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Fanny Britt publie « Les tranchées », un puissant plaidoyer sur la maternité (ENTREVUE)

« Les tranchées » : le puissant plaidoyer sur la maternité de Fanny Britt (ENTREVUE)
Julie Perreault

Peu de temps après avoir remporté le prix littéraire du Gouverneur Général pour la pièce Bienveillance, Fanny Britt revient à l'avant-plan en publiant Les tranchées, un plaidoyer sur l'éclatement des conventions entourant la maternité. Un essai où se rencontrent la fulgurance des émotions et la pertinence de la réflexion.

Bien qu'elle soit consciente du caractère subjectif des remises de prix et qu'elle soit du genre à relativiser les honneurs, Fanny Britt ne peut s'empêcher de sentir une vague d'approbation déferler sur son travail. « C'est un peu comme si on me disait que j'ai le droit d'exister et que je suis à ma place. Aussi, il faut dire que le prix en argent qui vient avec (25 000 $) va me permettre d'être une petite affaire moins angoissée et mieux disposée à créer. »

Les tranchées de la maternité et des entrailles

À peine remise de ses émotions, l'auteure a lancé cette semaine Les tranchées, un essai sur la maternité ambigüe, personnelle, hors catégorie et pleine de contradictions. À travers des souvenirs, des récits remplis de perles d'écriture et des conversations avec des mères et des non-mères, elle réfléchit sur de nombreuses thématiques : le désir d'avoir des enfants, la pression imposée aux mères pour qu'elles performent leur grossesse et le post-accouchement en beauté, la désolidarisation entre l'envie d'avoir un enfant et la recherche amoureuse, le temps qu'il faut prendre pour soi et la capacité d'assumer « l'infini paradoxe d'aimer la maternité plus que tout, mais de la regretter aussi, parfois. »

Entre la naissance de son premier enfant en 2002 et de son deuxième en 2009, Fanny Britt a remarqué un monde de différences. « À mon deuxième, j'ai senti la pression de maigrir très vite et de retrouver rapidement les 5 à 7 pour prouver que mes enfants ne m'empêchent pas d'être une adulte dans le vent. J'observe aussi une inquiétude grandissante face à la performance de nos enfants, qui doivent être bons en sports, en lettres, sensibles aux arts. On les inscrit à 36 000 cours et on ressent une angoisse perpétuelle de la parentalité. »

Quand les responsables des éditions Atelier 10 lui ont proposé d'écrire un essai, l'auteure a d'abord cru que le projet ne lui convenait pas, elle qui n'est ni essayiste, ni analyste. « Si on m'avait demandé de réaliser une étude classique sur la maternité, je n'y serais pas arrivée. Mais ils voulaient plutôt un essai écrit à chaud, quelque chose qui est proche de l'impulsion. J'ai proposé un hybride qui mélange la fiction et les conversations, décousu dans la structure. »

« C'est une façon de dire "je ne sais pas comment vous vous sentez, mais moi je me sens comme ça. Ça se peut-tu que je ne sois pas la seule?". C'est un cri du cœur pour exprimer ce que je porte en moi, jeter ça sur la place publique et voir ce qui en émerge. J'ai toujours été angoissée, c'est dans ma nature. Mais avant d'avoir des enfants, je réfléchissais comme une fille, dans l'attente que quelqu'un me donne des réponses. Maintenant, je vois les choses comme une mère, avec la conscience aigüe et souvent douloureuse d'être la personne qui doit trouver les réponses. »

Exploration de la plume

Reconnue pour son travail d'écriture, de traduction et d'adaptation théâtrale, impliquée dans plusieurs projets de scénarisation pour la télévision au cours des dernières années (Kif-Kif, Tactik, Ô) et désormais essayiste, Fanny Britt est loin d'en avoir fini avec l'exploration. «Des fois, je trouve que je touche à trop d'affaires à la fois... mais mon rêve de petite fille, c'est le roman. J'espère que je vais bientôt en arriver là. D'ici un an ou deux, je vais m'atteler à ça, même si j'ai l'angoisse de ne pas être capable.»

L'auteure finalise ces jours-ci la version d'un film sur lequel elle travaille depuis trois ans et qu'elle compte déposer aux institutions bientôt. Elle entrevoit également une nouvelle collaboration avec Isabelle Arsenault, avec qui elle a pondu le roman graphique, Jane, le renard et moi, qui a été classé parmi les 10 meilleurs livres illustrés en 2013 par le New York Times et qui a valu à Arsenault le prix GG en illustration jeunesse.

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