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Pont Champlain : l'architecte danois Poul Ove Jensen esquisse sa vision

Pont Champlain : l'architecte Poul Ove Jensen esquisse sa vision
Ingenioren/Das Büro

Radio-Canada s'est rendu à Copenhague pour rencontrer l'architecte danois Poul Ove Jensen. Celui qui a été choisi pour concevoir le futur pont Champlain dit vouloir faire mieux que le pont Jacques-Cartier, l'actuel symbole de Montréal.

Un texte d'Alexandra Szacka

Malgré ses 76 ans, l'homme est souriant, courtois, à l'allure juvénile. Il s'excuse presque d'être arrivé cinq minutes en avance au rendez-vous dans notre hôtel de Copenhague. La longue nuit scandinave n'est pas encore tout à fait terminée lorsque nous partons en sa compagnie vers le pont du Grand Belt, son pont fétiche, celui par lequel tout a commencé.

À une heure et demie de voiture de la capitale danoise, le plus long pont suspendu d'Europe fait partie d'un ouvrage de 18 km qui relie les deux plus grandes îles du pays, Seeland et la Fionie.

Poul Jensen l'a conçu il y a presque 30 ans. « C'est comme ça que j'ai débuté dans le métier », dit celui qui a participé à la conception de près de 200 ponts partout dans le monde, et qui en a une dizaine en chantier en ce moment.

Lorsque nous arrivons au détroit du Grand Belt, les nuages bas et la brume cachent en grande partie la fine silhouette du pont. Jensen, désolé, nous propose de monter sur l'un des piliers pour avoir une vue aérienne, même partielle. Visiblement, son émotion est toujours intacte à la vue de ce pont.

Champlain ne sera pas un pont suspendu...

Il nous a bien avertis dès le départ : il ne pourra pas nous dire grand-chose de concret au sujet du futur pont Champlain, bien qu'il ait déjà commencé les croquis. C'est son client, Transports Canada, qui devrait être informé en premier lieu.

Néanmoins, il est formel : ce ne sera pas un pont suspendu. « [Ce n'est] pas nécessaire, l'étendue d'eau qu'il devra enjamber n'est pas assez large pour justifier un tel coût, explique-t-il. Et les délais de construction sont beaucoup plus longs que pour les autres types de ponts. »

Jensen sourit à l'idée de sa soudaine popularité parmi les Montréalais et les Québécois. Mais les nombreuses demandes d'entrevues ne le surprennent pas vraiment. Il connaît le pouvoir des ponts.

« Toutes les villes veulent aujourd'hui avoir un pont signature, un pont qui deviendra éventuellement un symbole qui les rendra célèbres dans le monde entier, comme le Golden Gate, pourquoi pas », indique Poul Ove Jensen.

Quant à son rôle dans la conception du pont, il répète tout au long de la journée qu'« un pont est toujours le fruit d'un travail d'équipe où les ingénieurs et les architectes travaillent étroitement ensemble ».

Il donne l'exemple de la Chine et de la Corée du Sud, où il a beaucoup construit. « Là-bas, très souvent, le projet réalisé, à la fin, n'a plus grand-chose en commun avec le dessin initial. Je ne sais pas trop pourquoi, mais c'est comme ça », dit-il.

... et sera mieux que le pont Jacques-Cartier

De retour à Copenhague, dans les locaux de sa firme, Dissing+Weitling, décorés de quelques petits drapeaux canadiens, il nous permet de jeter un coup d'il sur les croquis du projet montréalais. Mais pas question de les filmer. Peut-il alors nous parler de ses rêves? Non, c'est le client qui doit être le premier informé. « Mais, dit-il, je peux vous dire que le fleuve Saint-Laurent est fantastique! »

Quant à sa collaboration avec la firme d'architectes montréalaise Provencher Roy, il dit en connaître « peut-être plus long sur les ponts, mais ils connaissent mieux la ville de Montréal et les conditions locales », ajoutant que « c'est une bonne combinaison ».

Il confie qu'environ la moitié des projets qu'il a réalisés, il les a obtenus grâce à des concours d'architecture, une obligation sur le territoire de l'Union européenne.

Mais il estime que ce n'est pas toujours la meilleure option, car les concours sont très épuisants, physiquement et économiquement. « Ils nous tuent », dit-il, en plaisantant à moitié.

Au terme de la journée, il est clair que Poul Ove Jensen a très envie de réaliser, à Montréal, encore un de ses « ponts signature », comme le Stonecutters à Hong Kong ou le Grand Belt. Et quand on lui dit que Montréal a déjà son pont emblématique, et que c'est le pont Jacques-Cartier, il répond, toujours en souriant : « Nous devrons faire mieux, nous essayons très fort. »

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