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«Les jeunes loups» : dire toute la vérité, rien que la vérité... et penser internet (CRITIQUE/VIDÉO/PHOTOS)

«Les jeunes loups» : dire toute la vérité, rien que la vérité... et penser internet (CRITIQUE/VIDÉO/PHOTOS)

Les jeunes loups de Réjean Tremblay ne font pas dans la délicatesse, ni dans la courtoisie. Ni dans la subtilité. Dans leur salle de rédaction on ne peut plus moderne aux allures de loft branché, entre des murs ornés de graffitis et de l’inscription «Tout doit être dit» en lettres rouge vif, Claudie St-Laurent (Julie Perreault), Maripier Renaud (Catherine Bérubé) et leur équipe de journalistes frondeurs et astucieux, ne craignent aucun obstacle et veulent publier la vérité, toute la vérité, sans fard, telle qu’elle est. Quitte à en assumer les conséquences.

Plusieurs s’étaient déplacés pour le visionnement de presse des deux premiers épisodes de Les Jeunes loups, mercredi matin. On était curieux de découvrir le nouvel univers de Réjean Tremblay, imaginé en collaboration avec sa fille, la journaliste Roxanne Tremblay. On avait hâte de voir si ces jeunes loups ressemblaient aux protagonistes de Scoop. Hâte de voir si la vidéo de promotion qui a abondamment roulé sur les réseaux sociaux avant les Fêtes et dont certaines répliques prises hors contexte, comme le «Pense internet, Paula» de Julie Perreault, ont été la cible de taquineries, rendait justice à l’œuvre. Hâte, simplement, de déguster le nouveau produit d’un auteur prolifique bien aimé des Québécois et réalisé par deux maîtres de la caméra, Érik Canuel et Jean-Claude Lord.

Beaucoup d’action

Donc, le téléspectateur moyen, friand de fictions trépidantes, pleines d’action et de rebondissements, sera-t-il servi avec Les jeunes loups? Oh que oui. On plonge à pieds joints dans les histoires qui occupent la bande du journal Le Matin. Seulement dans les deux premières heures, on se frotte à un gang de rue responsable du meurtre d’une policière, on assiste aux déboires d’un président de banque qui fraie de près avec l’épouse du chef de la mafia et on s’intéresse à la fugue d’une jeune musulmane de 12 ans. Bien sûr, on fait le lien avec certains événements survenus dans l’actualité, et le jeu des comparaisons est toujours plaisant à jouer. Les 10 épisodes d’une heure de la première saison, vous ne les verrez pas passer, et vous serez tenus constamment en haleine. Vous voilà avertis.

Ceci dit, Les jeunes loups portent la griffe de Réjean Tremblay, griffe qui ne verse pas toujours dans la finesse et le raffinement. Oui, c’est gros. Oui, certaines répliques en «caractère gras» font froncer des sourcils. Non, on n’a pas à attendre très longtemps pour zieuter une scène torride entre le beau gars et la belle fille. Certains comédiens jouent faux, d’autres frôlent la caricature. Et on voit venir quelques intrigues de très, très loin – quoiqu’on puisse nous envoyer sur de fausses pistes, a averti la productrice de la boîte Attraction Images, Josée Vallée. Tant mieux si on se trompe et si le tandem d’auteurs nous déjoue, on ne demande que ça.

L’aspect du journalisme web, un enjeu principal de l’émission, dérange aussi parfois. On veut bien «penser internet», mais on ne veut pas entendre parler que de ça non plus. On a à certains moments l’impression qu’internet est un personnage en soi dans la série alors que, maintenant, la publication de la nouvelle sur le web et sur papier coule de source dans les médias traditionnels. À trop vouloir montrer la dualité qui existe désormais entre les méthodes récentes et anciennes, on appuie un peu trop sur un bobo qui n’en est pas un.

Mais, malgré ces bémols, nos jeunes loups sont irrésistibles, et les petits défauts finissent par rendre l’ensemble charmant. Vous vous laisserez prendre au jeu et voudrez savoir ce qu’il adviendra des personnages et des différentes pistes semées par les créateurs. Et on n’en exige pas plus de ce gros canon de l’hiver de TVA.

Une meute diversifiée

Claudie St-Laurent et Maripier Renaud, les deux chefs de la meute, ont acheté le journal Le Matin il y a trois mois. Elles cherchent à imposer leur publication parmi les gros joueurs de l’industrie médiatique, veulent générer des clics pour vendre de la publicité et, comme on l’a mentionné plus haut, exposer la vérité telle qu’elle est au public. Et tant pis si cette vérité éclabousse des figures politiques puissantes ou des mafieux dangereux. Leur idéalisme se butera brutalement à la réalité.

Claudie est la fille de Samuel St-Laurent (Germain Houde), ex-éditeur adjoint du journal Le Progrès, un important quotidien de Montréal. Père et fille n’entretiennent pas la même vision de la profession. Droite et intègre, Claudie dirige sa salle de rédaction dans une atmosphère familiale, avec gentillesse et fermeté. Sa collègue Maripier fait moins dans la nuance et dit tout haut ce que plusieurs n’osent même pas penser tout bas. Allure tomboy, mal engueulée, arrogante, petit génie de l’informatique, Maripier n’a que faire des conventions. Entre autres libertés, elle se permettra d’infiltrer le site web confidentiel du syndicat de la police. Rien de moins.

Autour d’elles, des belles gueules qui ont le métier dans le sang. D’abord, Philippe St-Pierre, jeune journaliste en pleine ascension attiré par le danger, qui ne s’attache à aucune femme et multiplie les conquêtes parce que, dit-il, il «aime mieux manger au resto que toujours la même chose à la maison». On comprend que des rapports houleux avec sa mère sont à l’origine de sa peur de l’engagement. Marc Quenneville (Luc Picard) est un journaliste-vedette, aguerri, capable de débusquer tous les scandales. Son carnet de contacts est bien rempli. Ex-toxicomane, ses démons ne l’ont pas encore complètement abandonné. La fameuse Paula Champagne (France Castel) est chef de pupitre du Matin et rédactrice en chef, mais elle est surtout la mère d’un peu tout le monde dans cette belle galère. C’est elle qui modère les ardeurs des propriétaires pressées de mettre en ligne les scoops trop juteux et les images accablantes. Marianne Desbiens (Jacynthe René) est une chroniqueuse aux arts et spectacles qui défend le «petit peuple». Son style n’a rien à voir avec celui de Maripier, et les tensions entre les deux seront fréquentes. Marianne est mariée à un animateur de télévision en vue (Sébastien Delorme)… mais se retrouve très souvent dans le lit de Philippe.

Il faudra aussi guetter de près la chroniqueuse politique Jessica Esposito (Amélie B.Simard), la photographe Pascale Circovic (Émilie Leclerc), qui ne craint pas l’escalade pour obtenir une bonne image – vous comprendrez au premier épisode – et l’aspirant-journaliste Simon Gagné (Aliocha Schneider) qui, sans le prévoir, déterrera un scandale qui fera énormément de bruit.

On ignore encore si Les jeunes loups connaîtra une deuxième saison, mais Réjean et Roxanne Tremblay ont déjà commencé à rédiger une suite. Réjean Tremblay a aussi annoncé, mercredi, que la pré-production du prochain volet de Lance et compte – qui devrait être le dernier – est entamée. Le tournage aura lieu au printemps.

Les jeunes loups, le lundi, à 21h, à TVA, dès le 13 janvier.

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