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« Icare » se brûlera les ailes au TNM : Victor Pilon et Michel Lemieux racontent leurs idées de grandeur (ENTREVUE)

« Icare » se brûlera les ailes au TNM : Victor Pilon et Michel Lemieux racontent leurs idées de grandeur (ENTREVUE)
TNM

Les metteurs en scène Victor Pilon et Michel Lemieux ont bâti leur réputation grâce à leur capacité à rêver et à faire exploser les frontières des disciplines artistiques, espérant ainsi multiplier la magie insufflée à leurs productions. Trois ans après avoir ébloui les spectateurs du TNM avec l’univers fantastique de La Belle et la Bête, ils reviennent à la charge en actualisant le célèbre mythe d’Icare.

Approché par Lorraine Pintal pour faire vibrer les murs du Nouveau Monde une nouvelle fois, le tandem a fouillé longtemps pour trouver une histoire à laquelle il convenait d’apporter une dimension virtuelle. «À l’époque, mon père avait un Parkinson cognitif qui provoquait chez lui des hallucinations, évoque Michel Lemieux. Un jour, je me suis retrouvé confronté à ce qu’il voyait et j’ai questionné la réalité. Qu’est-ce qu’un rêve, l’imaginaire ou un souvenir? En réfléchissant à ça, on a eu envie de faire un truc sur le sujet et d’aborder la relation père-fils. Le lien qui unit Dédale et Icare nous permettait de faire ça.»

Très tôt dans le processus créatif, Pilon et Lemieux ont demandé la collaboration du dramaturge Olivier Keimeid, réputé pour ses rencontres théâtrales avec l’histoire. Les trois hommes ont ensuite élaboré un univers en entier avant que la première ligne ne soit écrite. Le trio s’est longuement questionné sur les ambitions d’Icare, connu pour avoir volé trop près du soleil, si le jeune homme avait rêvé à notre époque.

«Son père, Dédale, est un grand architecte, dont les découvertes ont changé le monde. Il est persuadé que son fils ne fait rien et qu’il n’a pas de passion. Mais Icare part en voyages pendant des mois, avec l’ambition de se libérer de son père et de la tradition. La pièce est une rencontre entre les générations et les systèmes de valeurs. Icare questionne son père sur sa vie, ses choix et ses propres ambitions, mais celui-ci préfère se réfugier dans le confort de ses illusions plutôt que d’affronter la vérité.»

Le théâtre en 4D

Grâce aux prouesses virtuelles des metteurs en scène, les deux personnages principaux sillonneront la mémoire du père, afin de revoir les lieux, les hommes et les femmes qui ont marqué son imaginaire. «Tout le décor est en projections et on joue avec les murs du théâtre pour créer quelque chose d’immersif. Maxime Dénommée et Pascale Bussières jouent deux personnages entièrement virtuels : Tallos, un jeune architecte qui sera poussé à sa perte pour avoir dépassé le génie de Dédale, et la mère d’Icare, qui est morte quand son fils avait quatre ans, mais qu’on retrouve en flash-back virtuels.»

Durant le spectacle, Robert Lalonde (Dédale) est celui qui devra interagir le plus souvent avec les projections de Dénommée et Bussières, qui ont répété et tourné pendant des semaines, avant de voir leur travail monté comme un film. «C’est un choc du réel et du virtuel. Au début, Robert avait très peur d’avoir à parler dans le vide sur scène. En plus, il doit toujours être au bon droit, garder le même rythme et ne pas se tromper, car les projections ne se tromperont pas. En fin de compte, on atteint des émotions qu’on n’a jamais eues par le passé, avec La Tempête et La Belle et la Bête.»

Fantasmes scéniques

Le récit est également entrecoupé de moments où Icare (Renaud Lacelle-Bourdon) se réfugie dans son monde intérieur, à la recherche d’un peu d’air et de liberté. «On va voir ses ailes se déployer, sa montée en extase devant le soleil et ses ailes qui brûlent, bribe par bribe. À l’aide d’une caméra infrarouge, on prend des images de Renaud en direct, on les démultiplie en les rendant floues, et ça lui donne des ailes qui suivent ses mouvements.»

De toute évidence, Victor Pilon et Michel Lemieux n’ont pas peur d’aller trop loin dans leurs fantasmes scéniques. «Il ne faut pas avoir peur d’aller au bout de ce en quoi on croit, même si on se fait mal au passage. Comme Icare, nous avons une quête de vérité et d’absolu qui peut nous brûler quelques fois. On travaille dans l’émerveillement, en espérant ouvrir une petite porte qui nous permet d’aller plus loin dans les émotions. Selon nous, quand un spectateur est plongé dans un univers moins cartésien, il est prêt à tout accepté. On veut éblouir pour mieux émouvoir, et émouvoir plus mieux éblouir. C’est une rencontre du spectaculaire et de l’intime.»

Après son arrêt au TNM du 14 janvier au 8 février 2014, Icare pourrait faire une tournée en France dans un an et même être adapté en anglais dans un futur pas si lointain.

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