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Ukraine: les Occidentaux condamnent les agressions contre journalistes et militants

Ukraine: les Occidentaux condamnent les agressions contre journalistes et militants
REUTERS

Européens et Américains ont condamné mercredi 25 décembre l'agression d'une journaliste et militante pro-européenne en Ukraine la veille. Au cours des dernières semaines, une cinquantaine de journalistes ont été attaqués, selon le Syndicat des médias indépendants d'Ukraine. Une estimation similaire est avancée par Reporters sans frontières.

Journaliste pour la publication Ukraïnska Pravda, très critique sur le président Viktor Ianoukovitch et son entourage, Tetiana Tchornovil travaille est également en première ligne de la contestation pro-européenne. Elle a été sauvagement battue dans la nuit de mardi à mercredi par deux inconnus qui l'ont forcée à s'arrêter alors qu'elle conduisait dans la banlieue de Kiev.

Elle a le nez cassé, souffre de commotion cérébrale et de multiples traumatismes, selon Ukraïnska Pravda qui a publié des photos de la journaliste après l'agression et une interview d'elle à l'hôpital.

Le site internet a également publié une vidéo filmée depuis la voiture de la journaliste, montrant un véhicule tentant de lui barrer la route avant l'agression.

Un autre militant pro-européen, Dmytro Pilipets, a été poignardé mardi soir à Kharkiv (est) par des inconnus, selon les médias et la police.

Les Etats-Unis ont condamné "les violences inacceptables" à l'égard des militants de l'opposition ukrainienne. "Nous condamnons les agressions et appelons à une enquête immédiate", a indiqué l'ambassade américaine à Kiev dans un communiqué.

"Il faut arrêter l'intimidation et les violences envers les militants d'EuroMaïdan", nom donné aux actions de protestation, a écrit sur son compte Twitter Linas Linkevicius, chef de la diplomatie lituanienne dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Le ministère de l'Intérieur et les autorités de Kharkiv de leur côté ont d'ores et déjà dénoncé des "provocations" visant à les discréditer. Le président ukrainien a chargé le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko et le procureur général Viktor Pchonka d'enquêter sur l'agression de la journaliste.

Selon ses collègues, Tetiana Tchornovil avait justement passé la journée de mardi à prendre en photo les maisons de ces deux responsables, bêtes noires de l'opposition pro-européenne qui manifestent depuis plus d'un mois dans le centre de Kiev. Le ministre de l'Intérieur est accusé d'être responsable de la répression contre une manifestation étudiante le 30 novembre qui a fait des dizaines de blessés, et le procureur de "couvrir les crimes" des policiers. La journaliste a affirmé avoir été suivie lors de sa mission par des membres des forces anti-émeutes.

Plusieurs journalistes géorgiens, dont le pays a signé l'accord d'association avec l'Union européenne auquel a renoncé l'Ukraine au dernier moment, ont été expulsés du pays sous prétexte d'accusations farfelues.

Le 9 décembre, Reporters sans frontières dénonçait "les assauts menés contre les rédactions de trois médias d’opposition" par des"inconnus armés et casqués". "Les agresseurs portaient tous des tenues similaires à celles des forces spéciales 'Berkut'", écrivait aussi l'ONG. Par ailleurs, "plusieurs médias de référence, parmi lesquels le site Internet du journal anglophone Kyiv Post, étaient inaccessibles au moment de ces événements, vraisemblablement victimes d’attaques de déni de service", rappelait Reporters sans frontières.

Début décembre, Euronews publiait une vidéo montrant un de ces cameraman battu par les forces de l'ordre :

L'opposition a aussitôt accusé les autorités d'être derrière l'agression de Tetiana Tchornovil. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi devant le ministère de l'Intérieur en brandissant des portraits de la journaliste agressée.

L'ex-Premier ministre et opposante emprisonnée Ioulia Timochenko s'est dite révoltée "par cette agression sauvage" en accusant le président Viktor Ianoukovitch d'en être responsable. "Aujourd'hui on a failli tuer Tetiana Tchornovil. Il faut que ce soit la dernière manifestation de cruauté à l'égard du peuple ukrainien que vous ayez autorisée par votre inaction", a-t-elle déclaré en s'adressant au président. "Le régime passe à l'offensive. Incapables de faire cesser les protestations, les autorités organisent des provocations avec des méthodes criminelles", a accusé son parti.

"Le pouvoir musèle les journalistes (...) Il veut que les gens soient paralysés par la peur. Nous ne les laisserons pas faire!", a pour sa part réagi Vitali Klitschko, ex-champion du monde de boxe devenu l'un des leaders de l'opposition.

L'actrice américaine Hayden Panettiere (vue notamment dans la série Heroes), la compagne de Vitali Klitschko, a publié une photo montrant selon elle des journalistes victimes de violences.

Le chef du gouvernement Mykola Azarov a pour sa part appelé mercredi l'opposition pro-européenne à cesser ses actions de protestations au nom de l'économie.

"L'activité de l'opposition, de certaines forces extrémistes et de provocateurs empêchent la société de fonctionner normalement", a-t-il lancé, vantant le plan de sauvetage russe contestée par l'opposition pro-européenne qui a accusé le gouvernement d'avoir mis l'Ukraine "en gage".

"C'est un facteur crucial pour l'économie ukrainienne", a-t-il déclaré, indiquant que l'Ukraine espérait obtenir dès le début 2014 les 12 milliards de dollars restants du crédit russe, dont elle a reçu mardi la première tranche de 3 milliards.

L'Ukraine est au 126e rang du classement mondial de la liberté de la presse 2013 publié par Reporters sans frontières.

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