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« Le Petit tabarnak » de Jacques Goldstyn : un livre jeunesse qui fera jaser, sourire et réfléchir (ENTREVUE)

« Le Petit tabarnak » de Jacques Goldstyn : un livre jeunesse qui fera jaser, sourire et réfléchir (ENTREVUE)
Courtoisie

L’illustrateur Jacques Goldstyn a l’habitude de manier l’irrévérence, la vulgarisation et le trait de crayon prolifique, lui qui a commis plusieurs caricatures politiques pour Le Couac, l’Autjournal et Amnistie internationale (sous la plume de Boris), en plus d’illustrer le célèbre magazine jeunesse Les Débrouillards depuis plus de 30 ans. La somme de ses talents l’a récemment poussé à imaginer le conte pour enfants Le Petit tabarnak, son premier titre publié aux réputées Éditions de la Pastèque.

Un papa qui exprime sa colère douloureuse avec un célèbre sacre, un groupe de garçons qui inventent des théories farfelues pour statuer sur l’origine du mot (un monstre, une maladie grave, un dictateur, un lieu maudit), un curé qui tente de leur expliquer sa provenance, en les faisant entrer dans une église… pour la première fois. Tel est le récit magnifiquement illustré par Jacques Goldstyn.

Après avoir réalisé que les enfants de notre époque n’avaient pratiquement jamais mis les pieds dans un lieu de culte, l’illustrateur a eu l’idée de leur faire découvrir certains détails du patrimoine religieux québécois (avec plusieurs clins d’œil amusants et grinçants) et de leur apprendre la provenance du fameux juron.

«Depuis que je suis petit, je suis fasciné par les jurons et les blasphèmes. Je trouvais que c’était de mauvais goût et j’étais choqué en entendant les gens sacrer. Je m’étais dit que jamais de ma vie je ne sacrerais. Mais avec le temps, j’ai appris qu’on pouvait être un humaniste et avoir un grand cœur, même si on sacrait. Surtout si on le faisait avec parcimonie.»

Censure à l’école?

Dans ce livre destiné aux enfants, mais tout aussi charmant pour les adultes, chaque page est un bijou et chaque parcelle d’illustration fait avancer l’histoire ou laisse entrevoir un commentaire savoureux de Goldstyn. Après avoir conçu le livre en deux mois de travail intensif, il explique à quel point il tenait à raconter cette histoire.

«Je devais faire ce livre, comme un cri du cœur ou une blague que personne ne peut t’empêcher de raconter. Quand j’ai rencontré les gens de La Pastèque, ils étaient emballés, mais ils m’ont averti que le livre n’entrerait probablement pas dans les écoles, en raison de la censure. Ça m’a désolé. Surtout que plusieurs professeurs m’ont dit qu’ils trouvaient l’idée formidable. Mon histoire n’encourage pas la vulgarité, elle explique l’origine du mot.»

Charte des valeurs

Sachez que la publication du Petit tabarnak en pleins débats sur la Charte des valeurs québécoises n’est que pure coïncidence. «Ça n’a rien à voir. Je suis persuadé que les débats vont s’estomper à un moment donné, alors que les Québécois vont continuer de sacrer, bien évidemment. À mon avis, le livre va passer au-delà de ça. Par contre, j’avais le projet de faire une histoire d’amour entre une jeune musulmane et un petit juif hassidique dans Outremont, mais je me questionne si je dois aller de l’avant, avec tout ce qui se passe avec la Charte. Il y a des chances que tout le monde me tombe dessus si je publie ça.»

Toutefois, ne comptez pas sur Jacques Goldstyn pour mettre son talent au rancard. L’illustrateur a un autre livre en cours de réalisation avec La Pastèque, en plus de cinq ou six autres histoires de bandes dessinées et de livres qui sont en chantier.

Le Petit tabarnak est disponible dès maintenant en librairies.

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