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Le ministre Stéphane Bergeron défend la neutralité d'une enquête visant d'ex-dirigeants de la SQ

Le ministre Stéphane Bergeron défend la neutralité d'une enquête visant d'ex-dirigeants de la SQ
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QUÉBEC - Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, a défendu mercredi la neutralité d'une enquête sur l'utilisation de fonds secrets par des hauts gradés de la Sûreté du Québec, malgré l'implication dans le processus d'un ancien membre du corps policier.

M. Bergeron a affirmé que son sous-ministre Martin Prud'homme avait pris la décision de nommer au sein de l'équipe d'enquête l'ex-enquêteur de la SQ Bruno Beaulieu, un ami et associé du directeur général de la police nationale, Mario Laprise.

«Je n'ai aucune raison de douter du caractère judicieux de la décision du sous-ministre», a-t-il dit lors d'une rencontre avec la presse parlementaire.

Selon le ministre, par les fonctions qu'il a exercées à la SQ, M. Beaulieu est très bien informé du fonctionnement de ce fonds secret, destiné au départ à financer des opérations spéciales, comme la rémunération de délateurs.

L'an dernier, M. Bergeron avait affirmé que des allégations «troublantes» avaient nécessité la mise en place d'une enquête criminelle sur l'utilisation de ce fonds, qui aurait servi à payer des primes de départs personnelles, ce qui pourrait constituer une fraude et un abus de confiance.

«Lorsque nous avons appris que des opérations particulières dans le fonds spécial pour les enquêtes, j'ai mandaté le sous-ministre de la sécurité publique pour constituer une équipe d'enquêteurs pour aller au fond des choses, a-t-il dit mercredi. Pourquoi? Pour tenir ça loin de la Sûreté du Québec, pour tenir ça loin des différents corps policiers.»

Pour souligner la neutralité de l'enquête en cours, M. Bergeron a déclaré que le responsable de l'équipe est un ancien agent de la Gendarmerie royale du Canada. Le ministre a aussi précisé qu'outre M. Beaulieu, cinq ex-agents de la GRC et un du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont fait partie de l'équipe.

M. Bergeron a affirmé que la compétence de M. Beaulieu, dont il ignorait les liens avec M. Laprise, a guidé son choix par le sous-ministre pour intégrer l'ancien policier de la SQ à l'équipe d'enquêteurs externes.

«J'ai mandaté le sous-ministre pour choisir les personnes qui lui apparaissaient les plus compétentes pour mener à bien cette enquête, a-t-il dit. Le sous-ministre et le ministère étaient au courant de ce lien mais ce lien n'est pas apparu comme étant une contre-indication puisque l'objectif était de nommer les personnes les plus compétentes.»

L'ex-directeur général de la SQ Richard Deschênes, l'ex-directeur général adjoint des enquêtes criminelles Jean Audette, et Steven Chabot, un autre ex-directeur général adjoint des enquêtes criminelles qui a pris sa retraite en mars 2010, seraient visés par l'enquête.

Dans un reportage publié mercredi, Le Journal de Montréal a rapporté que M. Beaulieu, un enquêteur retraité de la Sûreté du Québec qui a géré son programme de délateurs témoins, est un ami de M. Laprise.

Les résultats de l'enquête ont été transmis au directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), à qui il reviendra de déterminer, sur la base de la preuve reçue, si des accusations doivent être portées, a indiqué le ministre.

«Ces liens n'ont jamais constitué un problème ou une contre-indication dans le choix du ministère, je ne vois pas pourquoi cela constituerait une contrainte pour le DPCP, cela dit c'est au DPCP d'en juger», a-t-il dit.

Un porte-parole de l'aile parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), Guillaume Simard-Leduc, a déclaré par courriel que cette situation démontre la responsabilité du ministre Bergeron dans cette apparence de conflit d'intérêts.

«Peu importe le résultat de l'enquête, il y aura désormais un doute sur la crédibilité de celle-ci, a-t-il dit. Par ailleurs, le ministre Bergeron ne peut se cacher derrière son sous-ministre. En bout de ligne, c'est le ministre qui est responsable des décisions prises dans son ministère. Plutôt que de minimiser la chose, il devrait reconnaître qu'il y a une apparence de conflit d'intérêts.»

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