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Quand la violence en prison vient d'agents correctionnels (VIDÉO)

Quand la violence en prison vient d'agents correctionnels (VIDÉO)
corridor of a modern prison
shutterstock
corridor of a modern prison

Une équipe de l'émission Enquête a obtenu plusieurs documents qui illustrent des interventions violentes d'agents correctionnels sur des prisonniers.

Un reportage de Gino Harel d'Enquête

Certains cas proviennent du système correctionnel québécois. La vidéo ci-dessous montre l'un d'eux, survenu à l'Établissement de détention de Montréal (la prison de Bordeaux) en 2007. Un agent qui venait de faire signer des documents à un détenu frappe ce dernier au visage. Les images ne semblent pas indiquer qu'il y avait eu provocation de la part du détenu.

Le ministère de la Sécurité publique a congédié cet agent à la suite de cet incident, en s'appuyant sur les images de surveillance. Ce dernier a tenté, en vain, de contester son licenciement.

Lors de son témoignage devant l'arbitre de griefs qui entendait la contestation de son congédiement, l'agent mis en cause a déclaré qu'on voyait « régulièrement l'utilisation de la gifle, dépendant des périodes toutefois ». Il a ajouté « avoir été formé sur le tas, avec les vieux gardes ».

D'autres événements plus récents

D'autres rapports d'événements, que Radio-Canada a obtenus en vertu de la loi d'accès à l'information, font état du recours à une force en apparence injustifiée lors d'incidents récents.

L'un d'eux relate un incident survenu à l'établissement correctionnel de Trois-Rivières en décembre 2011.

Selon ce document, cinq agents sont entrés en trombe dans la cellule d'un détenu agité, mais qui semblait s'être calmé. Les agents ont plaqué l'homme au lit avec un bouclier. Et ce, alors qu'il n'y avait « aucune menace ni danger, selon le rapport. Ils sont intervenus de façon inappropriée et sans avertissement ». Les agents sont montés sur le lit pour le menotter, certains sur le détenu. L'homme a eu des convulsions et une asphyxie.

Des incidents isolés selon le syndicat

Du côté du syndicat qui représente les agents correctionnels, on parle de cas isolés.

Le syndicat soutient que les méthodes des agents se sont améliorées par rapport à celles d'il y a 20 ou 30 ans.

Les contrôles adéquats, selon Québec

Sans commenter de cas spécifique, le ministère de la Sécurité publique du Québec reconnaît l'existence de situations problématiques dans son réseau carcéral. Élaine Raza, directrice générale adjointe aux Services correctionnels du ministère de la Sécurité publique, estime toutefois qu'il s'agit d'un « phénomène peu fréquent ». Elle rappelle que le système carcéral admet 42 000 personnes par an, avec 5000 détenus en moyenne.

Le ministère de la Sécurité publique ne recense qu'une dizaine de cas documentés de sévices de la part du personnel à l'égard des détenus depuis deux ans. S'il y a lieu, des mesures disciplinaires peuvent être prises. Selon le ministère, les contrôles en place sont adéquats, mais ils ne sont pas infaillibles. « Il est possible qu'il y ait des situations qui nous échappent effectivement », reconnaît Mme Raza.

Québec reconnaît le besoin d'étendre la surveillance vidéo dans les secteurs des établissements qui ne sont pas munis de caméras. Par exemple, certains garages où transitent des détenus n'en ont pas. Le ministère assure d'autre part qu'il y aura des caméras d'installées dans les nouveaux établissements de détention qui doivent être construits au cours des prochaines années.

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