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«La Clôture de l'Amour»: Maude Guérin et Christian Bégin en plein duel amoureux (ENTREVUE)

«La Clôture de l'Amour»: Maude Guérin et Christian Bégin en plein duel amoureux (ENTREVUE)
Julie Rivard

Réunis pour la toute première fois au théâtre, les comédiens Maude Guérin et Christian Bégin se lancent à corps perdu dans le travail de La clôture de l’amour, une pièce qui déchiquette les restes d’un couple et qui creuse les méandres de la rupture amoureuse.

Après des dizaines de représentations de Sainte-Carmen de la Main et plus de 200 spectacles des Belles-Sœurs, qui feront vraisemblablement leur dernier tour chanté à la Maison symphonique en avril 2014, Maude Guérin retrouve un contexte théâtral plus intimiste où elle raconte l’histoire de Stan et Audrey, un homme et une femme qui n’ont plus rien d’amoureux.

En présentant son nouveau projet, l’actrice le compare aux Jeux olympiques. « C’est immense pour deux acteurs ! On joue deux heures sans entracte avec énormément de paroles. Chaque personnage a un monologue d’une heure, mais on les joue comme des dialogues. L’écoute est très importante. C’est un parcours dans la tête, dans le cœur et dans le corps. »

Metteur en scène de métier, le personnage de Christian Bégin ouvre la pièce en se réfugiant derrière sa verve et son intelligence. « Stan utilise les mots comme des armes pour désacraliser l’amour, souligne l’acteur. C’est l'émule de Fabrice Luchini ou de Mathieu Bock-Côté, qui utilise la langue comme un rempart, au lieu d’aller au cœur des vraies choses. »

Même si Audrey est également présentée comme une intellectuelle, Maude Guérin croit qu’elle réfléchit davantage avec son cœur. «Stan veut garder les objets du couple, alors qu’Audrey préfère s’attacher aux souvenirs. Elle tente de lui rappeler l’amour qu’il y avait dans cette union qu’il est occupé à détruire. Il lui dit des choses effrayantes, la traîne dans la boue et lui dit qu’il ne la désire plus, elle qui veut être une parfaite partout : au travail, en amour, au lit. C’est trop pour lui. Il se sent prisonnier et décide de se dégager de ça. »

Lucidité coup de poing

Les acteurs s’entendent pour dire que la pièce plongera les couples de spectateurs dans une réflexion sur le lien qui les unit et leur donnera envie de mettre leur amour dans un écrin. « Même si on sait que les deux personnages ne reviendront pas ensemble à la fin, Audrey empêche Stan de mettre à mort cet amour-là, ajoute Christian Bégin. Elle fait une espèce d’ode à l’amour. Ce n’est pas une pièce déprimante. C’est une œuvre dure dans sa lucidité, mais les spectateurs ne la recevront pas comme un coup de massue. »

L’acteur affirme tout de même se sentir confronté à son propre passé amoureux depuis le début des répétitions. « La pièce me ramène à mes souffrances, mes lâchetés et les façons que j’ai eu de rompre. C’est la première fois que je ressens une telle fatigue physique et émotive au travail. Je dois trouver le moyen de me détacher de moi pour aller vers le personnage. »

Au cours des dernières semaines, Bégin a fait face à un autre grand défi : celui de travailler avec une partenaire de jeu qui l’impressionne. « Maude est une bête de théâtre d’une puissance incroyable ! Au début, je patinais en me disant que je n’y arriverais pas et qu’elle était trop forte. Dès le premier jour des répétitions, elle est arrivée en sachant son texte par cœur, même si elle jouait à la télé et qu’elle participait aux tournées de Sainte-Carmen et des Belles-Sœurs. Son rapport au travail presque boulimique m’avait impressionné. Mais avec le temps, les choses se sont replacées et elle ne m’intimide plus. Dès que je prononce mes premiers mots, j’entre comme dans un tunnel et ça me demande une grande concentration. »

L’actrice a elle aussi une grande admiration pour collègue. « Il va chercher une intelligence et une émotion dans le texte, comme peu d’acteurs sont capables de le faire. Il n’a pas peur de plonger et il n’a aucune pudeur sur scène. Pour arriver à bien rendre mon monologue, je dois absolument m’imprégner du sien. C’est important que je puisse lui renvoyer la monnaie de son change. Son écoute et son ouverture m’aident énormément dans mon travail. »

Du 11 novembre au 6 décembre 2013

Théâtre de Quat’Sous

Précision de Christian Bégin :

Comme parfois on sort une phrase de son contexte, on l'amalgame à une autre... J"ai effectivement évoqué Mathieu Bock-Côté dans le plaisir qu'il a à jouer avec la langue, comme Luchini le fait d'ailleurs avec brio... J'ai spécifié que ces deux "acteurs" de la scène publique utilisent les mots comme une arme... Ensuite j'ai dit que mon personnage le fait pour LUI ne pas aller au coeur des choses... Si mon propos vous a blessé Mathieu je m'en excuse publiquement... Si vous m'avez inspiré c'est dans le plaisir d'utiliser la langue pour frapper -métaphoriquement j'entends- l'autre, le secouer...

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