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«Chasse au Godard d'Abbittibi» ouvre le 32e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (VIDÉO)

FCIAT: «Chasse au Godard d'Abbittibi» ouvre le bal (VIDÉO)
Christian Leduc

Le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) ne pouvait trouver meilleur film pour ouvrir sa 32e célébration. Chasse au Godard d'Abbittibi est un film profondément abitibien, tourné sur place, par un gars de la place avec pour personnages secondaires des gens du coin.

Ils étaient nombreux à défiler au lutrin pour les mots de bienvenue protocolaires samedi soir. Le vice-premier ministre François Gendron, le ministre Maka Kotto et les autres ont eu beau tester la patience des spectateurs, leur discours, mis bout à bout, a soulevé un fait indéniable : Rouyn-Noranda est une région qui a vu naître un nombre impressionnant d'artisans du cinéma, qui a forgé des cinéphiles aguerris, qui a transformé des travailleurs forestiers et miniers en passionnés de cinéma d'auteur. Éric Morin est un pur produit de la culture cinématographique qui a pris racine dans ce coin de pays. Le réalisateur, qui inclut parmi ses maîtres à penser les fondateurs du festival, a quitté la région pendant 19 ans pour mieux y revenir. Et c'est le film d'un homme qui a longuement réfléchi à son Abitibi pendant ses années montréalaises qu'on a l'impression de découvrir. Si l'Abitibi était un pays, le premier long-métrage d'Éric Morin en serait le porte-étendard. Rarement a-t-on vu une région aussi bien captée, racontée dans ses particularités et ses contrastes.

La référence à Jean-Luc Godard dans le titre fait écho au passage du cinéaste, en 1968, qui quittait l'agitation sociale parisienne et débarquait à Rouyn-Noranda, le temps d'une expérience de télévision politisée. De ce fait réel, à peine effleuré dans le film, Éric Morin tire une réflexion sur ce qui fait de l'Abitibi une région qui ne voit pas l'ombre d'une comparaison. En trame de fond, un jeune couple à la lisière d'un dilemme si propre à la jeunesse des petites villes : partir ou rester.

Au Théâtre du Cuivre, samedi soir, une bonne partie des 700 spectateurs a manifesté son plaisir de reconnaître voisins et amis, transformés ici en personnages d'un film à l'esthétique nouvelle-vague. Sophie Desmarais y est d'ailleurs magnifiée telle une Anna Karina du Nord. Quiconque s'est intéressé à la région sera interpellé par le portrait impressionniste, tout sauf explicatif, qu'en tire Éric Morin. On se demande par contre si les autres ne risquent pas de se sentir exclus de cette réflexion, voire indifférents devant ce film qui s'égare souvent de son histoire. Morin, qui a donné au magazine Mange ta ville son ADN esthétique, est un cinéphile érudit qui offre un premier film aux influences nombreuses et visibles. Gilles Carle est du lot. Chasse au Godard d'Abbittibi est un film fragile qui casse à de nombreuses reprises, mais qui ajoute assurément une pierre à l'édifice d'un style de cinéma québécois développé dans les années 1960 et qu'on avait peu vu depuis. Mais tout comme devant certains films de Godard, on peut avoir l'impression d'avoir été largué en chemin.

Chasse au Godard d'Abbittibi prend l'affiche le 1er novembre. Il est réalisé par Éric Morin et met en vedette Alexandre Castonguay, Sophie Desmarais et Martin Dubreuil.

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