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Affaire Ford: son ami libéré sous caution, son avocat accuse la police

Affaire Ford: son ami libéré sous caution, son avocat accuse la police
CP

L'ami et chauffeur occasionnel du maire Rob Ford, Alessandro Lisi, sera remis en liberté selon certaines conditions, vendredi, après avoir été accusé formellement d'extorsion pour « récupérer un enregistrement », soit une vidéo qui montrerait le maire en train de consommer de la drogue.

De son côté, l'avocat de M. Ford soutient que le chef de police mène une « campagne de dénigrement » contre son client.

Me Dennis Morris a pressé le chef Bill Blair de rendre public immédiatement l'enregistrement en sa possession, une demande inhabituelle qu'a rejetée la police, qui explique que la bande sera dévoilée durant le procès pour extorsion d'Alessandro Lisi, à moins que ce dernier ne plaide coupable.

Conditions de libération de l'ami du maire (Alessandro Lisi) :

  • Caution de 5000
  • Ne peut pas consommer de drogue ou posséder une arme
  • Doit habiter chez ses parents
  • Ne peut posséder plus d'un téléphone cellulaire
  • Ne peut pas communiquer avec les plaignants
  • Un interdit de publication empêche les médias de révéler les détails de ce qui a mené au dépôt d'un chef d'accusation d'extorsion contre Alessandro Lisi, qui avait aussi été accusé de trafic de marijuana le mois dernier.

Rob Ford ne fait face personnellement à aucun chef d'accusation et a refusé de démissionner, affirmant qu'il n'avait « aucune raison » de quitter son poste.

Me Morris a raconté à Radio-Canada que son client était « content » de voir que la vidéo avait finalement été récupérée, même si le maire Ford a toujours affirmé qu'un tel enregistrement n'existait pas. « Il a nié l'existence d'une vidéo de lui en train de fumer du crack », a précisé l'avocat. Or, a laissé entendre l'avocat, peut-être qu'il n'a fumé que du tabac ou de la marijuana.

« Je somme le chef de police de déclarer sous serment qu'il a vu une vidéo du maire en train de fumer du crack. Le chef ne devrait pas jouer au pontife. » — Dennis Morris, avocat du maire de Toronto

Me Morris a confirmé, par ailleurs, que le maire avait refusé d'être interrogé par la police, mercredi, puisqu'il n'avait « rien fait de mal ».

Le chef de police Blair a indiqué, jeudi, que les extraits vidéo obtenus par son service « corroborent les images qui ont précédemment été décrites dans la presse », sans vouloir donner plus de détails. Des journalistes du Toronto Star et du site américain Gawker disent avoir vu en mai dernier une vidéo dans laquelle on apercevait un homme ressemblant au maire en train d'inhaler ce qui semblait être du crack.

Le chef Blair a précisé que rien dans la vidéo en sa possession ne justifiait le dépôt d'accusations contre M. Ford.

Appels à la démission

Nombre d'élus municipaux, y compris au moins un allié du maire, le pressent, toutefois, de démissionner, tout comme l'ensemble des quotidiens nationaux de Toronto, incluant le Toronto Sun, qui affirme « qu'assez, c'est assez », après avoir soutenu Rob Ford dans le passé.

« Ford doit mettre de l'ordre dans sa vie. Il est devenu un boulet pour son propre objectif du conservatisme financier. Le plus longtemps il reste en poste, le plus longtemps l'Hôtel de ville sera un cirque. Aucun maire n'est plus important que la ville qu'il dirige et Toronto ne peut se permettre une autre année de dérive jusqu'aux élections municipales de 2014. » — Éditorial du Toronto Sun

Ni le conseil municipal ni la province n'a le pouvoir de destituer le maire Ford pour le moment, étant donné qu'il n'est accusé de rien.

En fait, selon la loi provinciale, un élu doit avoir été condamné criminellement et être en prison pour perdre son poste. La ministre ontarienne des Affaires municipales, Linda Jeffrey, a refusé, jeudi, de « se perdre en conjectures sur la prochaine étape ». Même l'ex-chef du budget et allié du maire Mike Del Grande lui a demandé de démissionner, du moins temporairement.

« Je dirais probablement au maire la même chose qu'il m'a dite quand je n'allais pas bien et que j'avais de la difficulté à remplir mes fonctions, c'est-à-dire démissionne. » — Mike Del Grande, conseiller municipal

Sa collègue Gloria Lindsay Luby a affirmé que la situation était intenable, alors que sa collègue Shelley Carroll a soutenu qu'il devait quitter son poste pour « la bonne gouvernance de la ville ».

Nous savons maintenant qu'il a un problème de dépendance, a renchéri la conseillère Shelley Carroll.

Sa collègue Paula Fletcher a dit que les révélations « dépassent tout entendement ». Le conseiller Joe Mihevc a affirmé, lui, que le maire avait « fourni un mensonge » aux Torontois au cours des six derniers mois et qu'il devrait s'expliquer.

Pour sa part, l'échevin John Parker n'a pas voulu jeter la pierre au maire pour l'instant.

La première ministre Kathleen Wynne a refusé de se mouiller, affirmant qu'il fallait laisser les procédures judiciaires suivre leur cours.

Maire avare de commentaires

Pour sa part, le maire Ford a dit, jeudi, qu'il « aimerait » pouvoir se défendre, mais qu'il ne pouvait le faire, parce que « l'affaire est toujours devant les tribunaux ».

Le chef de police Blair a paru ébranlé par moments lors de son point de presse jeudi matin. Il a lui-même vu la vidéo du maire.

« Je suis déçu en tant que citoyen de Toronto et pour la réputation de la ville », a déclaré M. Blair.

Il a précisé que la vidéo était sur un disque dur saisi dans le cadre d'une enquête sur le trafic de drogue. Elle avait été effacée, mais des experts de la police ont pu récupérer son contenu.

Avant ces révélations, jeudi matin, Rob Ford, visiblement furieux, avait quitté son domicile en voiture, à nouveau sans vouloir répondre aux questions des journalistes.

« Sortez de mon terrain », a crié le maire aux caméramans.

Rencontres étranges

Quelque 300 pages de documentation liées à l'arrestation de M. Lisi, plus tôt ce mois-ci, qui ont été dévoilées jeudi matin, révèlent également que la police de Toronto a observé une série de rencontres bizarres au cours des derniers mois entre le maire Rob Ford et son ami Alessandro Lisi, qui a été accusé plus tôt ce mois-ci de trafic de drogue, alors qu'il était sous surveillance.

Les policiers avaient lancé leur enquête, en mai dernier, après que des journalistes eurent affirmé avoir vu une vidéo d'un homme ressemblant au maire Rob Ford en train de fumer ce qui semblait être du crack. La police a alors pris la mesure extraordinaire d'instiguer une opération de surveillance des agissements du maire de la plus grande ville au pays, y compris à l'aide d'un avion.

Parmi les échanges douteux observés par la police, une rencontre le 26 juin dernier en bordure d'un terrain de soccer où le maire regardait un match.

« Il [Lisi] a récupéré un sac de plastique blanc à l'arrière du véhicule. Le sac contenait déjà des items. Lisi est allé dans le coffre, a pris des boîtes de jus Minute Maid et les a mises dans le même sac. Il a ensuite marché jusqu'à l'Escalade [VUS] du maire qui était stationné au nord du terrain de soccer et a placé le sac à l'intérieur. » — Documentation de la police de Toronto

Plusieurs personnes citées dans la documentation policière allèguent que M. Lisi fournissait de la marijuana et peut-être aussi de la cocaïne au maire.

Du 18 mars au 24 juin dernier, les deux hommes se sont parlé près de 250 fois au téléphone, indique aussi la police.

Un enquêteur de la police confirme également dans les documents que la maison devant laquelle le maire Ford apparaît dans une photo aux côtés d'hommes au passé douteux était un repère pour la consommation de crack.

Nombre d'experts s'étaient étonnés du fait que la police eut déposé quelque 480 pages de documentation pour obtenir des mandats de perquisition contre M. Lisi plus tôt ce mois-ci, et ce, pour une simple affaire de trafic de marijuana.

Environ 170 des 480 pages de documentation demeurent, toutefois, censurées, du moins pour l'instant. Ces pages contiennent entre autres les noms de tierces parties qui n'ont pas été accusées dans l'affaire. La Cour doit entendre les parties à nouveau à ce sujet le 8 novembre.

Les médias invoquent le droit du public à être informé pour obtenir l'ensemble des documents. La Couronne affirme, au contraire, que certaines informations doivent rester confidentielles aux fins de l'enquête policière.

M. Lisi, un homme de 35 ans, est un ami de M. Ford pour qui il a agi également à titre de chauffeur occasionnel. Le maire s'est dit dans le passé « surpris » de son arrestation, affirmant qu'il était un « bon gars ».

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