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«Portraits retouchés» de Nathalie Petrowski : celle qui veut tout savoir

«Portraits retouchés» de Nathalie Petrowski : celle qui veut tout savoir
Ismaël Houdassine

Elle nous a donné rendez-vous à la cafétéria de La Presse. Petit chemisier violet et noir, Nathalie Petrowski arrive souriante avec son livre tout rose. Des couleurs tendres pour celle qui a longtemps été l'enfant terrible du journalisme culturel. Et elle ne peut s'empêcher de sortir de son rôle d'intervieweuse. Elle commence à questionner le journaliste, d'où viens-tu? Depuis combien de temps es-tu au Québec?

Mais aujourd'hui, c'est à son tour, c'est elle qui doit répondre aux questions. La célèbre journaliste vient tout juste de sortir un nouveau bouquin, Portraits retouchés. Un florilège d’entrevues publiées dans La Presse entre 2000 et 2013 qu'elle a annotées de détails, d'anecdotes parfois croustillantes. Certaines de ses entrevues ont été mémorables ou incontournables (avec Robert Charlebois ou Éric Lapointe notamment), elle revient aussi sur ces rencontres avec des disparus comme Gilles Carle, Alys Robi ou Claude Léveillé.

«Plusieurs entrevues ont été marquantes. J'en avais au moins 700. J'ai dû faire des choix, ça été déchirant. Mais je dirais que celle avec Chloé Ste-Marie me fait plaisir tout particulièrement. Je l'ai rencontrée à un tournant dans sa carrière. Elle a longtemps été la risée du public et des critiques. On l'a voyait comme une actrice de série B. Après, elle est devenue en quelque sorte une héroïne populaire», affirme Petrowski.

Dans son livre aussi, une section pas banale qui s'intitule «jamais plus». Elle publie les textes qu'elle a écrits sur certaines personnalités qu'elle ne voudrait plus revoir notamment James Ellroy (un enfoiré selon elle), Caroline Néron (avec laquelle elle n'a eu aucune chimie...) ou Isabelle Adjani (et son équipe envahissante).

L'incident Céline Dion

Mais surprise, Céline Dion se retrouve aussi dans cette catégorie. Elle reverrait volontiers la diva québécoise, mais elle ne le peut tout simplement pas. L'accès à Céline lui est dorénavant bloqué par son gérant et mari René Angelil. Ce dernier n'aurait pas apprécié un papier qu'elle a écrit en marge de la sortie de l'album de photos Miracle en 2004.

À cette époque, Petrowski avait rapporté un commentaire de Dion qui semble anodin en apparence. Lors d'un cocktail dans un hôtel new-yorkais, la chanteuse avait affirmé qu'elle était émue de revenir à l'endroit où son fils René-Charles avait été conçu. La journaliste avait relaté la chose et avait intitulé son texte : «la Chambre des miracles». Le lendemain, Angelil avait enguirlandé publiquement Petrowski croyant que cette dernière s'était moquée de la chanteuse.

Depuis ce temps, la journaliste de La Presse est devenue persona non grata dans l'entourage de Dion. Si la principale intéressée affirme être passée par-dessus l'incident, on sent encore un certain agacement.

«Et puis tant pis, ce n’est pas plus grave que ça. Quand c'est arrivé, et il m'a engueulé durant 20 minutes, j'aurais pu l'écrire, mais à l'époque j'avais décidé de ne pas le faire. Je me suis dit que ça aurait l'air d'un règlement de compte. Et Céline n'avait pas à payer pour le fait que René est un "bully"», lance-t-elle.

Le style Petrowski

En entrevue, Petrowski revient sur ses méthodes d'interview qui sont pour ainsi dire «old school» et guidées par l'intuition.

«Je prends seulement des notes écrites. Ça peut paraître désorganisé pour celui qui est interviewé, mais pas pour moi. Je vais à la pêche. Des fois, ça ne pogne pas. Mais après je reviens. Je saute du coq à l'âne. Mais je sais où je m'en vais», avance-t-elle.

Car Petrowski veut aller en arrière de l'image. Les entrevues de vente ou de plogue, très peu pour elle. La journaliste veut savoir, connaître les failles de la personne qui est en avant d'elle.

«C'est ce qui rend les êtres humains intéressants. Je veux pousser la recherche. Pour le lecteur, c'est passionnant de connaître les failles. Ça peut être décevant au premier coup, mais en même temps, c'est plus proche de la réalité et de l'authenticité. On ne doit pas toujours être dans un monde idéal», dit-elle.

Ses portraits toujours très descriptifs sont guidés par son instinct. Un sens journalistique d'exception qui fait d'elle cette grande intervieweuse.

«Je dois me tromper des fois sur les gens, mais pas tant que ça... Parfois, je leur donne des détails sur moi. Pour les aider. C'est une façon de les ouvrir davantage. C'est du donnant-donnant», croit-elle.

Et que retient-elle de toutes ses entrevues effectuées au fil de sa carrière de plus de 35 ans?

«Je pense que j'aime plus les gens que je le croyais», dit-elle en riant, les yeux tendres.

Portraits retouchés (2000-2013) de Nathalie Petrowski – Les Éditions La Presse – Parution, le 21 octobre 2013 – 311 pages.

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