La semaine dernière, un étudiant de l'Université de Guelph (Ontario) a décidé de filmer sa tentative de suicide et de la diffuser en direct sur Internet. Alors qu'il mettait le feu à sa chambre, 200 utilisateurs du site 4Chan se rassemblaient devant leurs écrans pour assister à la scène.
Au-delà du suicide lui-même, c'est avant tout le voyeurisme des internautes qui a choqué l'opinion publique. En quelques minutes, la page de diffusion de la vidéo était complète. Un état de fait qui a amené CBC News à se poser la question suivante: «Comment peut-on prendre plaisir à voir un humain s'ôter la vie?»
Pour y répondre, la chaîne à interrogé Ian Colman, chercheur en santé mentale à l'Université d'Ottawa. Selon lui, l'anonymat d'Internet inciterait les gens à ne pas se comporter comme dans la réalité. «Internet nous permet de nous comporter comme des voyeurs vis-à-vis de n'importe quel comportement humain», déclare-t-il.
Pour Ian Colman, la différence entre la réalité et Internet dans ce cas précis réside dans le fait qu'assister à un acte grave via son écran d'ordinateur ne nous force pas à intervenir. On ne fait que regarder «avec complaisance». La preuve: lors du suicide en ligne de l'étudiant canadien, certains internautes l'encourageaient à poursuivre, d'autres se plaignaient de la mauvaise qualité de l'image.
Appel à l'aide
Pour d'autres analystes, il faut surtout retenir le fait que l'annonce du suicide ait été publiée sur le site 4Chan, une plateforme «connue pour son incitation aux comportements anti-sociaux», a déclaré Cole Stryker, auteur du livre Epic Win for Anonymous: how 4chan's army conquered the web.
4Chan «encourage les gens à se montrer plus outranciers que s'ils se présentaient sous leur nom réel», indique l'essayiste, ajoutant que les utilisateurs du site prennent un malin plaisir à se moquer de tout sujet ou tabou. Le suicide est d'ailleurs un des thèmes favoris.
Mais selon Ian Colman, au-delà de l'aspect frivole d'un tel acte, diffuser son suicide sur Internet est en réalité un appel à l'aide.«Ils font face à quelque chose d'extrêmement difficile, et ils ne savent pas vers qui se tourner, ils espèrent qu'un geste extrême provoquera un changement radical dans leur vie, de manière positive», indique-t-il.
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