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«Les clefs du Paradise»: Michel Tremblay fidèle à ses lecteurs

«Les clefs du Paradise» : Michel Tremblay fidèle à ses lecteurs
Agence QMI

Depuis une dizaine d’années, le rendez-vous est sacré pour Michel Tremblay. Au début novembre, juste à temps pour le Salon du livre de Montréal, qui se tient à la fin du mois, l’auteur nous présente son nouveau roman, écrit sous le soleil de Key West, en Floride. C’est là que l’homme passe tous ses hivers, depuis 1971.

«Je me suis rendu compte que, si je restais à Montréal, la personnalité publique prenait le pas sur l’écrivain, relate Michel Tremblay. À Montréal, le téléphone sonne 20 fois par jour. À Key West, il ne sonne pas. Là-bas, je ne suis personne, un nobody, un quidam qui se promène dans la rue. Il n’y a que quelques Québécois par semaine qui me reconnaissent. C’est un endroit privilégié, où j’aime écrire. Je pourrais rester au Québec et aller à la campagne, mais je préfère aller au soleil!»

«Quand je commence un roman, j’écris tous les jours, continue-t-il. À Noël, au jour de l’An, à Pâques, à la Saint-Valentin… Je travaille dès 8h30 le matin.»

Le dernier-né de cette routine s’intitule Les clefs du Paradise et est en librairie depuis quelques semaines. Dans ce nouveau volet de La diaspora des Desrosiers, on retrouve le jeune Édouard Tremblay, qui quitte le monde de l’adolescence en devenant vendeur de chaussures dans une boutique de l’avenue Mont-Royal. Le garçon deviendra plus tard la célèbre duchesse de Langeais, figure emblématique de la Main telle que dépeinte par Tremblay, après en avoir lu l’histoire dans le roman éponyme de Balzac.

«J’étais rendu là, indique Michel Tremblay. La dernière fois qu’on avait vu Édouard, c’était au mariage de son frère et de sa belle-sœur, en 1925. Là, on est en 1930, et il a 17 ans. Je trouvais intéressant de retracer l’origine de sa vocation de duchesse de Langeais, qui a vu le jour à cause d’un livre qu’il a lu et qui a transformé sa vie.»

Au fil de sa vingtaine de romans, sa trentaine de pièces de théâtre, sa dizaine de scénarios et ses autres récits et comédies musicales, Michel Tremblay a créé toute une galerie de personnages que ses lecteurs connaissent et auxquels ils se sont attachés, notamment avec ses séries Chroniques du Plateau Mont-Royal et La diaspora des Desrosiers. Le créateur n’a souvent qu’à puiser dans ce répertoire pour générer des émotions chez son public. Avec le temps, ces protagonistes vivent-ils d’eux-mêmes, sans que leur «père» ne doive leur tracer un destin?

«Mes lecteurs prétendent que oui. Sans doute qu’ils se promènent quelque part! (rires) Ou alors ils sont morts… Pour moi, ils ont déjà été vivants. Puisque je les connais de l’intérieur, c’est évident que j’ai l’impression que ces personnes existent. Mais ce n’est jamais lourd. S’il leur arrive des choses difficiles, je suis triste, mais ce n’est jamais un boulet.»

En plusieurs langues

À peine avait-il achevé la dernière phrase de Les clefs du Paradise que Michel Tremblay avait déjà en tête les bases de son prochain ouvrage, Une éclaircie! Une éclaircie!, qu’il entamera dès le début décembre. Très prolifique, l’écrivain a de surcroît la chance de voir son œuvre perdurer dans le temps. En ce moment même, sept de ses pièces sont jouées à Paris, dans un petit café-théâtre, et les adaptations musicales de Belles-Sœurs et du Chant de Sainte Carmen de la Main continuent d’être acclamées sur les routes de la province. Le Théâtre du Rideau Vert vient aussi de conclure un marathon d’une dizaine de représentations du Paradis à la fin de vos jours, avec Rita Lafontaine en tête d’affiche.

«Une fois par mois, je vais sur YouTube, je tape mon nom et je trouve des extraits de mes pièces un peu partout dans le monde, s’amuse-t-il. Il y en a en espagnol, en polonais, en toutes sortes de langues. C’est comme faire un bilan. Et, à partir du moment où je les ai vus, j’oublie. Parce que, si ça prend trop d’importance, je vais y penser pendant que j’écris, et ça, il ne faut pas. Je ne me censure jamais.»

L’an dernier, Michel Tremblay a signé plus d’un millier de ses bouquins au Salon du livre de Montréal. Il sera de nouveau fidèle au poste cette année, au stand de sa maison d’édition, Leméac, du jeudi 21 au dimanche 24 novembre, en après-midi. On devine que ses admirateurs seront encore nombreux à aller le saluer, car il semble que ceux-ci aient toujours quelque chose à dire à l’icône de la littérature d’ici.

«En me rencontrant, certains pleurent, d’autres tremblent, s’étonne Michel Tremblay. Ça me surprend toujours de savoir que je peux avoir cet effet sur quelqu’un. Les gens me disent que tel ou tel livre a changé leur vie…»

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Le Chant de Sainte-Carmen de la Main en photos

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