Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La vérification des dépenses de quatre sénateurs a coûté plus d'un demi-million $

La vérification des dépenses de quatre sénateurs a coûté plus d'un demi-million $
CP

OTTAWA - La vérification des dépenses de Pamela Wallin a coûté plus de deux fois le montant que la sénatrice a dû rembourser au Sénat.

Un rapport sur les contrats donnés par la Chambre haute, au dernier trimestre, a été rendu public, vendredi matin. On y apprend que la firme Deloitte a touché 390 058 $ pour vérifier les dépenses de la sénatrice. Mme Wallin a remboursé 138 969 $ au Sénat pour des dépenses de déplacement auxquelles elle n'avait pas droit, après vérification.

La même firme a aussi empoché 138 784 $ pour vérifier les dépenses de Mike Duffy, Patrick Brazeau et Mac Harb. Dans ces trois cas, la firme devait calculer les remboursements en trop que les deux sénateurs conservateurs et le sénateur libéral avaient obtenus en déclarant comme résidence principale leurs adresses éloignées d'Ottawa, alors qu'ils résidaient dans la région de la capitale.

En publiant le rapport sur les contrats de Deloitte, le Sénat a cherché à justifier la facture salée de ces vérifications.

«Après avoir ordonné la tenue de la vérification, nous devions permettre sa conclusion définitive dans l'espoir que les enjeux soient interprétés de façon raisonnable et cohérente», a offert, dans une déclaration écrite, le sénateur Gérald Comeau, ancien président du comité sénatorial qui a ordonné les vérifications et signé le contrat avec Deloitte.

Dans le communiqué, on rappelle que certains travaux supplémentaires non prévus au départ ont dû être ajoutés au contrat. Deloitte a ainsi dû examiner les déplacements remontant au début de 2009 ainsi que toutes les indemnités de subsistance entre janvier 2009 et septembre 2012.

Le sénateur conservateur n'a pas retourné, vendredi, les appels de La Presse Canadienne pour s'expliquer davantage. Son collègue libéral George Furey, qui était le vice-président du même comité, s'est aussi contenté du communiqué écrit.

«Les frais liés à ces vérifications doivent s'inscrire dans le contexte de la responsabilité publique et de la confiance», a écrit M. Furey.

L'opposition néo-démocrate porte un jugement plus sévère sur l'exercice.

«Bienvenue en Absurdistan», a lancé Alexandre Boulerice, en entamant une entrevue téléphonique.

M. Boulerice convient qu'une vérification était nécessaire, mais il se demande pourquoi s'être tourné vers une firme extérieure?

«Est-ce qu'il n'y avait pas des outils de la fonction publique qui auraient pu être utilisés pour faire cette vérification? Ç'aurait pu être les fonctionnaires du Sénat (...) ou peut-être le vérificateur général», a-t-il proposé.

«Pourquoi aller encore dépenser 500 000 $ des poches des contribuables? (...) Est-ce que les gens en ont eu pour leur argent? Peut-être pas.»

La Fédération des contribuables canadiens est encore plus sévère.

«Ce qu'ils voulaient, c'était de contrôler le moment où l'information serait rendue publique. Ils voulaient la voir avant. Ils croyaient qu'en embauchant une firme qui leur fasse rapport à eux, ils pourraient contrôler l'histoire», croit Gregory Thomas, directeur national de l'organisme.

«Et ce sont les Canadiens qui paient la facture», se désole-t-il.

À Calgary, le leader du gouvernement au Sénat n'a pas expliqué pourquoi il était essentiel que le travail soit fait par Deloitte. Mais il a assuré que l'enquête valait tout cet argent.

«Il y a beaucoup de travaux qui ont été faits. Entre autres, les analyses de données cellulaires, croiser cette information, ça a été un travail d'enquête important», a insisté Claude Carignan, en point de presse, dans les couloirs du congrès conservateur.

«Et c'est une des raisons pour lesquelles je demande des motions de suspension qui sont sévères, qui vont jusqu'à la fin de la session, c'est compte tenu des coûts aussi qui ont été engagés par le Sénat dans cette enquête-là», se justifie M. Carignan.

Le sénateur Duffy a remboursé 90 000 $, grâce à la générosité de celui qui était le chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright. Le sénateur Harb a remboursé 231 649 $ puis a démissionné du Sénat. Le sénateur Brazeau a refusé de rembourser 48 744 $ et le Sénat retient une partie de son salaire pour récupérer la somme.

Lundi, le Sénat reprendra le débat sur la suspension sans salaire des sénateurs Duffy, Brazeau et Wallin.

INOLTRE SU HUFFPOST

Pierre-Hugues Boisvenu

Les controverses du Sénat

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.