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« Moon Landing » : le nouveau voyage de James Blunt (VIDÉO)

« Moon Landing » : le nouveau voyage de James Blunt

MONTRÉAL - Il pleut encore un peu sur Montréal, mais le soleil semble vouloir se réveiller doucement avec l'arrivée du matin. Le chanteur James Blunt, lui, est déjà bien dans la lumière, participant à de multiples entrevues dans la suite royale d'un chic hôtel du centre-ville. Décontracté, avenant, confiant, le Britannique donne l'impression de vouloir laisser derrière lui les inquiétudes d'un autre temps. De passage dans la métropole québécoise pour présenter son nouvel album Moon Landing, il paraît tout heureux de jaser de la création de son nouvel opus, de sa carrière et de la vie.

James Hillier Blount, fin trentaine, s'est vu propulsé au sommet de la gloire en 2005 avec la sortie de son premier disque intitulé Back To Bedlam : le single You're Beautiful s'empare alors de la première place des palmarès dans de nombreux pays et fait de l'artiste une icône de la musique pop. Goodbye My Lover fera également des ravages. Dans ce tourbillon, il écoule quelque 11 millions d'exemplaires du disque devenant ainsi le plus grand succès des années 2000 en Grande-Bretagne, son pays d'origine.

All the Lost Souls (2007) connaîtra un succès plus modeste, mais non moins important. À Some Kind of Trouble (2010), le souffle manque un peu à James Blunt. Le succès commercial s'avère décevant (tout de même un million de copies vendues) et les critiques sont très mitigées. Dans la foulée, une rumeur laisse même présager une pause pour l'artiste, qui n'arrivera finalement jamais. Il faut admettre qu'avec 20 millions d'albums écoulés en 8 ans, un « échec commercial » dans le parcours de Blunt peut paraître très relatif.

Depuis la parution [le 22 octobre au Canada] de son quatrième album le 18 octobre 2013, Moon Landing, tout laisse croire que l'avenir de Blunt brille de nouveau. La chanson Bonfire Heart, sorte d'hymne folk à l'étincelle amoureuse, s'est hissée en quatrième place du palmarès anglais. L'album, quant à lui, est en ce moment numéro un en Allemagne et dans quelques autres pays, de l'aveu même du chanteur. Bref, James Blunt n'a pas fini de faire rêver. À son grand bonheur, on imagine.

Le romantisme

«Ce qui m'interpelle demeure très universel. La vie, la planète, la maison dans laquelle nous vivons et les humains, explique le chanteur. J'aime réfléchir à comment nous inventons et traversons notre monde comme individu, famille, couple ou encore comme société. Ce sont les thèmes qui me nourrissent pour l'écriture depuis trois ans. Je suppose aussi que les voitures et les montres ne sont pas pour moi une grande source d'inspiration!», lance-t-il en riant.

«J'écris également à propos des femmes, certes. Toutefois, je dirais que c'est de manière occasionnelle. Je pense que cette fois-ci les sujets sont plus variés, même s'ils conservent une connotation très romantique, pour la plupart. Pas nécessairement dans l'aspect de la relation amoureuse entre un homme et une femme, mais plutôt dans une vision plus grande, celui de la romance de la vie, du rêve. Mon esprit, tout comme ce disque, est rempli de nostalgie. Une nostalgie vivifiée par l'excitation du présent et l'espoir envers le futur [...] Le fait d'être en amour, d'avoir quelqu'un dans ma vie est bien entendu inspirant. Il faut juste trouver un équilibre. Et c'est ce que j'ai essayé de mettre en pratique sur le disque.»

Et bien que James Blunt considère Moon Landing comme le meilleur encodé qu'il ait produit en carrière, il ne s'attend guère à un succès monstre comme a connu Back To Bedlam.

«C'était un phénomène imprévisible, hors du commun. Je ne pense pas revivre ça un jour. Je crois malgré tout que Moon Landing est plus réussi, plus abouti. Il a de meilleures chansons, même s'il a été enregistré un peu de la même façon que le premier disque, qui était empreint d'innocence et de charme. Cela dit, You're Beautiful, par exemple, était une pièce très séduisante pour les ondes radiophoniques. À un degré que je n'ai jamais atteint de nouveau sur d'autres morceaux. Sa popularité a été tellement grande qu'elle a effacé en quelque sorte les origines de Back To Bedlam, qui provenait d'un monde indie. J'étais à cette époque un artiste indépendant, qui travaillait avec un label américain indépendant (Custard Records), un réalisateur indépendant (Tom Rothrock, qui a également réalisé le tout récent album de Blunt) qui collaborait avec d'autres artistes indépendants comme Beck, Elliott Smith et Badly Drawn Boy (sans oublier Moby, R.L. Burnside, Foo Fighters et bien d'autres). Ce ne sont pas une liste de gens qui se retrouvaient normalement à jouer partout dans les stations commerciales.»

Retour à l'authenticité

«You're Beautiful a néanmoins entrainé l'album dans un lieu dirty que l'on appelle le mainstream (au niveau de la masse, du populaire), renchérit James Blunt. Mais bon, c'est une réalité qui m'a propulsé dans une incroyable aventure. J'ai fait le tour du monde trois fois. J'ai pu faire un second album, lequel a été enregistré avec mon groupe de tournée. J'ai également été en mesure de me payer une grosse production, un magnifique studio et de nombreux musiciens pour Some Kind of Trouble (2010). J'ai adoré toute cette expérience. Mais j'ai réalisé au fil du temps que plus le projet est grand, plus le chanteur risque de se cacher derrière cette mégaproduction. J'écrivais [entre 2006 et 2010] aussi des chansons qui pouvaient, selon moi, remplir le Centre Bell. Pour se faire, ça semble plus facile d'engager un band, d'avoir l'attitude rock et de jouer fort. À cet égard, probablement que j'écrivais des chansons pour mon public. Pour plaire à mes admirateurs. »

« Au bout du compte, c'est peut-être plaisant, mais ce n'est pas aussi gratifiant qu'écrire des choses que j'ai besoin de raconter. Ces derniers temps, durant l'écriture des textes et des musiques, je me suis dit que ce serait plus authentique et plus satisfaisant d'aborder de nouveau les thématiques qui surgissent de vraies expériences de la vie. J'ai donc voulu m'ouvrir davantage. J'ai créé des pièces plus personnelles, sans le public en tête. C'était donc tout à fait pertinent de retourner à Tom, le réalisateur qui m'avait permis d'enregistrer un disque authentique à mes débuts. En studio, pour retrouver une certaine connexion avec le public, je chantais mes morceaux à Tom, à travers la fenêtre. »

Moins mélancolique et plus personnel, Moon Landing est porté par un nouveau style, ou disons plutôt une nouvelle approche qui rappelle de toute évidence Back To Bedlam. Bien qu'on ne peut crier au génie pour ce disque, il est appréciable de constater que Blunt a tenté (à vous de juger si la démarche vous semble véritablement honnête) de sortir de sa zone de confort des dernières années, tout en proposant toujours un folk-rock assez doux et poli. En effet, il a poussé le rythme un peu (comme sur Bones ou sur la seconde partie de Face To the Sun), tout en conservant cette voix de fausset romantico-mélancolique (Miss America, chantée un peu à la Elton John, Sun on Sunday, Blue on Blue) et cette voix rêvasseuse, langoureuse, voire traînante.

Ambiance générale si délicate et doucereuse, en fait, qu'on oublie presque que James Blunt s'est vraiment battu pour demeurer vivant dans cet univers privilégié des millionnaires de la musique populaire.

Depuis la sortie de son album, l'auteur-compositeur-interprète aurait proposé une vingtaine de concerts dans différentes villes de la planète. Une tournée mondiale officielle est d'ailleurs en branle. Impossible de faire autrement quand votre disque est numéro un en Allemagne, Suisse, Autriche puis dans le top trois des palmarès de plusieurs autres pays.

En ce qui concerne le Québec, James Blunt offrira ce soir une performance acoustique intime au Centre PHI de Montréal. Pour une prestation publique avec ses quatre musiciens, il faudra patienter.

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