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Mort de Nelson Mandela: Trois mariages, six enfants, dix-sept petit-enfants, un héritage

De la télé-réalité aux bouteilles de vins, la famille Mandela se dispute son nom

Trois mariages, six enfants, dix-sept petit-enfants, et quatorze arrière-petits-enfants. C'est une famille nombreuse que laisse derrière lui Nelson Mandela, décédé jeudi soir à l'âge de 95 ans.

Entre politique, télé-réalité et vignobles, les proches de Madiba tentent de se faire un nom avec plus ou moins de succès. Au-delà du deuil, la mort de l'ancien président sud-africain devrait réveiller la lutte que se livrent les membres de sa famille pour son héritage.

Une famille nombreuse

Nelson Mandela et ses enfants, c'est d'abord une succession de drames. Thembekile Mandela, son premier fils, né en 1946, décède à vingt-quatre ans dans un accident de voiture. Sa première fille, Makaziwe, née en 1947, meurt à l'âge de neuf mois. Makgatho, son deuxième fils, né en 1950, meurt du sida en 2005.

Des quatre enfants issus de son premier mariage (avec Evelyn Ntoko Mase, une infirmière qu'il a épousé en 1944 quand il avait 26 ans) seule la benjamine est encore en vie. Prénommée Makaziwe (comme sa soeur disparue) mais surnommée Maki, elle est aujourd'hui âgée de 60 ans.

Issues de son deuxième mariage (avec la controversée Winnie Madikizela, qu'il épouse en 1958 et avec qui il divorce en 1996), Zenani Mandela-Dlamini, née en 1959, et Zindzi, née en 1960, complétent la fratrie Mandela.

Entre 1965 et 1992, Nelson Mandela assistera depuis sa cellule à la naissance de la plupart de ses 17 petits-enfants. Parmi les quatorze arrière-petits-enfants qu'ils lui donneront, nés entre 1984 et 2012, un est mort en bas âge. Un dernier drame a endeuillé la famille Mandela en 2010. Zenani (à ne pas confondre avec Zenani Mandela-Dlamini), arrière-petite-fille de Nelson, 13 ans, a été tuée dans un accident de voiture alors qu'elle rentrait d'un concert organisé à la veille de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud.

Nelson Mandela, dont la vie fut accaparée par la lutte politique, n'a jamais réussi à mener une vie familiale "normale". Charmeur et facilement charmé, il rechercha toujours la compagnie des femmes, comme en témoignent les maintes idylles qu'on lui prête. Divorcé de Winnie, il s'est marié une troisième fois en 1998, le jour de ses 80 ans, avec Graça Machel, veuve de l'ancien président mozambicain Samora Machel.

Une bataille de "grippe-sous"

Alors qu'il ne voulait pas que l'on exploite son nom, certains membres de sa famille n'ont pas hésité à en faire une marque. Zenani Mandela-Dlamini, femme d'affaires devenue ambassadrice d'Afrique du Sud en Argentine, a fondé une marque de vêtements à l'image de son père, tandis que sa demi-soeur Maki a lancé la marque de vin "House of Mandela".

Reste une question qui fâche en Afrique du Sud, l'utilisation du nom Mandela à des fins commerciales, quand bien même une partie des bénéfices doit être reversée à des bonnes oeuvres. A la Fondation Mandela, Verne Harris, un des responsables, rappelle que Mandela voulait éviter toute exploitation: "Il nous a donné un mandat, et des directives très claires. Les directives comprenaient des choses comme 'Je ne veux pas mon visage sur des produits commerciaux, je ne veux pas être associé à du tabac, de l'alcool', etc.".

Mais, baissant les yeux, Verne Harris reconnaît après un silence que "le nom Mandela n'appartient pas à Nelson Mandela", mais à une famille.

Une bataille de "grippe-sous", c'est ainsi que la presse sud-africaine rapporte la querelle autour de l'héritage du premier président noir sud-africain. Un traitement médiatique dont se sont plaints les petits-enfants de Nelson Mandela dans un communiqué publié mi-avril.

Tandis que l'état de santé de Nelson Mandela se dégradaient encore davantage, la presse sud-africaine révélait que la gestion de deux fonds appartenant au prix Nobel de la paix (et représentant 1,7 million de dollars au total) attisent les convoitises de sa famille. Deux filles de Nelson Mandela, à nouveau Zenani et Maki, agissant au nom de la famille, ont ainsi intenté une action en justice pour obtenir l'éviction de trois personnes de la direction de ces fonds d'investissements.

Makaziwe et Zenani affirment que l'avocat George Bizos, ami de longue date leur père, le ministre du Logement Tokyo Sexwale et un autre avocat se sont imposés comme directeurs des deux fonds. Les trois hommes rétorquent qu'ils ont été nommés par Nelson Mandela lui-même. C'est à la justice sud-africaine de se prononcer sur le contentieux...

Autre utilisation étonnante du nom Mandela, l'émission de télé-réalité à laquelle participent deux petites-filles du patriarche. Diffusée aux Etats-Unis sur la chaîne COZI TV, Being Mandela met en scène la vie de Zaziwe Dlamini-Manaway et Swati Dlamini, deux figures de la jet-set de Johannesburg. Quelque peu racoleuse et frivole, l'émission rappelle celles orchestrées autour des familles Kardashian et Osbourne. Bien loin du combat de l'illustre grand-père.

Regardez le générique de l'émission :

Que pense Nelson Mandela de l'utilisation de son nom et de son image ? "Notre grand-père nous a toujours dit qu'il appartient au pays et non à notre famille", a indiqué dans une interview une des deux sœurs. La famille Mandela, avancent en outre les deux jeunes femmes, s'est battue "pour que ses enfants puissent choisir leur propre destin et leur propre rythme". Le libre arbitre, la liberté de conscience... ou quand les valeurs défendues par Nelson Mandela depuis sa geôle servent à promouvoir une émission de télé-réalité.

"Il est ouvert au monde, mais maladroit dans ses relations intimes"

Davantage qu'une vie de famille, c'est son combat politique que Nelson Mandela a repris une fois sorti de prison. Devenant président de la République d'Afrique du Sud en 1994, il a une nouvelle fois mis ses proches entre parenthèse.

"Quand j'étais jeune, mon père a eu une présence passagère dans ma vie, indiquait Maki Mandela dans une interview accordée au Daily Mail en 2010. D'abord, il a quitté la maison, ensuite il est entré dans la clandestinité, puis il est allé en prison, donc je n'ai jamais eu de lien intime fille-père avec lui. Quand il est sorti de prison, j'étais une femme mariée avec mes propres enfants. Dans son esprit, j'étais encore une fillette de cinq ou six ans."

"Je pense vraiment qu'il aurait pu faire les choses différemment, pousuit-elle. Même maintenant qu'il a plus de temps, il ne fait pas l'effort de vraiment s'engager auprès de nous. Il est ouvert au monde, mais maladroit dans ses relations intimes avec sa propre famille.

"Je ne sais pas s'il m'aime, indique encore la fille de Nelson Mandela. Les enfants doivent apprendre à accepter que, parfois, ils ne sont pas vraiment aimés par leurs parents". L'inverse est vrai aussi.

Pour aller plus loin, cliquez ici pour consulter les archives personelles de Nelson Mandela, mise en ligne par le Centre qui porte son nom.

Son mariage avec Winnie en 1957

Nelson Mandela: une vie en photos et en vidéos

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