Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Fatima Houda-Pepin est pour la neutralité religieuse de l'État, mais pas pour la charte (VIDÉO)

Fatima Houda-Pepin contre le projet de charte de la laïcité (VIDÉO)

Fatima Houda-Pepin dit être contre le projet de loi sur la charte de la laïcité tel que formulé actuellement. Sur les ondes d'ICI Radio-Canada Première, la députée de La Pinière a précisé sa pensée après avoir exprimé jeudi des positions en rupture avec la ligne de son parti sur le port de signes religieux.

Invitée par l'animatrice de l'émission C'est pas trop tôt! à commenter la lettre ouverte qu'elle a publiée pour dénoncer les propos de son collègue député Marc Tanguay voulant que le PLQ accepte des candidates qui portent le tchador, Fatima Houda-Pépin a apporté quelques précisions.

D'entrée de jeu, Mme Houda-Pepin a déclaré que sa lettre n'était pas un plaidoyer en faveur du projet de charte des valeurs québécoises du gouvernement. « La charte, telle que rédigée, n'est pas la mienne. Je suis pour la neutralité religieuse de l'État », a-t-elle déclaré à l'animatrice Marie-France Bazzo.

« Je tiens quand même à préciser que je ne me suis pas prononcée sur la charte. Pas encore. Le texte que j'ai rédigé, ça s'intitule : Je suis libérale et fédéraliste et je suis contre le port du tchador à l'Assemblée nationale. »

— Fatima Houda-Pepin, députée libérale de La Pinière

« Moi, je vois notre Assemblée nationale comme le siège de notre démocratie qui représente tout ce qu'il y a de grand, de beau, d'avancé au Québec dans tous les domaines. De voir qu'on me projette cette image de tchador qui est l'image prévalente en Arabie saoudite et dans l'Iran des ayatollahs, effectivement, j'étais assez bouleversée. Et c'est à ça que j'ai réagi », a expliqué Fatima Houda-Pepin.

Couillard invite Houda-Pepin à se rallier au caucus

En point de presse, le chef Philippe Couillard a invité la députée de La Pinière à se réconcilier avec le caucus libéral et à poursuivre le travail avec ses collègues sur la problématique des signes religieux. Le chef libéral a précisé qu'il n'accepterait pas qu'une candidate portant le tchador représente le PLQ aux élections.

« Personnellement, je vis très mal ce débat devenu partisan, alors que ce n'est pas le cas. La manière dont le débat est engagé, il y a eu des dérives, ça cause des dommages [...] Les seuls gagnants en ce moment, ce sont les intégristes. Eux, leur agenda avance et nous dans la classe politique on est en train de se chicaner sur un foulard. »

— Fatima Houda-Pepin

Une lettre qui dérange

Dans une lettre transmise aux médias, jeudi, la seule députée musulmane à l'Assemblée nationale se dit « sidérée, blessée et choquée » par la déclaration de son collègue Marc Tanguay, porte-parole de l'opposition officielle en matière de laïcité, selon laquelle des candidates libérales pourraient porter le tchador au prochain scrutin.

Mme Houda-Pepin affirme que le tchador, un grand voile couvrant le corps de la tête aux pieds, est un symbole d'oppression pour les femmes.

« C'est la goutte qui a fait déborder le vase », écrit Mme Houda-Pepin, en précisant que la question du tchador n'a jamais été discutée en caucus.

« L'égalité homme-femme est un droit fondamental qui demeure un acquis fragile à l'ère des intégrismes qui caractérise notre siècle. Il faut le protéger et le défendre, et non le mettre en péril. »

— Fatima Houda-Pepin

Selon elle, le Parti libéral doit accepter de limiter les droits fondamentaux « quand l'intérêt public l'exige », particulièrement pour protéger l'égalité homme-femme.

En outre, la députée laisse entendre dans sa missive qu'elle ne se reconnaît plus dans le Parti libéral.

« Suis-je encore dans le Parti libéral dont les élites politiques et intellectuelles se sont relayées pendant un siècle pour mener un combat courageux pour la séparation de l'Église et de l'État au Québec? Suis-je encore au Parti libéral d'Adélard Godbout qui a accordé aux Québécoises le droit de vote et d'éligibilité des femmes, un droit gagné de haute lutte par les suffragettes et les militantes libérales? », se demande-t-elle.

Une femme courageuse et cohérente, selon Pauline Marois

Même si Mme Houda-Pepin affirme ne pas appuyer la charte, Pauline Marois a salué, jeudi, sa prise de position.

« Mme Houda-Pepin est une femme courageuse, elle est constante et cohérente. Il y a un long moment qu'elle a pris position sur cette question et je suis heureuse de l'entendre parler et s'exprimer aujourd'hui. »

— Pauline Marois, première ministre du Québec

Pauline Marois a ajouté que son gouvernement souhaite que tous ceux qui veulent le faire puissent s'exprimer librement dans ce débat.

Refusant de commenter le leadership du chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, Pauline Marois lui a cependant demandé de laisser les gens de son caucus et de son parti s'exprimer librement dans ce débat.

Quant à la position actuellement défendue par le PLQ, sur le projet de charte de la laïcité de son gouvernement, Pauline Marois estime que Philippe Couillard n'est actuellement pas à l'écoute des Québécois.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.