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Commission Charbonneau: le tandem Lavallée-Accurso a tenté d'influencer le PDG de la SOLIM

Commission Charbonneau: le tandem Lavallée-Accurso a tenté d'influencer le PDG de la SOLIM
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L'ex-PDG du bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ a expliqué avoir rejeté des demandes du président du CA Jean Lavallée et de Tony Accurso pour que la SOLIM investisse dans la pourvoirie Joncas, puis dans un projet de condos sur le boulevard Couture et enfin dans la marina Brousseau. Ces refus successifs lui coûteront son poste en avril 2004

Un texte de Bernard Leduc et François Messier

« J'ai l'impression que le refus de certains dossiers a conduit à mon renvoi », a en soutenu Richard Marion devant la commision Charbonneau. L'ancien PDG ajoute cependant que, malgré l'insistance des deux hommes, qu'il retrouvait notamment au bar Le Tops et à L'Onyx de M. Accurso, jamais ils ne lui ont fait subir de pressions indues pour qu'il défende ces dossiers.

Le comptable de formation affirme avoir notamment refusé que la SOLIM investisse dans le développement d'une pourvoirie dans le parc de La Vérendrye, qu'il n'estimait pas comme un véritable projet d'investissement immobilier, notamment en raison de la faible valeur des bâtiments qui y seraient construits.

Il a alors rapidement appelé Henri Massé, président de la FTQ, pour avoir son appui afin de rejeter le projet. C'est finalement la FIPOE, le syndicat des électriciens de la FTQ-Construction dirigé par Jean Lavallée, qui investira près de deux millions de dollars dans la pourvoirie Joncas.

Selon M. Marion, il ne pouvait dire non d'entrée de jeu à un projet que les deux hommes lui présentaient : « Faut connaître la façon que ça fonctionne. Un refus catégorique... je pense que je serais parti plut tôt [de la SOLIM] ».

M. Marion a aussi expliqué que la SOLIM avait été approchée par les deux hommes pour investir dans le projet de construction d'un immeuble de condos sur le boulevard Couture, qui serait finalement financé par la FIPOE.

Le projet, présenté vers 2004, intéressait beaucoup de gens à la FTQ qui voulaient y acheter des condos : M. Marion y voyait un potentiel de conflits d'intérêts.

Selon Enquête, des condos du 6650 boulevard Couture ont été achetés tant par des proches de la mafia que par des dirigeants de la FTQ, ainsi que par Tony Accurso. Plusieurs ont pu bénéficier à l'achat de prix sous le marché, pour les revendre avec de substantielles marges de profits.

Sa résistance sur la marina lui coûte son poste

M. Marion a enfin refusé que la SOLIM investisse dans le dossier de la marina Brousseau, qu'il ne considérait pas comme un investissement d'affaires. il avait aussi eu vent que des Hells Angels gravitaient autour du dossier.

Le PDG de la SOLIM s'est alors retrouvé confronté, à sa plus grande surprise, à la résistance de Guy Gionet, alors vice-président à l'investissement, qui défend le projet, contre son propre avis ,au nom de Jean Lavallée.

« Alors il a rencontré Johnny à mon insu. Il était pas mal blanc. Il était un peu nerveux. Il m'a dit : ''écoute, Richard, la marina, c'est pas une question de pas le faire, c'est une question d'y faut qu'on le fasse'' », lui a dit Guy Gionet, qui lui succédera comme PDG après son départ forcé en avril 2004.

M. Marion lui a alors dit de préparer le dossier, estimant qu'il ne pouvait lui dire non catégoriquement : « Je pense que ça aurait été aux oreilles de Johnny assez rapide et que je serais parti plus vite... C'est-à-dire : je suis parti assez vite, mais je ne le réalisais pas à ce moment-là ».

Le dossier a suivi son cours après son départ, une semaine après cette confrontation.

La SOLIM investit avec Beaulieu

Richard Marion a cependant expliqué que la SOLIM, sous sa gouverne, avait investi dans un projet de Ronnie Beaulieu, un sympathisant des Hells Angels. L'ex-PDG affirme cependant qu'il ne connaissait alors rien de ses liens avec les motards criminalisés.

M. Marion, qui avait appris, alors qu'il étudiait le dossier, que l'homme avait été condamné pour prêt usuraire, en avait par ailleurs averti M. Lavallée, qui lui avait apporté ce dossier. Mais le président du CA de la SOLIM s'est porté garant de l'homme.

Richard Marion a expliqué qu'au demeurant, le projet d'investissement de M. Beaulieu dans un centre d'achat de Port-Cartier était un bon projet.

M. Beaulieu va d'ailleurs rapidement rembourser intégralement la SOLIM pour son prêt. Et s'il savait qu'il était propriétaire d'un bar de danseuses, il ne savait pas qu'il s'agissait du bar 10-35 situé à Chambly.

L'ex-PDG de SOLIM soutient que personne n'a jamais tenté de lui offrir de pots-de-vin.

M. Marion a aussi expliqué qu'il savait que Denis Vincent avait servi de pilote d'hélicoptère à MM. Accurso et Lavallée pour leurs voyages de chasse et de pêche. M. Vincent est considéré par la police comme un proche des Hells Angels de Trois-Rivières,

Marion introduit à la SOLIM par Accurso

L'ex-PDG de la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ, a pris la tête de l'organisme en 1995 après avoir approché Jean Lavallée, alors membre du CA de SOLIM et président de la FTQ-Construction.

Comptable de formation, spécialisé dans la gestion immobilière, Richard Marion, qui y agissait déjà comme consultant pour la SOLIM, a expliqué être passé par l'entrepreneur Tony Accurso, qu'il savait proche de M. Lavallée, pour rencontrer ce dernier afin de plaider sa cause. Il affirme avoir agi ainsi pour la simple raison qu'il s'agissait de la seule personne qu'il connaissait qui était proche de la SOLIM.

M. Marion avait connu l'entrepreneur par l'entremise de l'ancien PDG de la SOLIM, Jacques Magnan, limogé en 1995, et avait agi pour lui, mais très peu, comme consultant.

La rencontre avec M. Lavallée a eu lieu au Tops ou à L'Onyx, deux établissements de M. Accurso dans les galeries Laval. Ce dernier était d'ailleurs présent lors de la rencontre.

La décision de l'embaucher ne viendra cependant pas avant plusieurs mois et sera prise seulement au terme d'une rencontre avec Henri Massé, alors secrétaire général de la FTQ, et Jean Lavallée.

M. Marion a expliqué qu'a son arrivée à la SOLIM, le conseil d'administration était présidé par Claude Blanchet, à qui lui succédera, peu après, Jean Lavallée.

M. Marion est le prédécesseur de Guy Gionet, qui se bat devant les tribunaux aux côtés du Fonds de solidarité FTQ et du président de son C.A., Michel Arsenault, pour contester l'utilisation d'écoutes électroniques devant la commission. Cette lutte n'a rien donné jusqu'ici.

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