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Russie: l'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski est sorti de prison

Russie: l'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski est sorti de prison
Russian ex-oil tycoon Mikhail Khodorkovsky stands behind a glass wall at a courtroom in Moscow, on May 17, 2011. A Russian court adjourned until May 24 the appeal of Khodorkovsky against his conviction in a fraud trial that sparked global condemnation, an AFP correspondent reported. AFP PHOTO / ALEXEY SAZONOV (Photo credit should read Alexey SAZONOV/AFP/Getty Images)
ALEXEY SAZONOV via Getty Images
Russian ex-oil tycoon Mikhail Khodorkovsky stands behind a glass wall at a courtroom in Moscow, on May 17, 2011. A Russian court adjourned until May 24 the appeal of Khodorkovsky against his conviction in a fraud trial that sparked global condemnation, an AFP correspondent reported. AFP PHOTO / ALEXEY SAZONOV (Photo credit should read Alexey SAZONOV/AFP/Getty Images)

L'ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski est sorti de prison vendredi immédiatement après avoir été gracié par le président Vladimir Poutine, après un peu plus de dix ans derrière les barreaux.

"Vers 12H20, Mikhaïl Khodorkovski a quitté le camp" où il était détenu, dans le nord-ouest de la Russie, a déclaré une source non identifiée à l'agence Interfax.

La direction régionale de l'administration pénitentiaire n'a pas confirmé dans l'immédiat cette information.

Peu de temps auparavant, le Kremlin a annoncé que Vladimir Poutine avait signé un décret graciant Mikhaïl Khodorkovski.

Le président russe avait pris tout le monde de court jeudi à l'issue de sa conférence de presse annuelle marathon, en annonçant que le prisonnier le plus célèbre de Russie lui avait adressé une demande de grâce pour des raisons humanitaires, sa mère étant malade.

"Guidé par des principes humanitaires, je décrète que Mikhaïl Borissovitch Khodorkovski (...) doit être libéré de prison avant la fin de sa peine. Ce décret entre en vigueur immédiatement", a indiqué un bref communiqué du président russe publié vendredi par le Kremlin.

Les circonstances de la libération de M. Khodorkovski restent floues.

Citant des sources anonymes, le quotidien Kommersant affirme vendredi que M. Khodorkovski, qui était libérable en août 2014, a pris la décision de solliciter la grâce présidentielle après une rencontre avec des membres des services secrets qui ont évoqué la menace d'un troisième procès contre lui.

Des analystes politiques et économistes ont estimé que Vladimir Poutine cherchait à améliorer l'image de la Russie ainsi que le climat des affaires, à l'approche des jeux Olympiques de février à Sotchi, un projet de première importance pour le président russe.

L'annonce de la grâce de M. Khodorkovski a surpris aussi bien ses avocats que la famille de l'ex-oligarque qui fut un temps l'homme le plus riche de Russie.

A en croire Kommersant, M. Khodorkovski a cédé à la pression des services secrets: ils lui ont raconté que l'état de santé de sa mère se dégradait et lui ont affirmé qu'une nouvelle affaire pénale allait être ouverte contre lui, comme l'avait laissé entendre la justice russe début décembre.

"Cette conversation, qui s'est déroulée sans la présence d'avocats, a contraint Mikhaïl Khodorkovski à s'adresser au président", ajoute Kommersant.

Peu avant d'annoncer qu'il allait gracier M. Khodorkovski, Vladimir Poutine avait laissé entendre au cours de sa conférence de presse que l'ex-magnat du pétrole ne devait pas craindre un troisième procès.

Considéré un temps comme l'un des citoyens les plus influents de Russie, Mikhaïl Khodorkovski a été arrêté en 2003 et condamné en 2005 à huit ans de camp pour "escroquerie et fraude fiscale". Cette peine a été portée à 14 ans à l'issue d'un deuxième procès en 2010 pour "vol de pétrole et blanchiment" de 23,5 milliards de dollars.

Pour les défenseurs des droits de l'homme et de nombreux observateurs étrangers, Mikhaïl Khodorkovski, aujourd'hui âgé de 50 ans, a été la victime d'un règlement de comptes organisé par Vladimir Poutine. Condamné pour avoir affiché son indépendance et ses ambitions politiques, il est devenu le symbole de la dérive autoritaire de la Russie.

L'annonce retentissante et inattendue de cette grâce est à rapprocher de l'amnistie adoptée mercredi, qui devrait lever les poursuites contre l'équipage de Greenpeace, parmi lesquels 26 étrangers, et libérer les deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire Pussy Riot, deux dossiers qui ont contribué à détériorer encore l'image de la Russie dans le monde.

La libération de M. Khodorkovski est "un signal très important", a indiqué l'économiste russe Sergueï Gouriev, réfugié en France après avoir été interrogé à plusieurs reprises en Russie dans le cadre d'une affaire concernant M. Khodorkovski.

"En soi, cela ne change rien, mais cela donne de l'espoir à tous les investisseurs", a ajouté M. Gouriev dans un courriel à l'AFP.

Pour le quotidien économique Vedomosti, "Poutine a plusieurs raisons pour avoir voulu résoudre le cas Khodorkovski: la dégradation de l'image de la Russie à la veille des JO de Sotchi, la stagnation de l'économie, le mauvais climat des affaires (la nouvelle de la grâce a fait monter la Bourse)".

"Khodorkovski ne représente plus, personnellement, une menace pour le système" Poutine, ajoute Vedomosti, mais sa libération ne va pas "réparer les blessures infligées à l'économie et à la société il y a dix ans".

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