dit-il.

« Elle a décidé de quitter. L'ensemble des collègues lui ont demandé de rester, et elle a décidé de ne pas le faire. »

M. Couillard est satisfait du consensus adopté sur la question des signes religieux et reste convaincu que l'approche de son parti est la bonne.

« Un blocage que nous avions à l'interne n'est plus présent. La dissension est terminée. On va pouvoir aborder les vrais problèmes, comme les finances publiques. »

— Philippe Couillard

« La position du parti est un attachement profond aux libertés et à la protection des droits, pour que les personnes en minorités ne soient pas victimes d'abus », ajoute le chef libéral.

Philipe Couillard a souligné l'importance de « présenter aux Québécois un choix très clair, pour une société inclusive respectueuse des droits ». Il oppose cette vision à celle qu'il attribue au gouvernement Marois, « d'une société qui se referme sur elle-même et congédie des gens pour des raisons ridicules ».

Les libéraux incapables de défendre les valeurs québécoises, juge Drainville

Réagissant au départ du caucus libéral de la députée de La Pinière, le ministre responsable du projet de charte des valeurs, Bernard Drainville, a dit qu'il trouvait « dommage » cette décision. « Elle a essayé de faire évoluer le Parti libéral et le parti lui a dit non, on n'évoluera pas », a-t-il affirmé en point de presse à Québec.

Selon lui, le fait que le PLQ ne soit pas ouvert à une interdiction du port de signes religieux pour les policiers, les juges et les agents correctionnels, comme l'aurait voulu la députée, montre que le parti est « déconnecté » de la réalité. « M. Couillard et le PLQ font la preuve qu'ils ne sont pas capables de défendre et affirmer les valeurs québécoises », a soutenu M. Drainville.

De son côté, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de laïcité, Marc Tanguay, aurait aimé que Mme Houda-Pepin reste au sein du caucus. « Elle avait fait une contribution remarquable. J'aurais aimé qu'elle demeure et nous partageons son désir de lutter contre intégrisme », a-t-il dit. « C'est important de reconnaître que le caucus doit avoir une certaine collégialité dans sa réflexion, mais en bout de piste, les gens se rallient à une position commune. C'est une nécessité, et Fatima a décidé de s'exclure », a-t-il ajouté.

Marc Tanguay accuse par ailleurs le ministre Drainville de s'arroger « le monopole des valeurs québécoises » dans cette affaire. Mais selon lui, la position péquiste est difficilement défendable : « En bout de piste, les Québécois ne veulent pas que gens perdent leur emploi pour le port de signes religieux ».

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